Rabat – le12
La pandémie du Covid-19 a provoqué des transformations radicales à différents niveaux et dans divers domaines et imposé l’adoption d’une kyrielle d’alternatives et de changements qui doivent désormais être évalués.
L’une de ces transformations ayant marqué l’année 2020 est l’adoption du télétravail comme alternative au présentiel, lequel est en phase avec les mesures de précaution mises en place par les autorités publiques pour circonscrire la propagation du nouveau coronavirus.
Quand bien même il était précoce de se faire une idée globale et porter un jugement objectif sur ce nouveau processus avec une méthodologie scientifique, les données émanant de cette expérience permettent de tirer des conclusions préliminaires sur lesquelles l’on peut s’appuyer pour anticiper la possibilité de sa pérennité et y apporter les modifications et améliorations nécessaires.
Dans son évaluation de cette expérience unique en son genre à ce jour, le professeur d’histoire contemporaine, de sciences des médias et de communication à l’École Supérieure Roi Fahd de Traduction à Tanger, Tayeb Boutbouqalt, estime que l’une des principales conclusions de cette expérience est que le système de travail à distance s’impose dans le Royaume comme l’une des nécessités impérieuses qui doivent être adoptées pour accompagner l’ère des technologies de l’information et de la communication et s’engager dans la société de l’information et de l’intelligence artificielle.
- Boutbouqalt a relevé, dans une déclaration à la MAP, que le télétravail avait été partiellement amorcé au Maroc il y a quelques années dans de nombreux établissements des secteurs public et privé, mais de manière “lente et modeste”, mais la pandémie du Covid-19 y a insufflé une forte impulsion qui a contribué à la nécessité d’accélérer sa généralisation.
Comme toute nouvelle expérience, le télétravail a des avantages et des inconvénients que l’on ne peut identifier à l’heure actuelle en l’absence d’accumulations quantitatives et qualitatives. Néanmoins, le professeur Boutbouqalt indique qu’il existe une pensée dominante que ce mode de travail est marqué par la logique du “gagnant-gagnant” pour les parties concernées, compte tenu de la flexibilité et de la liberté qu’il offre dans la conclusion de contrats de travail selon le principe de l’offre et de la demande, d’une part, et de l’équilibre qu’il permet entre la vie professionnelle et la vie privée du fonctionnaire ou du salarié, d’autre part, en plus du gain de temps et la réduction des frais de déplacement et les dangers potentiels résultant du surmenage et du stress en raison des conditions et du travail présentiel.
Ce mode permet également, selon lui, d’éviter la migration de la main d’œuvre et sa substitution par le télétravail au profit de l’ensemble des parties prenantes sur le marché du travail, ajoutant que le télétravail encourage les parties concernées à s’engager activement dans l’accès à la société de la connaissance informatique et ce que cela requiert en termes de formation et de formation continue, lesquelles sont des conditions sine qua non pour réussir tout projet de développement et pour faire partie d’un contexte marqué par une mondialisation sans précédent.
Evoquant les inconvénients de ce mode de travail, M. Boutbouqalt a indiqué que quelques-uns d’entre eux se rapportent à la “cybersécurité”, l’instabilité relative dans un emploi spécifique ou permanent et la dissolution de l’esprit d’équipe dans des “algorithmes et applications électroniques sans charge humaine vivante”, ce qui entraîne un isolement social dû à l’absence de la communication personnelle interactive dans l’environnement réel du travail.
Par dessus tout, ajoute-t-il, le télétravail est susceptible de renforcer les liens familiaux, sauf que cela pourrait conduire à l’opposé sous la pression directe de faire le travail à domicile, et “dans les deux cas, il semble évident que le télétravail est comme une épée à double tranchant, bon et mauvais en même temps et doit être employé de manière efficace et responsable”.
Sur la possibilité de continuer à travailler à distance après la fin de la pandémie à la lumière des conclusions et des enseignements tirés de cette expérience, le professeur d’histoire contemporaine et de sciences des médias et de la communication estime que la pandémie du Covid-19 peut être appréhendée sous un angle positif, soulignant que c’est “grâce à elle que nous avons été impliqués de manière irréversible dans l’ère des technologies de pointe, fruit de transformations fondamentales dans divers domaines”, et que cette expérience deviendra “sans aucun doute un impératif civilisationnel”.
- Boutbouqalt a, en outre, relevé que le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration avait publié, en avril dernier un guide méthodologique de travail à distance pour les administrations publiques, qui inclut le domaine d’application du travail à distance, ses règles, les critères de sélection des emplois appropriés, les obligations de l’administration et du fonctionnaire et les mécanismes de mise en œuvre.
Le professeur universitaire s’est également arrêté sur le concept de “travail à distance” contenu dans ce guide, qui souligne que “le concept du télétravail consiste à offrir au fonctionnaire ou à l’employé la possibilité d’exécuter ses obligation professionnelles, de manière partielle ou complète, depuis différents endroits et en dehors de son lieu de travail habituel. Le télétravail est donc considéré comme étant une option de travail alternative assurant la continuité des services administratifs, à travers l’exécution des missions et des tâches associées à la prestation des services publics. Il peut être, donc, adopté par l’administration dans les cas qui prêtent à une exécution des missions et des tâches, de manière partielle ou complète, en dehors du lieu de travail, sans qu’il soit considéré comme un type de congés”.
Et de conclure que la poursuite de cette expérience est devenue une réalité qui ne cesse de prendre de l’ampleur.
