Genève – le12
Le Conseil des Droits de l’homme (CDH) à Genève a tenu lundi un débat interactif avec la mission d’enquête de l’ONU sur la Libye (FFML), présidée par Mohamed Auajjar, dans le cadre de la 45è session du Conseil.
Dans une allocution lors de ce débat, marqué par des interventions des délégations représentant plusieurs pays et organisations internationales, M. Auajjar a indiqué que la FFML veillera à ce que tous les auteurs présumés des crimes et violations des droits de l’homme dans ce pays rendent compte de leurs actes dans le respect des strictes normes d’impartialité et d’indépendance.
“En créant la FFML, le Conseil des droits de l’Homme (CDH) a envoyé un signal important aux innombrables victimes en Libye que leur sort n’est pas oublié et que la communauté internationale les soutient, dans la quête de justice et de responsabilité. Nous ne pouvons pas les laisser tomber”, a affirmé M. Aujjar.
Intervenant par vidéoconférence, la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général de l’ONU et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye, Stephanie Turco William, s’est réjouie “des développements positifs, notamment dans le processus de paix, et une désescalade du conflit” dans ce pays.
Evoquant la situation des droits de l’homme en Libye, elle a rappelé, qu’en juin, “les forces armées libyennes et leurs soutiens qui se retiraient de Tripoli avaient laissé derrière eux des pièges, des mines et des engins explosifs improvisés, faisant de nouveaux morts et blessés parmi les civils et mettant en danger le personnel de sécurité chargé de déblayer ces engins mortels”.
L’une des illustrations les plus frappantes de l’horreur du conflit libyen a été la découverte de fosses communes, a-t-elle dit, notant que les Nations Unies ont appelé à une enquête approfondie et transparente et à ce que les auteurs soient traduits en justice.
“L’établissement des responsabilités dans les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire est le seul moyen de garantir la justice ainsi qu’une paix durable en Libye”, a-t-elle dit.
Le représentant de la Libye, Tamim Baiou, a relevé, pour sa part, que les Libyens n’avaient pas pleinement joui de leurs droits depuis 50 ans et ils considèrent la démocratie comme la seule voie à suivre. Ils souhaitent voir des programmes de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de réforme du secteur de la sécurité couronnés de succès, a-t-il dit.
Les ressources du pays sont hors de portée des Libyens et sont devenues la cause d’une guerre par procuration, a-t-il ajouté.
D’autres intervenants ont réaffirmé l’importance de la voie démocratique en Libye, se félicitant de la nomination rapide des membres de la Mission d’établissement des faits. Certains orateurs ont souligné que la mission a une tâche énorme devant elle et qu’il était essentiel de lui assurer les fonds, le personnel et le temps nécessaires pour s’acquitter de son mandat.
Dans une allocution de circonstance, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc à Genève, Omar Zniber, a indiqué que le Royaume se félicite de la mise en place d’une mission d’enquête indépendante sur la Libye dont le mandat ne se limite pas seulement à établir les faits, mais aussi faire des recommandations pour éliminer toute violation des droits de l’homme dans ce pays frère.
Il a fait observer que neuf ans après le déclenchement de la crise en Libye, la situation sécuritaire et humanitaire continue de se détériorer en raison de l’ingérence étrangère, notamment militaire, affirmant que le Maroc considère que cette crise ne peut qu’être résolue que dans le cadre d’une solution politique qui doit être décidée par les Libyens eux-mêmes, loin de toute ingérence et agenda extérieurs.
Le Royaume qui a accueilli la réunion de Skhirat, avec le soutien de la communauté internationale, reste déterminé à offrir un cadre neutre de dialogue entre les parties libyennes. Sur cette base, le Maroc a accueilli au cours du dernier mois de septembre à Bouznika, des réunions entre les parties libyennes qui ont abouti à un compromis important sur les mécanismes et critères de nomination aux postes souverains.
“Fort de ce succès, un nouveau cycle de dialogue est en cours pour progresser sur cette voie et préparer le terrain à un processus de règlement politique global à même de mettre fin à des années de chaos”, a-t-il ajouté.
De son côté, Tracy Robinson, membre de la mission d’enquête sur la Libye, a souligné l’importance de lutter contre les violations commises par tous les acteurs.
Quant à Chaloka Beyani, également membre de la FMML, il a déclaré que la mission d’enquête rassemblerait des faits et des preuves sur les violations et leurs auteurs, et les partagerait avec la Cour pénale internationale, estimant qu’un processus de paix centré sur les droits est essentiel et sera au cœur de la collaboration de la Mission d’établissement des faits avec la Mission d’appui des Nations Unies en Libye.