Rabat – le12
Les participants à une session axée sur “Les défis sécuritaires: des mutations et des besoins”, tenue mercredi à Rabat dans le cadre de la conférence annuelle sur “La lutte contre l’extrémisme violent : de nouvelles réponses à de nouveaux défis”, ont souligné que la persistance des menaces terroristes nécessitent d’imposer un contrôle méticuleux sur le cyberespace que les terroristes utilisent à des fins de propagande et d’embrigadement.
Dans ce cadre, Abdelhak Bassou, Senior Fellow au Policy Center for the New South, a estimé que le cyberespace et les réseaux sociaux constituent un refuge pour les adeptes de l’idéologie terroriste qui en font un lieu pour l’apologie de leurs pensées extrémistes et pour l’embrigadement terroriste.
“La propagande se développe en temps de crise”, a-t-il relevé, notant que les extrémistes ont tiré profit de la conjoncture actuelle marquée par la propagation de la pandémie de la Covid-19 dans le monde et de la période du confinement, qui a eu des répercussions psychologiques sur les individus, pour intensifier leur discours extrémiste.
Pour sa part, le chercheur associé au GRESS à l’Université Cadi Ayyad, Abdelaziz Benrida, a relevé qu’en dépit de l’absence de consensus sur la classification de la gravité de la menace cybernétique, celle-ci demeure une réalité, du fait que les terroristes ont recours au cyberespace pour faire passer leurs messages, mais aussi pour la mobilisation de fonds et pour l’embrigadement, en plus de bénéficier des services d’éléments externes tels que les hackers et essayer de se procurer des armes à travers cet espace.
“Cette menace nécessite vigilance et prévention avec des mesures efficientes et proactives”, a-t-il affirmé.
Le président de l’Institut du Moyen-Orient pour la politique et l’économie en Roumanie, Flavius Caba-Maria a considéré, quant à lui, que la pandémie du coronavirus a offert l’opportunité aux terroristes pour l’extension de leur propagande en bénéficiant du cyberespace, ce qui exige, a-t-il insisté, d’imposer un contrôle sur cet espace afin de cerner l’apologie au terrorisme.
M. Caba-Maria a estimé que les nouvelles menaces ont mis en évidence la nécessité d’une dimension régionale pour y faire face à travers l’instauration d’une coopération fructueuse, notant en ce sens le leadership régional du Maroc dans la lutte contre ce fléau mondial.
Il a, a en outre, souligné la nécessité d’élaborer des approches proactives en engageant les acteurs de la société civile dans la lutte contre ces menaces.
De son côté, le Directeur stratégique du projet européen sur la lutte contre le terrorisme dans la zone Afrique du Nord – Moyen-Orient (France), Pierre Bellet, a mis en exergue le défi grandissant du cyberespace, devenu un terrain fertile pour la propagande terroriste, mettant l’accent sur l’importance de la coopération judiciaire et la nécessité de recourir à des outils efficaces au niveau international et de constituer un front commun pour pour faire face au phénomène du terrorisme et cerner ses extensions transfrontalières.
M. Bellet a par ailleurs appelé au renforcement de la recherche scientifique et de la coopération entre les instituts de recherche et tous les acteurs dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, à l’adaptation des cadres juridiques aux nouveaux développements du phénomène terroriste et à la lutte contre le financement du terrorisme par la confiscation et la saisie des produits du blanchiment d’argent et des transferts de fonds, dans le dessein d’assurer l’affaiblissement des terroristes.
Intervenant à cette occasion, le professeur libyen à l’université Bani Walid, Rajab Dawo Khaleifa Almariyed, a braqué les projecteurs sur les menaces terroristes en Libye depuis 2011, favorisées la propagation du chaos et l’émergence de groupes terroristes qui ont profité de la vaste étendue du territoire libyen pour mener leurs activités et étendre leur champ d’action à la région sahélo-saharienne.
Les travaux de la Conférence internationale annuelle sur “La lutte contre l’extrémisme violent”, organisée par l’Observatoire marocain sur l’extrémisme et la violence (OMEV) en partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, le Policy Center for the New South et la Rabita Mohammadia des Oulémas, se poursuivent jusqu’au jeudi.
Cette conférence de trois jours connait la participation d’experts et de praticiens spécialisés dans les questions liées au terrorisme et à l’extrémisme violent de différents pays et continents, ainsi que des institutions régionales et internationales, en particulier la direction exécutive du contre-terrorisme des Nations unies.
En raison de l’état d’urgence sanitaire en vigueur, la conférence se déroule en vidéoconférence mais aussi en présentiel, tout en garantissant les conditions de prévention et de sécurité des participants.