En vérité, si cette mise en scène a été orchestrée, alors elle constitue cette fois-ci une expression réelle, et non plus virtuelle, de la « Marche de Ould Zeroual », version PJD.
La Rédaction -le12.ma
Il ne fait aucun doute que, depuis l’annonce des résultats des élections du 8 septembre 2021, la scène politique souffre d’une opposition inefficace, incapable de remplir ses rôles constitutionnels de contrôle du gouvernement.
La formation d’un gouvernement ayant pour feuille de route l’édification de l’État social, constitué des trois partis arrivés en tête des élections (RNI, PAM, Istiqlal), a donné naissance à une opposition « hétéroclite ».
Depuis que ce gouvernement a obtenu la confiance du Parlement et a commencé à mettre en œuvre son programme, toutes les tentatives de rassembler les fragments de l’opposition parlementaire ont échoué.
Le retour d’Abdelilah Benkirane à la tête du Parti de la Justice et du Développement (PJD), en pleine déconfiture a rendu la tâche des ‘plus ardues et cet échec s’est accentué au point de rendre impossible la constitution d’une alliance forte entre les groupes d’opposition parlementaire.
Cette situation a contribué à la marginalisation du PJD au sein de la Chambre des représentants, l’isolant au sein d’une opposition parlementaire sans cohésion ni unité.
La débâcle du PJD avec le retour de Benkirane ne s’est pas limitée à la perte de ses anciens alliés, qui auraient pu renforcer sa position déjà affaiblie dans l’opposition. Elle s’est également traduite par une série de défaites cuisantes lors des élections partielles organisées sous le gouvernement Akhannouch.
Le fait que le PJD semble poursuivi par la malchance depuis le retour de Benkirane, que ce soit dans la formation d’une alliance d’opposition ou dans l’acquisition de sièges parlementaires suffisants pour constituer un groupe législatif, a poussé certaines voix influentes du parti à appeler à faire du congrès d’avril une occasion de tourner définitivement la page Benkirane en tant que secrétaire général du parti.
Face à ces voix, menées notamment par le dirigeant islamiste Bilal Talidi, les partisans de Benkirane ont tenté de détourner l’attention de la crise interne du parti, de son isolement sur la scène politique et de ses échecs répétés face aux électeurs marocains… en lançant ce que l’on pourrait appeler la « Marche de Ould Zeroual », version PJD.
Il s’agit d’une marche d’opposition virtuelle, dont le champ de bataille n’a jamais été la réalité – celle qui a infligé une lourde défaite au PJD à travers les urnes – mais plutôt l’espace virtuel, où elle résonne davantage.
Il serait trop long de recenser ici toutes les manifestations de la « Marche de Ould Zeroual » version PJD, dans la réalité comme dans le monde virtuel. Il suffit cependant d’examiner un seul fait révélateur.
Pour illustrer cela, posons la question suivante :
Comment expliquer l’apparition soudaine d’une femme, le 10e jour du Ramadan, près du mausolée Mohammed V, interrompant la déclaration de Benkirane à la presse à l’occasion de la commémoration du décès du « père de la nation » Feu Mohammed V pour clamer devant les caméras : « Les Marocains ont besoin de votre retour pour les sauver, Monsieur Benkirane ! » ? Si ce n’était pas une pure coïncidence, cela ne serait-il pas pour le moins suspect ?
En vérité, si cette mise en scène a été orchestrée, alors elle constitue cette fois-ci une expression réelle, et non plus virtuelle, de la « Marche de Ould Zeroual », version PJD.
Et si, par hasard, cette scène était spontanée, la question qui se pose alors est : pourquoi Benkirane est-il resté silencieux, baissant la tête devant ces paroles qui étaient totalement hors de propos, tant dans le temps que dans l’espace ?
La question mérite d’être posée
Quant à la « Marche de Ould Zeroual » version PJD dans le monde virtuel, il suffit d’ouvrir Facebook à n’importe quel moment pour constater de vos propres yeux que l’espace bleu de Mark Zuckerberg est inondée de publications d’adeptes exaltés glorifiznt Benkirane jour et nuit.
J’ai le sentiment que ceux qui participent aujourd’hui à cette « Marche de Ould Zeroual » version PJD ne sont pas très différents de ceux qui ont défilé dans la fameuse marche du 18 septembre 2016 à Casablanca.
À travers cette « Marche de Ould Zeroual » version PJD, ils pensent tromper le peuple. Mais en réalité, ils prient sans ablutions la prière funéraire d’un parti qui, jadis, était un colosse aux talons d’argile cultivent l’illusion avant de s’effondrer comme un château de cartes.
C’est le PJD.