Casablanca –le12

L’incertitude et la confusion qui se sont emparées de l’économie suite à la crise sanitaire de Covid-19, ont généré des effets systémiques mettant en péril la dynamique du secteur de l’export. Pourtant, cette crise représente un contexte propice à l’émergence de nouvelles opportunités, faisant de l’export Post-Covid, un moteur de croissance et de transformation économique.

Face à une telle situation conjoncturelle et malgré l’optimisme affiché par les indicateurs économiques, seule une réelle résilience pourrait permettre de passer cette période de turbulence et mieux se positionner sur l’échiquier international et régional. Une bonne identification des opportunités à saisir par les exportateurs marocains au-lendemain de la crise, demeure une nécessité urgente.

Le nouvel ordre économique mondial impose également une révision du fonctionnement des chaînes de valeur et une réduction de la dépendance à travers le renforcement de l’industrie nationale et la diversification de l’économie. La crise sanitaire que nous traversons ouvre ainsi de nouveaux horizons devant nos offres d’exportations.

“L’export constitue un moteur essentiel de croissance et d’accélération de la transformation économique. Il devrait être désormais refondé pour être un acte naturel qui reflète l’émanation de la compétitivité réelle de notre économie”, a souligné, dans un entretien à la MAP, Hassan Sentissi El Idrissi, Président de l’Association marocaine des exportations (ASMEX).

“Au titre des 7 premiers mois de l’année 2020, nos exportations ont enregistré une baisse de 17%, en comparaison avec la même période en 2019”, a-t-il fait observer, notant que tous les secteurs exportateurs “ont subi drastiquement les impacts de la crise de Covid-19 bien que les baisses sont différentes d’un secteur à l’autre”.

Selon les dernières statistiques des exportations, l’Automobile s’est replié de 28,7%, le Textile et cuir de 29,5%, l’Aéronautique de 21,2%, l’Agriculture et agroalimentaire de 4,7%, Phosphates et dérivées de 4,2% et l’Électronique et électricité de 5,6%.

“Actuellement, il y a un manque de visibilité certain sur l’ensemble des marchés mondiaux. Notre principal client, l’Union Européenne, est en crise ce qui a impacté gravement des secteurs comme l’automobile, l’aéronautique, le textile-habillement, le tourisme dont une grande partie est totalement liée à cette région”, a-t-il commenté.

Et d’ajouter que: “Deux pays (l’Espagne et la France) s’accaparent la part du lion de nos échanges extérieurs, et nous ne sommes pas présents sur les grands marchés importateurs, bien que nous ayons un grand potentiel principalement au niveau des régions et des secteurs”.

Le Maroc, a-t-il relevé, regorge d’un potentiel important qu’il faut mobiliser, faisant remarquer que “la crise de Covid-19 a permis de mobiliser des fonds pour accompagner de nouvelles inventions. Il faut accompagner cette dynamique dans l’ensemble des niches à très haute valeur ajoutée pour positionner les exportations marocaines dans de nouveaux pays”.

De son côté, Hicham Boudraa, Directeur général par intérim de l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE), a considéré que le challenge à relever aujourd’hui est lié au facteur temps et au degré de préparation post-crise.

“Nous devons en effet être préparés, repositionner notre offre pour être le plus compétitif possible dans un contexte de relance économique qui sera à l’origine de grands besoins en termes de relais de croissance pour de très nombreuses économies mondiales”, a-t-il indiqué.

En effet, les répercussions de la crise du coronavirus, a-t-il poursuivi, ont entraîné une refonte globale des chaînes de valeur partout dans le monde et en particulier dans la région méditerranéenne, précisant que c’est le cas des pays de “l’Union européenne, qui pourraient bientôt commencer à revoir certaines de leurs positions et alliances économiques sur la scène internationale”.

Dans ce contexte, le Royaume offre “une proximité géographique et une efficacité logistique imbattables”. De plus, grâce à son très vaste réseau d’accords de libre-échange (Accès direct à plus de 1,3 milliard de consommateurs dans 56 pays), le Maroc se présente comme “une plateforme de réexportation vers plusieurs autres pays à travers les 5 continents”, a-t-il expliqué.

Selon M.Boudraa, le Maroc propose un soutien technique et financier ainsi que des exonérations fiscales pour l’installation d’investisseurs étrangers, sans oublier ses zones d’accélération industrielle hautement spécialisées et équipées.

“Cette nouvelle approche passera également par l’alignement de nos objectifs avec ceux de nos partenaires, pour assurer un co-développement et une croissance durable”, a-t-il insisté.

Ainsi, un point majeur est de recommander et d’identifier ensemble les outils, qui combineront l’investissement étranger au Maroc, l’investissement national et le développement de l’export Made in Morocco.

De plus, cette pandémie sans précédent, a estimé le responsable, pourrait sans aucun doute offrir au Royaume l’un des principaux bénéfices de la collaboration transfrontalière, et accélérer un processus mondial majeur: le «nearshoring». En effet, ces dernières années, de nombreuses multinationales ont étudié différentes options, leur permettant de réduire la dépendance entre leurs chaînes de production et les fluctuations et incertitudes économiques de certains pays géographiquement éloignés.

En sus, la situation économique actuelle a mis en évidence le besoin de résilience, a-t-il noté, soulignant que les derniers chiffres d’exportation du Maroc reflètent clairement l’impact significatif de la crise sanitaire sur tous les secteurs sans exception, et que de nombreuses entreprises ont connu, comme prévu, une baisse importante des volumes de leurs carnets de commandes.

“Seules la résilience, la réactivité et la prévoyance sur les tendances de reconfiguration de l’économie mondiale nous permettront une reprise efficace”, a-t-il martelé.

Aujourd’hui, a ajouté M.Boudraa, de nombreux experts et instituts de recherche “insistent sur un impératif, il faut innover! L’innovation n’a jamais été aussi vitale et urgente dans chaque pays, dans chaque industrie et en permanence”.

Et de souligner que les opérateurs économiques nationaux ont pris conscience de ce besoin et nombre d’entre eux rejoignent aujourd’hui une dynamique motivée par l’impératif de résilience.

“Innover, c’est aussi s’adapter à une toute nouvelle demande qui émerge actuellement après la Covid-19. D’autres paradigmes émergent comme notre façon de consommer, de bouger. Nos modes de vie et nos achats se réorientent vers des modes plus sûrs et plus verts”, a-t-il résumé.

Face à cette nouvelle configuration, le Maroc, grâce à sa stabilité politique, peut faire de grands pas pour assurer une économie plus compétitive, plus durable et plus résiliente.