Le Sénat brésilien a adopté, mardi, un projet de loi permettant au gouvernement de prendre des mesures de rétorsion contre les restrictions commerciales visant les produits brésiliens à l’international.
L’adoption du texte intervient à la veille de l’annonce par le président américain Donald Trump de droits de douane réciproques sur les importations en provenance de pays appliquant des taxes sur les produits américains.
Le texte, validé à l’unanimité par la Commission des Affaires économiques, est directement soumis à la Chambre des députés sans passer par un vote en plénière. Il prévoit des mesures contre les pays ou blocs économiques dont les politiques commerciales nuisent à la compétitivité brésilienne et confère au Conseil stratégique de la Chambre de commerce extérieure (Camex), rattaché à l’exécutif, la possibilité de restreindre les importations après une phase de dialogue.
« Il ne s’agit pas d’une loi contre les États-Unis, mais d’un dispositif visant à protéger les produits brésiliens face à des restrictions excessives », a souligné la sénatrice Tereza Cristina, rapporteuse du projet.
Le président de la Commission des Affaires économiques, Renan Calheiros, a estimé que le texte offrait à l’exécutif les outils nécessaires pour répondre aux décisions commerciales susceptibles d’affecter les exportations brésiliennes.
« Ce projet constitue une réponse légitime aux nouveaux droits de douane américains. Nous ne légiférons pas pour adopter systématiquement la réciprocité, mais si le gouvernement souhaite l’appliquer, il disposera désormais du cadre juridique adéquat », a-t-il déclaré.
À l’origine, le projet de loi visait à répondre aux restrictions imposées par l’Union européenne sur les importations en provenance de pays ne respectant pas certains critères environnementaux.
Le texte permet ainsi au gouvernement brésilien d’appliquer des mesures de réciprocité dans le cas où des exigences environnementales unilatérales seraient plus contraignantes que les normes en vigueur au Brésil.
Selon la sénatrice Tereza Cristina, ces règles européennes relèvent du protectionnisme et pénalisent particulièrement les exportations agricoles brésiliennes.
« L’UE profite de l’impasse du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour imposer ses standards environnementaux à certains pays. Ce n’est pas une véritable « loi anti-déforestation », mais un dispositif qui alourdit les obligations de traçabilité des produits, rendant les exportations vers l’Europe plus coûteuses », a-t-elle écrit dans son rapport.
La presse brésilienne a rapporté, mardi, la publication d’un rapport du Bureau du représentant américain au Commerce critiquant la politique tarifaire du Brésil, notamment en matière de droits de douane appliqués à une large gamme de produits.
Ce document, où le Brésil est mentionné sur six pages, dénonce les taxes imposées sur des produits tels que l’éthanol, les films américains, les équipements de télécommunications ainsi que les machines et matériels industriels. Il fustige également les préférences accordées aux producteurs nationaux dans plusieurs secteurs.