Après une année 2022 jalonnée de succès, 2023 s’annonce encore plus prometteuse pour l’industrie aéronautique nationale, Les industriels seraient même en train de poser les jalons d’une rupture stratégique désignée comme la phase II du développement de ce secteur qui évolue à la vitesse grand V.

Tout au long de la première phase, entamée dès l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a édifié une plateforme de classe mondiale à l’heure où l’aéronautique était – et est encore – la chasse gardée des puissances économiques. Un rêve de grandeurs que le Maroc s’est donné les moyens de réaliser.

Vingt ans plus tard, la plateforme marocain de l’industrie aéronautique n’est plus à présenter et la Technopole de Nouaceur devient la cible de croissance privilégiée des plus grands noms de l’industrie mondiale. Un succès tel, que le Maroc est devenu le principal exportateur de fournitures, pièces et composants aéronautiques du continent africain.

2022 en chiffres …

Aujourd’hui, le secteur aéronautique compte à son actif 142 entreprises en expansion continue générant 20.000 emplois hautement qualifiés et un chiffre d’affaires (CA) de 2 milliards de dollars (M$). Avec un taux d’intégration locale de plus de 40%, la plateforme marocaine marque une montée en capacité et participe de manière spectaculaire au développement du commerce extérieur.

En 2022, les exportations de ce secteur global, si exigeant en matière de qualité, de formation, et de confiance des donneurs d’ordres, se sont élevés à 21,27 milliards de dirhams (MMDH), contre 15,83 MMDH en 2021, soit une progression de 34,4%, ce qui fait de l’aéronautique l’une des industries qui connaissent la plus forte croissance à l’export.

Dans le détails, les exportations d’assemblages se sont établies à 14,48 MMDH en 2022, contre 10,66 MMDH en glissement annuel (+35,8%), alors que les ventes de système d’interconnexion de câblage électrique (EWIS) ont représenté 6,69 MMDH l’année dernière, versus 5,08 MMDH en 2021.

Une success story nommée Nouaceur !

La success story de l’industrie aéronautique nationale n’aurait pas été possible sans la Vision Clairvoyante et proactive du Souverain. Très tôt, le Maroc a choisi d’inscrire son économie sur la voie des métiers mondiaux à forte valeur ajoutée à l’instar de l’automobile et de l’offshoring.

La mobilisation des industriels ne s’est pas faite attendre, et celle des grandes firmes internationales non plus, persuadés du le pragmatisme d’un Maroc nouveau et de sa volonté résolue de se moderniser. C’est l’exemple de Safran, Boeing, Airbus, Bombardier et Sabca pour ne citer que ces “big players” qui ont jeté leur dévolu sur le Maroc convaincus des opportunités que le pays offre aux investisseurs.

Pour satisfaire ses ambitions d’acceleration industrielle et d’ouverture sur le monde, le Royaume s’est activement employé à ériger un véritable écosystème intégré et dynamique au niveau de la province de Nouaceur, à proximité immédiate de l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

Tout commence en 1999, lorsque Royal Air Maroc et Safran s’allient pour créer “Safran aircraft engines services Maroc” pour la maintenance et la réparation des moteurs. Cette joint-venture, déclinée en 8 filiales employant aujourd’hui 3.300 personnes, a confirmé la capacité du Maroc à développer le savoir-faire dans ce domaine, avec des techniciens qualifiés et certifiés.

C’est la signature pour la création de la Zone Franche Industrielle “MIDPARC” intervenue en 2001, qui déclenche effectivement l’envol du cluster aéronautique de Nouaceur. Le site propose alors aux sociétés exportatrices une variété d’avantages concurrentiels en matière d’investissement et de coûts logistique, fiscal, douanier et de main d’œuvre.

