L’union des réalisateurs et auteurs marocains a organisé à Kénitra, du 20 au 24 décembre 2023, des journées « Cinéma sans frontières Maroc-Sénégal : Pont des cultures via le cinéma ». Une occasion pour le public cinéphile de la cité des marguerites de découvrir la richesse cinématographique d’un pays dont le Septième art est l’une des formes d’expression artistiques les plus abouties du continent africain.

Dans une déclaration à la presse, abdellilah Eljaouhary, président de l’union des réalisateurs et auteurs marocains a révélé que cette rencontre cinématographique a pris naissance au Festival international du film de Dakhla, lors d’une réunion avec le réalisateur Moussa Touré, président de l’association des cinéastes sénégalais (Seneseas). « C’est une première expérience pour la mise en œuvre de ce que l’on appelle la diplomatie culturelle, en s’ouvrant sur le cinéma de plusieurs pays et le faire connaitre au grand public. Nous avons porté cette année notre choix sur le Sénégal compte tenu des relations profondes et historiques multisectorielles qui lient nos deux pays. » M. Eljaouhary  a rappelé, à cet égard, la coopération cinématographique entre le Maroc et le Sénégal qui se caractérise notamment par le soutien du Centre cinématographique marocain au Sénégal en matière de production cinématographique et par la participation des cinéastes marocains et sénégalais aux rencontres et aux festivals organisés dans les deux pays.

Dans le même ordre d’idées, le critique et réalisateur marocain Fouad Souiba, membre du bureau de l’union des réalisateurs et auteurs marocains a indiqué que la présence d’une forte délégation de cinéastes sénégalais à Kénitra témoigne de l’importance capitale que revêt cette première manifestation artistique et culturelle. « Il s’agit, dit-il, de la réalisation d’un engagement des cinéastes marocains avec leurs homologues sénégalais pour la création des conditions propices et mettre les jalons d’un partenariat effectif et efficient dans le domaine de la coproduction. Cet événement cinématographique, conclue-t-il, est le couronnement d’une convention de partenariat signé en 2022 à Rabat entre notre association et celle des cinéastes sénégalais avec lesquels nous entretenons des rapports très étroits. »

Considéré comme le plus Marocain des cinéastes Sénégalais, Moussa Touré, président de l’association des cinéastes sénégalais a déclaré que le cinéma est un vecteur puissant de compréhension mutuelle. « Nos histoires, nos cultures, nos expériences sont de multiples facettes qui forgent l’identité d’une nation et qui trouvent écho dans le cinéma. « C’est dans cet esprit que je salue, annonce-t-il, cette initiative généreuse de nos frères de l’union marocaine des réalisateurs et auteurs marocains d’organiser ces journées en présence de grands noms du cinéma sénégalais. Il ne s’agit pas d’une invitation car tous les sénégalais, précise-t-il, se sentent chez eux au Maroc. » Et d’ajouter qu’il ne passe pas un jour sans qu’il ne pense pas à ce pays qu’il considère comme le sien. Pour le président de l’association des cinéastes sénégalais, ces liens indéfectibles entre les deux pays témoignent du désir commun de renforcer davantage les relations de coopération et de partenariat entre les cinéastes marocains et sénégalais.  

Lors de la cérémonie de cette première édition portant le nom du père spirituel du cinéma africain subsaharien, le réalisateur sénégalais Ousmane Sembène, un hommage a été rendu au réalisateur sénégalais Clarence Thomas Delgado et à Sanae Ghouati, professeure à l’université Ibn Tofaïl, directrice du laboratoire littérature, arts et ingénierie pédagogique et membre du bureau du ciné-club de Kénitra. Plusieurs passionnés du cinéma venus en grand nombre n’ont pas manqué aussi  d’exprimer leur fascination quant à la qualité technique et esthétique des cinq films sénégalais projetés à cette occasion, à savoir « Mooladé » d’Ousmane Sembène, « Que le père soit » de Clarence Thoms Delgado, «  Baamum Nafi » de Mamadou Dia, «  Le prix du pardon » de Mansour Sora Wade et « La pirogue » de Moussa Touré.

Etait au menu également de cette manifestation cinématographique, première du genre, organisé en collaboration avec le ministère de la jeunesse, de la culture et de la communication, le centre cinématographique marocain, la cinémathèque marocaine, l’université Ibn Tofaïl, le ciné-club Zaouia et l’hôtel Eden boutique, deux tables rondes « L’expérience cinématographique du cinéaste sénégalais  Ousmane Sembène » et « Quels horizons pour la coopération cinématographique ». Ce rendez-vous culturel et artistique s’est achevé en apothéose par un document appelé « Déclaration de Kénitra » signé par l’union des réalisateurs et auteurs marocains et l’association des cinéastes sénégalais  où les deux parties appellent de leurs vœux « la mise en place d’un fonds commun et d’une procédure fluide et simplifiée, renforçant les liens établis et amorçant une collaboration entre les deux entités en matière de production filmique et d’exploitation cinématographique… »