Il fallait bien que le chef de la diplomatie sorte pour répondre aux inepties colportées par son homologue algérien au sujet du conflit saharien.

Le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, vient d’en prendre pour son grade. Deux jours après l’appel de ce ministre algérien en faveur de négociations “directes et sérieuses” entre le Maroc et le mouvement séparatiste du Front Polisario au sujet du conflit autour du Sahara marocain, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a saisi l’occasion de l’inauguration, ce lundi 5 avril 2021, du tout nouveau consulat sénégalais de Dakhla pour lui rétorquer en déclarant que le Maroc y est ouvert, mais ceci dit “avec Alger, car la vraie partie du conflit est l’Algérie”. “S’il y a une volonté sérieuse de la part de la vraie partie au conflit, le Maroc est disposé à l’ouverture des pourparlers,” a-t-il confié.

Un message qui renvoie à la “main tendue” en novembre 2018, à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche verte, par le roi Mohammed VI à l’Algérie pour la mise en place d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation, cependant que celle-ci avait alors balayé, par la voix d’une source autorisée citée par le média électronique Tout sur l’Algérie (TSA), une “offre” qu’elle avait qualifiée de “douteuse dans sa forme et suspecte de par son contenu” et de “non-événement”.

 

Emissaire onusien

Le Souverain était également revenu à la charge, dans son discours du Trône du 30 juillet 2019, en évoquant la “foi profonde dans la communauté de destin” du Maroc, roi et peuple, et l’on comprend donc, du moins à partir de la sortie de M. Bourita, que la proposition marocaine reste toujours d’actualité. Ce dernier a, en outre, également abordé la question de la nomination du nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Sahara marocain, révélant notamment que le Maroc avait donné son aval au dernier candidat proposé et qui, comme l’avait indiqué Maroc Hebdo dans son édition quotidienne du 2 avril 2021, n’est probablement autre que l’ancien ministre d’État portugais des Affaires étrangères, Luis Amado.

Lequel M. Amado ne semble cependant pas avoir les faveurs de la junte algérienne en raison de propos qu’il avait tenu en avril 2007, à l’occasion de la XIXème session de la réunion de haut niveau maroco-portugaise, en faveur de l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie. De même que l’ancien Premier ministre roumain, Petre Roman, s’était vu rejeter pour avoir tenu des déclarations à l’avenant en marge de sa participation, en mars 2018 à Dakhla, à la quatrième édition du Forum Crans Montana.

“Qui entrave la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU?,” s’est exclamé M. Bourita, répondant du même coup à M. Boukadoum, qui avait sous-entendu que le Maroc est en partie responsable de l’absence, depuis mai 2019 et la démission du diplomate allemand Horst Kohler, d’émissaire onusien au Sahara marocain.

M. Boukadoum avait notamment avancé que le Royaume et le Polisario s’étaient opposés, au cours des deux dernières années, à une dizaine de candidats, alors qu’en tout et pour tout il n’y a eu que MM. Roman et Amado. Mais rien de bien surprenant, ceci dit, de la part d’une diplomatie qui, depuis plus de 45 ans, a fait du mensonge une doctrine officielle…

* Par Marouane kabbaj(Maroc hebdo)

MarocHebdoAuQuotidienN188