Le long-métrage « Notre monde » de la réalisatrice française d’origine kosovare, Luàna Bajrami, projeté vendredi dans le cadre de la compétition officielle de la 20ème édition du Festival international du film de Marrakech, est un cri d’une jeunesse frustrée et livrée à elle-même.
Cette pellicule de 94 minutes retrace le voyage de Zoé et Volta, jeunes filles Kosovares qui quittent leur village reculé pour intégrer l’université de Pristina. Entre tensions politiques et sociales, les deux jeunes femmes se confrontent au tumulte de ce pays des Balkans en quête d’identité, dont une partie de la jeunesse est laissée pour compte.
A travers un franc réalisme et une perspective unique, la jeune cinéaste donne au film une profondeur et une authenticité qui captivent le spectateur, faisant de chaque scène une exploration poignante des réalités complexes de la jeunesse kosovare.
Luàna Bajrami invite le public, avec son deuxième long-métrage « Notre monde », à ressentir et à partager le poids des dilemmes politiques, sociaux et culturels auxquels la jeunesse est confrontée, dans le cadre d’une expérience immersive et émotionnelle qui résonne au-delà de l’écran.
« Je voulais avec ce film documenter le manque de perspectives de la jeunesse et parler de mon pays d’origine », a indiqué la cinéaste dans une déclaration à la MAP, ajoutant que c’était très important pour elle de souligner l’aspect universel de cette cause qui dévoile une jeunesse animée par l’envie de vivre librement et d’exercer ses propres choix.
« Il était aussi important pour moi de mettre en avant ma double culture, française et kosovare, car j’ai réellement grandi en étant imprégnée des deux », a-t-elle souligné, faisant savoir que ce film est le premier à avoir bénéficié de l’accord entre la France et le Kosovo pour la co-production cinématographique.
Elle a également exprimé sa joie de participer pour la première fois au Festival international du film de Marrakech, se disant fière que ce film puisse voyager à travers le monde et toucher des publics différents.
Luàna Bajrami a grandi au Kosovo avant de revenir en France et de faire ses débuts en tant qu’actrice à l’âge de dix ans. Forte d’une double culture franco-kosovare, elle voyage d’un pays à l’autre au rythme de ses projets et de ses collaborations avec différents cinéastes. Elle écrit et tourne son premier long métrage à dix-huit ans. « La Colline où rugissent les lionnes » parle de jeunesse et met en lumière les paysages méconnus du Kosovo. Le film a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2021.
Outre « Notre monde » de Luàna Bajrami, la liste des films en lice pour l’Étoile d’Or de cette édition comprend « Les Meutes » de Kamal Lazraq, « La Mère de tous les Mensonges » d’Asmae El Moudir, « Bye Bye Tibériade » de Lina Soualem, « Banel & Adama » de Ramata-Toulaye Sy (France, Sénégal, Mali), « City Of Winds » de Lkhagvadulam Purev-Ochir (France, Mongolie, Portugal, Pays-Bas, Allemagne, Qatar), « The Other Son » (Colombie, France, Argentine) et « Excursion » d’Una Gunjak (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Serbie, France, Norvège, Qatar).
Sont également en compétition « Disco Afrika » de Luck Razanajaona (France, Madagascar, Maurice, Allemagne, Afrique du Sud), Dormitory » (Turquie, Allemagne, France) de Juan Sebastián Quebrada, « Prison in the Andes » de Felipe Carmona (Chili, Brésil), « Silent Roar » de Johnny Barrington (Royaume-Uni), « Toll » de Carolina Markowicz (Brésil, Portugal), et « Tuesday » de Daina O. Pusič (États-Unis, Royaume-Uni).
Placée sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 20è édition du Festival International du Film de Marrakech, qui se poursuit jusqu’au 2 décembre, se veut un lieu d’expression et de découverte pour des cinéastes de renom venant de plusieurs pays, afin de présenter et de faire découvrir leurs œuvres cinématographiques dans un environnement d’échange, de partage et d’enrichissement culturel et artistique.