Rabat – le12

La célébration mardi de la journée nationale de lutte contre l’analphabétisme vient mettre en avant les rôles tributaires de la digitalisation des programmes d’alphabétisation et de l’enseignement à distance dans l’amélioration de l’inclusion des bénéficiaires et de leur accès au contenu.

A l’ère du temps et en phase avec les défis du pays, “l’ANLCA développe des ressources numériques sur la base des programmes déjà existants, pour permettre aux bénéficiaires d’accéder aux leçons d’alphabétisation par le biais de divers outils de la technologie d’informations”, a ainsi affirmé, dans une déclaration à la MAP, le directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’analphabétisme (ANLCA), Abdessamih Mahmoud.

Consciente que la digitalisation de l’apprentissage, dans la mesure où les supports et outils nécessaires sont fournis aux apprenants, offre de nombreuses opportunités, l’Agence a même initié l’apprentissage à distance, car proposant un meilleur accès aux programmes et une inclusion plus générale des individus concernés.

“L’ANLCA a adopté l’enseignement à distance afin d’élargir la couverture des bénéficiaires des programmes d’alphabétisation et ce, en étroite collaboration avec les différents partenaires nationaux et internationaux”, a indiqué, dans ce sens, M. Mahmoud.

De plus, l’Agence a inscrit le projet E-learning parmi les 25 chantiers de sa feuille de route 2017-2021 et depuis, “plusieurs projets ont vu le jour avec l’appui et le soutien de multiples partenaires nationaux et internationaux”, a ajouté le responsable, de sorte à renforcer l’apprentissage à distance en y intégrant les nouvelles technologies d’information et de communication.

Pour ce faire, l’ANLCA s’est donc ouverte sur les divers canaux pour atteindre le maximum de personnes et de catégories ciblées par les programmes de lutte contre l’analphabétisme, a-t-il confié.

A cette fin, la télévision et le téléphone mobile, outils largement utilisés par la population, ont été mobilisés et exploités essentiellement à travers les réseaux sociaux, puisqu’ils rendent plus facile la diffusion de cours et programmes d’alphabétisation.

C’est dans ce cadre que la 1ère application mobile d’alphabétisation “Alpha Nour”, réalisée en partenariat avec l’Union européenne et le département de l’Artisanat et de l’économie sociale du ministère du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale et lancée en octobre 2017 au profit des artisans analphabètes, a vu le jour, a souligné le directeur de l’ANLCA.

L’application “Alpha Bahar”, destinée au secteur de la pêche maritime en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, sera, quant à elle, prochainement lancée, à l’instar de l’application relative au secteur plus spécifique de l’agriculture et à la Melkisation des terres collectives, également en cours de lancement en partenariat avec l’agence Agence Millennium Challenge (MCA-Morocco), a-t-il révélé à ce propos.

Aussi et avec la conjoncture actuelle entraînée par la propagation de la Covid-19, l’Agence a renforcé encore plus ses efforts, en vue d’adapter l’apprentissage aux besoins et situations propres des bénéficiaires, “tout en tirant profit de ce que les technologies de l’information offrent dans le domaine de l’apprentissage”, a assuré M. Mahmoud.

Par ailleurs, il rappelé que “la promotion de l’individu et de la communauté est également l’un des principaux objectifs” de l’Agence.

Et ceci, a noté le responsable, dans le souci “d’assurer la complémentarité entre les programmes d’alphabétisation et les projets de développement social”, tout en tenant compte des véritables besoins des bénéficiaires, de leurs aspirations, de leur environnement, de leur genre et de leurs activités professionnelles.

Pour atteindre les objectifs envisagés, “la priorité était donnée aux efforts et aux activités qui permettent de contribuer à la lutte contre l’analphabétisme des femmes et filles, de la population rurale et des jeunes”, a fait savoir M. Mahmoud.

Mère et grand-mère, Fatna Moiz, bénéficiaire d’un programme d’alphabétisation, a partagé son expérience, dans une déclaration à la MAP.

“Je n’ai pas eu l’opportunité d’aller à l’école lorsque j’étais petite”, a confié Fatna.

“Quand j’ai eu mes enfants, j’ai décidé de m’inscrire à un programme qui, à mon grand bonheur, était gratuit”, a-t-elle poursuivi, expliquant que dans un premier temps, les cours étaient assurés dans “Dar Talib/Maison de l’étudiant”, avant d’être relocalisés dans une mosquée, sous l’égide du ministère des Habous et affaires islamiques.

“Les instructeurs nous fournissaient les trousses, le manuel, l’ardoise, voire tout le nécessaire et chaque année, nous recevons un nouveau manuel”, a-t-elle déclaré.

“J’ai appris à écrire les lettres, à composer des mots et à retranscrire les numéros et maintenant, je peux reconnaitre les numéros de téléphones, les adresses et j’arrive même à me situer en lisant la signalisation”, a dit Fatna Moiz.

“Grâce à ce programme, j’ai réussi à sortir de l’obscurité pour m’éclairer de la lumière et même s’il me reste beaucoup à apprendre, autant être borgne qu’aveugle”, a-t-elle conclu.