Rabat –le12
Les khettaras du Maroc doivent être inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, a souligné la Fondation Miftah Essaâd pour le capital immatériel du Maroc qui vient de publier un livret intitulé « les Khettaras au Maroc .. un patrimoine écologique ».
Ce livret publié en trois langues (arabe, français et anglais) s’inscrit dans le cadre du dossier national visant à inscrire les Khettaras comme patrimoine humain international auprès de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
La fondation vise à travers la publication de ce livret, illustré de nombre d’images, à inscrire les khettaras du Maroc au patrimoine mondial de l’humanité et obtenir ainsi l’adhésion de l’UNESCO pour leur sauvegarde.
Elle a aussi pour objectif d’obtenir des fonds internationaux pour la réhabilitation, la sécurisation et le maintien en eau des khettaras actives du Maroc, « en tant qu’ouvrages respectueux de l’environnement et rempart contre le désert ».
La tenue de la COP22 au Maroc est un « formidable tremplin » pour sensibiliser la communauté internationale à la sauvegarde des khettaras, indique la Fondation dans ce livret, affirmant que le maintien des groupements sociaux construits autour de ces ouvrages sera un des aspects de préservation du patrimoine immatériel marocain et de son apport à la culture de la préservation et la sauvegarde de environnement.
La Fondation avait réalisé, en 2014, une étude sur les khettaras du Maroc, dont les conclusions ont montré que la khattara est un ouvrage technique, hydraulique et écologique qui permet de conduire l’eau de la nappe phréatique, gravitairement, à travers le désert aride pour constituer et irriguer une oasis. Elle ne nécessite aucune énergie mécanique pour fonctionner et donc n’émet pas de gaz à effet de serre.
Mettant en exergue les résultats de cette étude, la Fondation fait savoir que les khettaras contribuent à la lutte contre la désertification et font barrage à l’exode rural par la fixation des populations et par le maintien d’une activité agricole locale et notamment celle des produits du territoire du Sahara marocain.
La distribution d’eau aux oasis par le système de khettara est un procédé « démocratique » de partage équitable de la ressource, souligne l’étude, précisant que le débit des khettaras dépend uniquement du niveau de la nappe qui augmente ou baisse pour tout le monde sans distinction.
« Si nous soumettons la khettara aux dix critères de la convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel, où il suffit de réponde à un seul pour être éligible au statut de « patrimoine mondial », nous constatons que la khettara ne répond pas seulement à un seul critère mais bel et bien à sept critères certifiés », conclut la même étude.
Selon le livret, ces ouvrages, qui sont apparus au Maroc depuis plus de 1000 ans, ont permis d’étendre les surfaces arables et de viabiliser des territoires du désert par la création d’oasis.
Et depuis lors, les khettaras n’ont cessé de viabiliser de larges espaces désertiques, devenant ainsi une des composantes économico-culturelles d’une bonne partie de territoires marocains. Autour de la khettara, s’est construit un système social et une organisation humaine centrés sur le gestion quotidienne de la répartition de l’eau.
Le Maroc reste parmi les rares pays qui disposent encore d’un système actif de transport gravitaire de l’eau, par galeries souterraines artificielles, où il y a actuellement environ 300.000 personnes qui bénéficient, directement ou indirectement, des activités économiques générées par les khettaras actives.