En 2006, le Groupement des Industries Marocaines Aéronautiques et Spatiales (GIMAS) voit le jour dans l’objectif de fédérer, représenter et défendre les intérêts des industriels. Le Groupement s’assigne également comme mission d’élaborer les stratégies majeures dans le cadre du plan d’accélération industrielle visant le développement des écosystèmes aéronautiques existants et l’émergence de nouveaux métiers.

Aujourd’hui, l’aéropole abrite quelque 140 entreprises opérant en synergie dans divers métiers de la chaîne de valeur de l’industrie aéronautique. Fortement intégré dans les activités d’assemblage, de maintenance, réparation et de câblage, le Maroc s’attache à capter de nouveaux écosystèmes locomotives à forte valeur ajoutée tels que la propulsion et la composite.

Parallèlement, les industriels se lancent le défis d’intervenir sur de nouveaux programmes plus technologiques confiés par les donneurs d’ordres et de développer de nouveaux métiers plus complexes dans les domaines du spatial, de la défense, de la sécurité, de l’avionique, des cabines intérieures, et des services.

Pour accompagner l’essor du secteur et l’activité soutenue de ses opérateurs, la Technopole de Nouaceur s’est dotée de l’Institut des Métiers de l’Aéronautique (IMA), afin de répondre aux besoins des industriels en ressources humaines hautement qualifiées.

Opérationnel depuis 2011, le campus continue de jouer un rôle déterminant d’attractivité et de développement de l’industrie aérospatiale marocaine en proposant des formations pointues et personnalisées en fonction des besoins des entreprises.

2023, l’année de la disruption

Forte de son expérience et de la détermination de ses acteurs, l’industrie aéronautique marocaine a parcouru du chemin et s’apprête à embarquer dans un nouveau tournant de son histoire.

C’est ce qu’a confié au micro de la MAP Hamid Benbrahim El Andaloussi, l’un des artisans de l’émergence du secteur, qui prévoit, en 2023, une disruption en matière d’intégration avec l’impulsion de nouveaux acteurs et l’implémentation de nouveaux métiers.

Selon le président honoraire du GIMAS, l’ensemble des acteurs sont mobilisés pour la transition à ce que nous pourrions appeler la phase II de l’aéronautique. “Nous travaillons en bonne intelligence avec les différents départements concernés pour passer à la vitesse supérieure et développer de nouveaux écosystèmes”, a déclaré M. Benbrahim El Andaloussi, également président du MIDPARC et de l’IMA.

Les objectifs sont clairs pour celui qui a été témoin et protagoniste de la naissance de l’aéronautique au Maroc. Après avoir gagné en maturité, l’industrie nationale devrait poursuivre son positionnement sur l’échiquier aéronautique mondial par l’attraction de nouveaux acteurs de référence, notamment américains, canadiens, anglais et allemands.

La diversification de partenaire permettra de développer de nouvelles activités à haute valeur ajoutée, mais aussi d’attirer des industries connexes de l’aéronautique comme la défense et la sécurité, a précisé M. Benbrahim El Andaloussi, notant, par ailleurs, qu’en matière de financement, l’objectif est d’ouvrir le capital des sociétés majoritairement étranger aux investisseurs marocains.

Le développement durable n’est pas en reste dans cette nouvelle stratégie qui accorde une place importante à la décarbonation de l’industrie et à la consolidation des acquis d’inclusion des femmes à l’emploi et de promotion du capital humain, ressort-il de sa déclaration.

En plus de sa volonté affichée “d’aller plus vite, plus haut et plus fort”, à la façon de la devise olympique, l’industrie aéronautique marocaine ne manque pas de détermination et se veut dans les prochaines années “plus intégrée”, “plus propre” et “plus inclusive”, comme dirait M. Benbrahim El Andaloussi.

Et de conclure: “le Maroc est résolument une base essentielle, incontournable, compétitive et à haute valeur ajoutée dans le domaine de l’aéronautique (…) les astres sont plus que jamais alignés pour un développement aussi bien quantitatif que qualitatif de notre industrie”.

Par Zin El Abidine TAIMOURI.