Nous allons demander réparation pour le préjudice subi et pour l’atteinte à l’image de notre marque. Nous avons confiance en la justice», a fait savoir Saïd Elbaghdadi, directeur général d’Afriquia SMDC

Par- Wadie El Mouden

La polémique sur le pétrole russe n’est pas près de s’éteindre. Cible privilégiée des attaques sur les réseaux sociaux, la société Afriquia SMDC clame sa non-implication dans l’importation de ce carburant, et compte bien mettre fin aux accusations qui prolifèrent sur les réseaux sociaux et qui pèsent sur son image.

«Nous constatons que des personnes s’amusent à publier des vidéos diffamatoires et mensongères à propos d’Afriquia.

Nous ne comprenons pas leurs intentions. Nous allons recourir à la justice et porter plainte contre certaines de ces personnes, et nous continuerons le faire jusque’à ce que ces pratiques cessent.

Nous allons demander réparation pour le préjudice subi et pour l’atteinte à l’image de notre marque. Nous avons confiance en la justice», a fait savoir Saïd Elbaghdadi, directeur général d’Afriquia SMDC, dans une déclaration pour Le360.

Le patron de la filiale du groupe Akwa rejette ainsi formellement les rumeurs selon lesquelles sa société aurait importé du gasoil de Russie. «Afriquia n’a pas importé une seule goutte de gasoil russe, ni directement ni indirectement», insiste Elbaghdadi tout en rappelant que, d’un point de vue légal, l’importation de carburant russe n’est pas interdite au Maroc.

Pourquoi alors Afriquia n’a-t-elle pas profité jusqu’ici de la brèche ouverte, pour importer du carburant provenant de Russie, réputé moins cher que celui acheminé d’autres pays.

Nous allons recourir à la justice et porter plainte contre certaines de ces personnes

Elbaghdadi attribue ce fait à une simple contrainte liée aux moyens de paiement. «Afriquia n’a pas la possibilité ni le moyen de payer du pétrole et du carburant russes. Nous voudrions bien le faire et nous y travaillons.

Le jour où cela sera possible, nous n’hésiterons pas à le faire et à répercuter le différentiel de prix au bénéfice des consommateurs», a-t-il précisé.

Concrètement, pour acheter du gasoil russe, tout importateur doit envoyer virements et lettres de crédit à partir des banques marocaines à destination de la Russie.

Mais pour cela, ces dernières doivent passer par leurs correspondants à l’étranger, dont la quasi-totalité se trouve en Europe.

Et au vu des sanctions appliquées par les pays européens à l’encontre de la Russie, de l’interdiction qui est faite aux entreprises européennes d’acheter ou vendre du pétrole russe et aux banques européennes d’opérer des transactions avec le système bancaire russe, l’argent ne pourra jamais arriver à destination.
Les compagnies qui parviennent à le faire, essentiellement des multinationales, passent généralement par d’autres canaux, éventuellement des comptes ouverts ailleurs qu’en Europe.

Le président de la Commission des finances au Parlement, Mohamed Chaouki, avait cité récemment le cas de Shell (représenté au Maroc par Vivo Energy), qui aurait accès à une telle possibilité.

Moins cher, mais…

En réponse à une question écrite à la Chambre des Représentants, la ministre de l’Économie et des Finances Nadia Fettah Alaoui avait indiqué que les données de l’Administration des douanes et des impôts indirects montraient que la part des importations de gasoil russe était de 9% en 2020, avant de chuter à 5% en 2021, pour remonter derechef à 9% en 2022.

Cela signifie que le marché marocain est approvisionné à hauteur de 91% par des carburants provenant d’autres pays que la Russie.

Cette faible proportion de carburant russe sur notre marché explique d’ailleurs que l’impact de ses cours inférieurs n’est pas visible sur les prix à la pompe.

Interrogé sur les sources d’approvisionnement d’Afriquia, son DG affirme que «la rationalité logistique voudrait qu’on importe nos carburants essentiellement de pays du pourtour méditerranéen et du Moyen-Orient, notamment d’Italie, d’Espagne et d’Arabie saoudite».

Et de préciser que le gasoil russe est certes moins cher à l’achat, mais que le différentiel de prix n’est pas si important, comme le prétendent certains.

«Il existe certes une petite différence de prix, à laquelle nous voudrions bien accéder.

Notre première préoccupation est de répondre aux attentes du consommateur marocain, et des clients qui s’approvisionnent dans les stations Afriquia, aussi bien en termes de prix que de qualité et de service», soutient Elbaghdadi.

«Nous mesurons le poids que représente la hausse des prix des carburants pour les consommateurs.

Et dès que nous arriverons à importer de la marchandise moins coûteuse, nous n’hésiterons pas une seule seconde à répercuter instantanément la différence sur les prix dans nos stations, ajoute-t-il. C’est ce que nos clients attendent d’une marque comme Afriquia, qui existe depuis 64 ans».

source:le360