Rabat – le12

L’Espagne, en tant que pays voisin du Maroc concerné par la question du Sahara du fait de son passé colonial, est appelée à interagir et à exprimer sa position dans le processus stratégique et de développement engagé au Maroc, en insufflant une nouvelle dynamique à ses relations avec le Royaume, à même de promouvoir le rapprochement entre les deux pays, écrit jeudi le quotidien arabophone “Al-Ittihad Al-Ichtiraki”.
L’auteur de l’article, Talaâ Saoud Al-Atlassi, met en lumière les développements conséquents qui ont entraîné un nouveau tournant dans la question du Sahara marocain à la faveur de l’ouverture de représentations diplomatiques dans les provinces du sud et les reconnaissances officielles éminentes qui consacrent la légitimité du droit marocain sur son l’ensemble de son territoire, soulignant que ces avancées ont enclenché des mutations géostratégiques dans la région ayant permis au Maroc de disposer de nouvelles capacités d’influence, notamment avec la présence qualitative, dans la région et dans le processus de résolution du conflit, de l’Administration américaine et de pays du Golfe.
M. Saoud Al-Atlassi a également fait remarquer que certaines parties du champ politique espagnol, réputées de droite et connues pour leur hostilité à l’égard du Maroc, laquelle est puisée dans le dogme du passé militaire, alors que d’autres, se revendiquant d’un courant de gauche, s’immiscent dans le conflit du Sahara marocain en parrainant le mouvement séparatiste du “polisario”, ce qui freine le développement des relations hispano-marocaines, ajoutant que d’autres intervenants se placent, dans une position de trêve, d’hésitation et de modération, ce qui marque la méfiance, réfléchie ou irréfléchie, qu’éprouvent l’élite et les acteurs du pouvoir en Espagne envers le Maroc.
Il s’étonne, en outre, du défaçage entre les volets politique et économique dans les relations entre Rabat et Madrid, alors que plus de 1.000 entreprises espagnoles opèrent au Maroc, surpassant ainsi la France qui est le partenaire traditionnel du Maroc.
A cet égard, l’auteur poursuit que l’Office statistique de l’Union européenne (Eurostat) a indiqué, en début décembre 2019, que l’Espagne est le premier partenaire commercial du Maroc, que ce soit en termes d’importations ou d’exportations, et elle détient 33,5% de toutes les exportations européennes vers le Maroc, loin de la France ou encore l’Allemagne, à titre d’exemple, soulignant que ces données placent le Maroc en tant que première destination pour les investissements espagnols en Afrique, sans oublier les accords de pêche maroco-européens, dont le principal bénéficiaire est l’Espagne.
Et de noter qu’au vu de toutes ces données, le gouvernement espagnol est appelé à tenir compte du privilège que le Maroc lui accorde, dans un contexte marqué par une concurrence féroce pour “l’espace marocain” de la part de plusieurs pays européens, en sus de la Chine et de la Turquie et, demain, celle de l’Amérique et du Japon.
Si le gouvernement espagnol était plus attentif à sa position économique distinguée au Maroc, et interagissait avec les données marocaines qui attestent de la fertilité du processus de développement conduit par Sa Majesté le Roi Mohammed VI depuis deux décennies, l’Espagne aurait prétendu, grâce au Maroc, à un meilleur positionnement sur le continent africain qui est l’avenir commun des deux pays, et aurait été privilégiée dans le Sahara et dans la ville de Dakhla à l’administration US et n’aurait pas été offusquée par la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, écrit M. Saoud Al Atlassi.
Après avoir noté que la politique étrangère espagnole doit être recadrée et réorientée, l’auteur a mentionné que la ministre espagnole des Affaires étrangères, Gonzalez Laya, avait souligné lors de la Conférence des ambassadeurs espagnols, qu’”il est nécessaire de repenser les relations transatlantiques” qui réunissent l’Espagne et les États-Unis, ajoutant que “Trump a défié les règles du jeu aux niveaux national et international de diverses manières et a créé une situation d’incertitude”.
Dans ce contexte, M. Saoud Al Atlassi s’interrogé “ne s’agit-il pas là d’un agacement de l’Espagne à l’égard des réalisations menées par le Maroc et d’une ingérence dans une relation bilatérale souveraine avec un pays tiers ?”, en rappelant que la ministre n’était pas la seule à agir de la sorte, mais aussi le chef du parti “Podemos”, Pablo Iglesias, membre du gouvernement espagnol.
L’auteur a ensuite expliqué que la traduction politique de cette “situation d’incertitude”, est une nouvelle situation géostratégique qui a convoqué la tenue de la conférence elle-même pour discuter des “programmes et initiatives visant à renforcer la présence de l’Espagne sur la scène internationale”, selon le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, qui a souligné que “ce contrat doit être un contrat africain” avec une plus grande présence des entreprises espagnoles en Afrique, tout en renforçant davantage la coopération avec le Maroc sur la base d’une logique gagnant-gagnant”, sans pour autant qu’il présente au Maroc des éléments rassurants lors de cette conférence au sujet de la question du conflit du Sahara, profitant des développements du dossier et de la région dans sa globalité.
La ministre espagnole des Affaires étrangères avait précédemment déclaré à un journal espagnol, avant la conférence des ambassadeurs, que “ce qui est important maintenant, c’est que le Secrétaire général de l’ONU nomme un nouvel envoyé spécial au Sahara pour mener les efforts afin de parvenir à une solution acceptable par toutes les parties.”
“Le Maroc, qui doit-il croire, la ministre ou le chef du gouvernement ?”, s’interroge encor l’auteur de l’article, estimant qu’il s’agit “d’une confusion dans les orientations espagnoles”.
L’Espagne devrait être consciente que le Maroc ne peut être uniquement bénéfique pour elle, au niveau des privilèges d’investissements, de lutte contre l’immigration clandestine et de lutte contre le terrorisme, parce que le Maroc veut que sa coopération avec l’Espagne soit mutuellement bénéfique, à travers l’ouverture de nouveaux horizons dans leurs relations bilatérales riches et prometteuses et aux leviers historique, géographique, politique et économique, au lieu que des parties politiques espagnoles profitent du principe “d’autodétermination”, aux multi-facettes et aux applications vagues, mettant l’accent sur l’importance de privilégier la raison et l’intérêt historique pour tirer profit des récents développements intervenus au Sahara marocain au profit du Maroc et de toute la Région en général.
“Il est inacceptable que celui qui profite du miel du Maroc, mette en colère le vendeur du miel”, conclut l’auteur de l’article.