Casablanca – le12

Le secteur des sports au niveau de la ville de Casablanca, premier pôle sportif du Royaume, a enregistré un certain recul lié à un ensemble de facteurs qui ont contribué à la dégradation de plusieurs disciplines sportives qui faisaient le bonheur et la gloire des Bidaouis.

Depuis l’indépendance, la ville de Casablanca a abrité plusieurs clubs et a donné naissance à de grands noms sportifs dans les domaines du Football, Basket-ball, Judo, Hand-ball, pétanque, natation et athlétisme.

L’histoire de cette ville restera marquée à jamais par les clubs du Raja de Casablanca (RCA) et le Wydad de Casablanca (WAC) au niveau du Football, outre La Rabita de Casablanca (handball) et l’association islamique d’Ain Chock coté basket-ball.

Ainsi, débattre de l’histoire du sport au niveau de la métropole est strictement lié aux actions de la résistance et de la lutte pour l’indépendance du Maroc et la naissance du mouvement national au début des années 30.

Interrogé à ce sujet, le journaliste Houcine Laâssibi, un grand connaisseur de l’histoire de la ville, estime que la pratique du sport au sein de clubs s’inscrivait dans le cadre des actions de l’Armée de libération pour motiver les jeunes et renforcer l’esprit du patriotisme chez eux, expliquant dans un entretien à la MAP que la mémoire sportive de la ville de Casablanca se répartit en deux grandes phases.

La première période a été marquée notamment par la création du WAC (1937), le RCA (1949), le Tihad Athletic Sport (TAS/1947), l’équipe de la COSUMAR et d’autres équipes à l’ancienne médina, telle Mouloudiya de Boutwil créée par le martyr Mohammed Zerktouni, Fath Derb Sultan, et Annajm Lbidaoui, explique le journaliste.

Chaque club de la ville trouve ses origines au sein de rassemblements ouvriers, relève M. Laâssibi, ajoutant que le WAC s’identifie à l’ancienne médina, l’équipe du TAS est lié à Hay Mohammadi (classe ouvrière de Ain Sbaâ), le RCA à Derb Sultan (zone commerciale), outre l’Étoile jeunesse sportive de Casablanca qui représente la zone Derb Ghalef, une zone ouvrière marquée par des activités liées à l’agriculture, au secteur ferroviaire et à l’électricité.

Durant cette période, le Foot n’était pas le seul sport de masse à Casablanca, il y avait aussi d’autres sports qui se pratiquaient notamment à l’espace la casablancaise comme la course à vélo, le Basket-ball et le Hand-ball.

Vient ensuite la période post-indépendance où la pratique sportive a été renforcée de manière progressive et a permis à la métropole d’être représentée à la première division du championnat national par 4 clubs.

Outre le Foot, la ville a connu plusieurs clubs qui ont marqué son histoire, notamment le club de l’Association islamique d’Ain Chock qui a été le club le plus important au niveau national à côté du MAS, de l’ASS, du FUS, de l’Itihad de Tanger et de l’équipe d’Essaouira.

L’autre genre sportif qui a marqué l’histoire de la ville est le Hand-ball grâce au club “Rabita Bidaouia”.

Ce rayonnement n’a pas été préservé à cause du recul enregistré dans plusieurs sports, à l’exception du Football, grâce aux bonnes prestations du WAC et du RAJA aux niveaux national et continental.

Cette régression, ajoute M. Laâssibi, interpelle les responsables sur la nécessité de promouvoir le secteur sportif et retrouver le temps perdu où la ville regorgeait de plusieurs clubs à des niveaux professionnels.

Dans ce contexte, il s’intérroge sur l’absence à Casablanca de structures sportives de proximité telles des piscines, des terrains de handball, de volley-ball et de basketball, alors que la ville est l’une des plus importantes du Royaume.

Et d’ajouter que les espaces sportifs de proximité constituent une pépinière pour de futurs champions dans différentes disciplines et contribuent à la formation, l’encadrement et l’orientation des jeunes pour les diriger vers des horizons prometteurs.

Investir dans ces espaces, ajoute-t-il, contribuera à la diminution des budgets alloués à la lutte contre les maladies et le crime, puisque les jeunes vont consacrer leurs énergies aux activités utiles et fructueuses.

Pour M. Laâssibi, l’échec des conseils élus dans la gestion du secteur du sport, lors des dernières années, a malheureusement contribué à la dégradation de ce secteur.

Pour sa part, le président de la Ligue marocaine des journalistes sportifs, Abdellatif Moutawakil, a indiqué que la situation actuelle des disciplines sportives dans la ville n’est pas justifiée ni acceptée.

Dans une déclaration similaire, M. Moutawakil rappelle que le sport rayonnait dans la métropole, même si les moyens étaient très limités, notant que plusieurs joueurs de basketball, de handball, de Rugby, d’athlétisme et de voley-ball venaient du sport scolaire.

Pour lui, la responsabilité est partagée entre toutes les composantes du mouvement sportif bidaoui, les conseils élus et les autorités locales, outre les gouvernements qui se sont succédés et qui n’ont pas dédié une partie de leurs programmes aux plans de développement du sport.

Si la loi 30/09 mettait l’accent sur l’unité du club et les sociétés sportives et a donné l’espoir d’organiser la scène sportive, de créer les équilibres nécessaires et d’accorder l’intérêt nécessaire à toutes les disciplines, c’est le contraire qui s’est produit et on s’est retrouvé face à des disciplines isolées, ce qui a causé la disparition graduelle de plusieurs d’entre elles.

Il a également souligné que les grands clubs tels le RCA et le WAC n’ont pas respecté leurs engagements à l’égard des autres disciplines (basketball, handball, volleyball, athlétisme et natation) et ne jurent que par le Foot.

Cette situation nous interpelle tous, lance M. Moutawakil pour qui il est primordial de s’orienter vers le sport scolaire pour reconstituer la base, élément déterminant pour un bon départ, adopter des plans ambitieux, appuyer les associations, donner la priorité aux genres sportifs délaissés et renforcer l’unité du club.

La préservation de la mémoire sportive de Casablanca passe par la mise en place de plans ambitieux en vue de relancer tous les genres sportifs au profit des jeunes talentueux de la métropole.