Rabat – le12
Le Maroc a adopté une stratégie de lutte antiterroriste multidimensionnelle, dont le point fort est l’anticipation. Cette stratégie a permis de minimiser le risque d’attentats ourdis par des fanatiques avant que le mal ne soit fait.
Les passages à l’acte enregistrés au Maroc sont relatifs notamment aux attentats-suicides du 16 mai 2003 à Casablanca, l’attentat d’Argana à Marrakech en 2011 et l’assassinat de deux touristes scandinaves à Imlil en 2018.
On n’en a pas connu d’autres grâce, notamment, à l’approche préventive des services de sécurité marocains.
D’après des sources à la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), 207 cellules terroristes ont été démantelées au Maroc depuis 2002. Rien qu’au cours des trois dernières années, 32 cellules ont été neutralisées, dont une grande partie était composée de groupes affiliés à l’organisation dite “État islamique” (Daesh).
“Quand on a la certitude que le Maroc est dans le viseur des organisations terroristes transnationales, quand on sait que ces organisations sont intégrées par des combattants marocains, et quand on a des renseignements qui affirment que des projets terroristes sont concoctés quelque part contre la sécurité du Royaume, il faut passer à l’action”, affirme une source à la DGST dans une discussion à bâtons rompus avec la MAP.
Pour que les projets terroristes n’atteignent jamais le stade de la maturité, les services sécuritaires chargés de la lutte antiterroriste interviennent prématurément. “Nous nous basons sur la collecte des renseignements au sujet des personnes suspectes (agissements, publications sur les réseaux sociaux, contacts…). Nous les analysons profondément, puis nous prenons la décision d’intervenir en fonction de l’imminence du danger”, explique notre interlocuteur, soulignant que le suivi d’une cellule peut s’étaler sur un mois ou plus, le temps d’avoir le maximum d’informations sur ses promoteurs (degré de radicalisation, membres, liaisons au Maroc et/ou à l’étranger, cibles…). Et parfois, on se trouve dans l’obligation d’intervenir d’urgence, dans 24 heures ou moins, si on a des renseignements fiables sur le passage imminent à l’acte par une quelconque cellule.
Agir prématurément, c’est aussi parce qu’il ne s’agit pas uniquement d’épargner les vies des victimes potentielles, mais aussi celles des terroristes ! Histoire de protéger les terroristes contre eux-mêmes.
D’après la philosophie de la DGST, “la stratégie marocaine de lutte antiterroriste vise la mise hors d’état de nuire des terroristes, mais aussi la lutte contre les idéaux extrémistes à travers leur déradicalisation. Les personnes arrêtées dans une affaire de terrorisme, en dehors de celles impliquées dans des crimes de sang, demeurent récupérables et réintégrables au sein de la société une fois qu’ils aient révisé leurs idéaux extrémistes”.
À ce titre, un certain nombre de détenus dans des affaires liées au terrorisme, ont pu réintégrer la société dans le cadre du programme “moussalaha” chapeauté par la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) en coordination avec d’autres instances dont la Rabita Mohammadia des Oulema. C’est ainsi que les interventions anticipatives des services de sécurité lors des opérations de démantèlement des cellules ont permis d’extraire des “humains” du gouffre de l’obscurantisme.