Par-Nadia.B(le12.ma/fr) 

L’Alliance des économistes istiqlaliens exhorte l’Exécutif à profiter du projet de loi de Finances 2021 pour programmer des actions ciblées afin de soutenir les operateurs économiques, préserver le pouvoir d’achat des ménages et préparer l’avenir.

 

L’Alliance des économistes istiqlaliens tire la sonnette d’alarme. Elle estime que l’Exécutif ne rassure pas bien que les grands axes d’un plan de relance, doté d’une enveloppe de 120 milliards de dirhams, aient été annoncés par le Roi à l’occasion du dernier discours du Trône. «Le gouvernement ne réagit pas avec la vigueur et le volontarisme nécessaires pour endiguer la crise sans précédent que travers le Maroc», considère-t-elle. 

Elle exhorte ainsi l’Exécutif à profiter du projet de loi de Finances 2021 pour programmer des actions ciblées afin de soutenir les operateurs économiques, préserver le pouvoir d’achat des ménages et préparer l’avenir.

Ce sont, selon l’AEI, les trois principaux axes que le PLF 2021 devrait intégrer. Elle appelle ainsi le gouvernement à adopter 10 mesures.

La sauvegarde des entreprises

Pour le premier axe relatif a la sauvegarde des entreprises et la protection de l’emploi, l’AEI insiste sur l’importance de l’investissement public, productif et générateur d’emploi et ce «principalement via l’investissement de l’Etat, des collectivités locales et des entreprises publiques dans des projets directement productifs de valeur et créateurs d’emplois durables ; le sauvetage des entreprises, notamment TPE, en difficulté, tout en facilitant les réformes en cours, ainsi que le recours systématique à la préférence nationale». Elle fait aussi la part belle au soutien des entreprises et secteurs en difficulté.

Et ce, en demandant au gouvernement d’exonérer (et amnistier le cas échéant), de tous droits et taxes, les apports des associés pour augmenter les fonds propres de leurs entreprises et d’accorder aux repreneurs des entreprises en difficulté les mêmes avantages que ceux accordés aux nouveaux investisseurs et simplifier les procédures de cession. En plus de la programmation d’une aide aux artisans leur permettant de financer leur cycle d’exploitation, leur donner l’accès à « Intilaka », au même titre que les start-ups. L’AEI appelle également le gouvernement à prévoir des programmes intensifs d’encouragement des TPE. Pour ce faire, le gouvernement est appelé a accélérer le processus d’attribution du statut d’auto-entrepreneurs et permettre à ces derniers d’embaucher des salariés apprentis ; et ce tout en favorisant l’accès des TPE aux marchés publics moyennant la garantie CCG et réduire les délais de paiement de leurs créances. En outre, l’AEI propose d’accélérer l’opérationnalisation des missions attribuées à la Société Nationale de Garantie et de Financement de l’Entreprise (ex CCG), particulièrement l’accompagnement et l’assistance technique aux TPE et l’inclusion financière des opérateurs non éligibles au crédit bancaire. La mise en œuvre des nouvelles missions des CRI leur permettant de soutenir les PME et TPE n’est pas en reste. Et ce, sans que le gouvernement ne perde de vue l’encouragement de la régularisation des activités et emplois informels, moyennant une amnistie fiscale et sociale et l’accès aux programmes de financement en cours. 

Comment protéger le pouvoir d’achat des ménages?

Pour ce qui est de l’axe portant sur la protection du pouvoir d’achat des ménages, l’AEI insiste sur le lancement rapide des de la couverture sociale généralisée, en adoptant des actions urgentes dont notamment l’instauration de la contribution professionnelle unique (CPU), pour les forfaitaires et auto-entrepreneurs et permettre à leurs enfants d’accéder systématiquement aux bourses sociales d’études ainsi que la mise en œuvre de l’Indemnité pour perte d’emploi au profit des victimes de la crise Corona et en profiter pour régulariser la situation des salariés non déclarés.

Ceci, en plus de la réactivation de la promotion nationale et le lancement des chantiers d’utilité publique, bien définis, dans les communes rurales et urbaines ainsi que la relance de l’accès au logement en octroyant des exonérations aux acquéreurs : TVA sur intérêts des crédits au logement, droits d’enregistrement et conservation foncière. S’y ajoutent l’élargissement et le relèvement de la valeur des tranches de l’IR pour réduire la pression fiscale sur les moyens et faibles revenus ; la déduction de la base imposable au titre de l’IR, des dépenses destinées à l’éducation des enfants; et l’exonération de TVA toutes les dépenses de santé (actes médicaux et médicaments éligibles à l’AMO), notamment ceux concernant le traitement des maladies chroniques

La préparation de l’avenir

Concernant le troisième axe relatif à la préparation de l’avenir, l’AEI préconise d’entamer la nécessaire transition écologique, aux niveaux national, régional et local, en réservant une part significative des investissements publics à des secteurs ayant un effet d’entrainement économique, social et environnemental immédiat, et ce notamment à travers le lancement des projets de l’Autoroute de l’eau et d’introduction du Gaz Naturel Liquéfié et l’appui des collectivités territoriales pour améliorer les déplacements urbains selon des schémas directeurs privilégiant la mobilité durable et incluant l’amélioration des infrastructures routières, la construction de pistes cyclables et des parkings.

En plus du développement de filières formelles et organisées de gestion et de recyclage des déchets avec l’application du principe du pollueur payeur. Ce n’est pas tout. Les économistes istiqlaliens proposent d’accélérer la digitalisation des foyers, des entreprises et des services publics et d’adapter l’organisation de l’État aux enjeux du digital. Pour eux, «l’effort budgétaire doit essentiellement chercher à créer l’identité digitale du citoyen, a digitaliser les services publics aux niveaux de l’Etat et des collectivités territoriales, ainsi que les flux de données entre les différentes administrations (Open Data) et à mettre en place des guichets uniques e-Gov, agissant comme interface entre le citoyen et les e-services de l’Etat». Dans cette même lignée, ces économistes insistent sur la modernisation de l’éducation en faisant du digital un levier de réduction des inégalités territoriales. Pour ce faire, des mesures sont à privilégier telles l’accélération de la réforme pédagogique des systèmes scolaire et universitaire en s’appuyant sur le digital et l’intégration de ’enseignement du numérique (cours d’informatique et de codage) dans les programmes d’éducation, dès le primaire, pour accélérer la transition numérique de l’école. Et ce, tout en finançant un large programme de formation et de reconversion des jeunes diplômés à la programmation pour se préparer aux besoins actuels et futurs du marché de l’emploi. Par ailleurs, l’AIE n’a pas négligé le volet sécurité sanitaire et l’égalité de l’accès des citoyens marocains aux soins. C’est pourquoi, elle appelle à la budgétisation de certaines actions se rapportant principalement à la mise en œuvre d’une stratégie de prévention contre les maladies chroniques et virales, le soutien d’une politique pharmaceutique garantissant la qualité et la disponibilité des médicaments, des produits de santé et de vaccins stratégiques et la mise en place une stratégie de formation visant à combler le déficit en cadres de santé de 50%.