Casablanca – le12

Les conséquences de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) sont venues bouleverser les priorités de la rentrée sociale au Maroc, au regard des challenges de taille engendrés par cette conjoncture exceptionnelle tant pour la classe ouvrière que pour les employeurs, frappés indistinctement par ses retombées dévastatrices pour l’ensemble des secteurs productifs.

Les syndicats, acteur central de la scène sociale nationale, démontrent une parfaite prise de conscience de la gravité de la situation, privilégiant la poursuite du dialogue avec le gouvernement et le patronat en tant que mécanisme efficient et réaliste pour surmonter les chamboulements insondables induits par la crise sanitaire planétaire.

Des dirigeants syndicalistes insistent, dans des déclaration à la MAP, sur la responsabilité collective, la vertu du patriotisme, l’approche participative et l’esprit de consensus pour parvenir, dans les meilleurs délais, à des solutions concrètes aux problématiques inopportunes qui se sont abattues sur toutes les parties, de manière à installer un climat économique et social sain et salutaire aussi bien pour les travailleurs que pour les patrons.

Dans ce sens, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Mayara Enâam, a appelé les syndicats, le patronat et le gouvernement à la conjugaison des efforts pour la préservation des postes d’emploi et la création de davantage d’opportunités, chose qui doit être à la tête des priorités de cette rentrée sociale.

L’UGTM est consciente de la délicatesse de cette étape qui devrait être négociée avec bonne foi et patriotisme par les partenaires sociaux, à travers un dialogue sous-tendu par la franchise et la transparence, a-t-il assuré.

Il n’a pas manqué de rappeler les obstacles auxquels a longtemps butés le dialogue social, avant d’assurer que les parties ont pu dépasser la période de crispation et rattraper les opportunités gaspillées avec la conclusion de l’accord du 25 avril 2019, dont le gouvernement est tenu de respecter toujours les termes, notamment pour ce qui est de la hausse de 5 pc du salaire minimum dans le secteur privé et le déclenchement des opérations de promotion dans la fonction publique.

De son côté, le secrétaire général adjoint de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), Abdelilah Dahmane, a souligné que les futurs rounds du dialogue social doivent tenir compte de l’impact indéniable de la pandémie sur les conditions économiques de la classe ouvrière, ce qui requiert des parties engagées dans ce processus de faire prévaloir l’approche participative et de bien déterminer les responsabilités de chacune d’entre elles.

En raison de la propagation du Covid-19 dans l’ensemble des régions et de ses effets néfastes pour de larges pans de la société, l’UNTM fonde des espoirs sincères sur une entente entre les partenaires, particulièrement en cette étape cruciale, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité de mettre sur pied d’une commission commune d’accompagnement et de veille, chargée d’évaluer en permanence la situation sociale des salariés et de leur assurer un maximum de protection.

Le syndicaliste a relevé que les mesures préventives imposées pour juguler la crise sanitaire ont impacté l’économie du pays, réduit les opportunités d’emploi et poussé certaines entreprises à adopter des mesures “sélectives et arbitraires” ayant porté un coup dur à l’action syndicale.

Dahmane a, dans ce contexte, appelé à la mise en application du reste des dispositions de l’accord du 25 avril 20219 et au lancement d’une dynamique du dialogue sectoriel, sous la supervision du gouvernement, pour pouvoir honorer les engagements convenus.

Quant à Younes Firachine, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT), il a estimé que le Maroc, qui a été pionnier et à l’avant-garde de la culture du dialogue social dans la région, enregistre désormais un recul en la matière, à cause de la suspension des séances du dialogue devenues “une simple formalité”.

Il a souligné le caractère urgent de retourner à la table des discussions pour enclencher un dialogue constructif et garantir une implication réelle du mouvement syndical dans la prise des décisions socio-économiques, surtout dans les circonstances actuelles.

Compte tenu de cette situation sans précédent, il propose la constitution d’une commission de veille sociale et l’ouverture d’un dialogue sectoriel, notant que la CDT veille à l’institutionnalisation du dialogue tripartite, à travers la création d’une institution permanente qui garantirait la participation du mouvement syndical à l’élaboration des politiques publiques à caractère social et, par conséquent, consacrer l’édification démocratique.

Il a enfin pressé le gouvernement à honorer ses engagements et ouvrir un dialogue sérieux et responsable, à la lumière des développements malheureux résultant de la pandémie qui a eu des répercussions négatives sur la classe ouvrière et l’ensemble des citoyens.

Un rapport du Haut Commissariat au Plan (HCP) a indiqué que l’économie nationale a perdu en un an à partir du 2ème semestre de 2019 près de 600 mille opportunités d’emploi, soit une perte estimée à près de 265 millions d’heures de travail chaque semaine au cours de cette même période.