La célébration de la Journée nationale du migrant, instituée par SM le Roi Mohammed VI en 2003, offre l’opportunité de souligner l’importance du renforcement des liens avec les Marocains résidant à l’étranger et de faire le bilan des réalisations au profit de cette frange de la société qui, pleinement engagée dans les divers chantiers de développement, reste constamment mobilisée pour la défense des valeurs et des intérêts suprêmes du Royaume.

A cette occasion, le Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Abdellah Boussouf, revient, dans un entretien à la MAP, sur l’importance de la célébration cette journée nationale, qui coïncide avec le 10 août de chaque année, tout en rappelant les principales réalisations et actions du Conseil depuis sa création.

Q1- Le Maroc célèbre le 10 août de chaque année la Journée nationale du migrant. Quelle importance revêt cette célébration ?

Le Maroc fait partie des rares pays au niveau mondial qui accordent une importance primordiale à sa communauté établie à l’étranger, conformément aux Hautes orientations tracées par SM le Roi Mohammed VI, que Dieu Le glorifie, et ce depuis l’accession du Souverain au Trône de Ses glorieux ancêtres.

La célébration de la Journée nationale du migrant représente l’un des aspects reflétant la Haute sollicitude dont le Souverain entoure les MRE et qui se manifeste aussi par la ferme détermination de SM le Roi à accorder une place importante aux questions concernant les Marocains du monde, exprimée dans plusieurs discours royaux et les Hautes Directives aux acteurs institutionnels pour être à l’écoute de la communauté marocaine à l’étranger, améliorer les prestations qui leur sont fournies et mettre en place des politiques publiques efficientes répondant à leurs besoins et préservent leur identité marocaine.

Cette célébration revêt aussi une importance capitale dans la mesure où elle constitue l’occasion d’aborder les questions touchant les MRE avec les différentes institutions concernées, à travers les différentes activités officielles organisées sur l’ensemble du territoire national, et de sensibiliser l’opinion publique aux spécificités de cette frange de la société et à sa contribution majeure à la dynamique économique et de développement que connaît le Royaume.

Q2- Le CCME souffle sa 16e bougie cette année. Quelles sont ses principales réalisations depuis sa création en 2007 ?

Depuis sa création, le Conseil a pu aborder les différentes questions majeures liées à la migration marocaine, ainsi que les transformations que connaissent les pays d’accueil des Marocains du monde, selon une approche scientifique participative qui s’appuie sur l’écoute et l’étude scientifique, tout en associant l’ensemble des acteurs concernés.

Ce travail a été couronné par la publication d’une centaine d’études et de publications qui se sont intéressés aux divers aspects de la migration marocaine, enrichissant ainsi la bibliothèque nationale avec plus de 200 ouvrages qui ont présenté les avis du Conseil et des éléments scientifiques, en vue de contribuer à répondre aux principaux défis auxquels sont confrontés les migrants marocains.

Le Conseil s’est également intéressé aux compétences marocaines établies à l’étranger et qui se sont illustrées dans divers domaines, notamment scientifique, culturel, sportif et artistique. Il a, en outre, invité les différents acteurs à tirer profit des potentialités de ces compétences, d’autant plus que les MRE sont fortement attachés à leur la mère-patrie et constamment mobilisés pour défendre ses causes et contribuer à son développement.

Le CCME a aussi tenu à faire entendre la voix des compétences marocaines issues de la migration, en ce qui concerne les enjeux majeurs auxquels le Maroc est confronté, tels que la pénurie d’eau, le chantier de la réforme des systèmes de la santé et d’éducation. Pour ce faire, le Conseil a organisé des séminaires et des ateliers avec la participation d’éminentes personnalités et spécialistes dans divers domaines et dont les conclusions sont partagées avec l’ensemble des secteurs concernés.

Q3-En tant qu’institution consultative et prospective s’occupant des questions touchant les MRE, quel est le rôle joué par le CCME pour garantir les droits et préserver les intérêts de cette communauté?

En se basant sur le Dahir portant sa création et sur l’article de la Constitution qui définit les missions du CCME pour émettre un avis sur les orientations des politiques publiques permettant aux MRE de maintenir des liens forts avec leur identité marocaine, garantir leurs droits et défendre leurs intérêts, ainsi que de contribuer au développement humain et durable et l’essor de leur mère-patrie, le Conseil s’emploie à défendre la communauté établie à l’étranger devant les institutions marocaines, soit à travers des plaidoiries dans les débats publics autour de leurs préoccupations, ou en attirant l’attention du gouvernement, le cas échéant, sur les questions liées aux Marocains du monde. Le Conseil n’a eu de cesse d’appeler à associer les MRE aux différents chantiers nationaux, en application des dispositions constitutionnelles y afférentes.

On a aussi consacré une tradition institutionnelle qui consiste à saisir le Chef du gouvernement après l’annonce de la formation de l’Exécutif afin de l’informer des problématiques prioritaires touchant la communauté marocaine à l’étranger, le but étant de les inclure dans le programme gouvernemental et les traduire en politiques publiques.

On espère, ainsi, que le gouvernement actuel agira avec davantage d’efficacité pour la mise en place de politiques destinées aux Marocains du monde, notamment celles liées à la simplification des procédures juridiques, tout en prenant en compte de leurs spécificités, ainsi que de l’amélioration des services administratifs qui leur sont destinés.

Q4- Dans son action, le CCME adopte une approche participative basée sur l’écoute des différents acteurs de la migration marocaine. Quels sont les principaux défis auxquels fait face la diaspora marocaine? Et comment sont-ils traités?

Eu égard à la dynamique de l’émigration marocaine à l’ère de la mondialisation, avec une communauté établie dans plus de 50 pays, les défis que rencontrent les Marocains du monde sont universels dans leur globalité avec quelques particularités relatives à chaque pays d’accueil.

A titre d’exemple, les ressortissants marocains à l’étranger ont pâti des conséquences de la pandémie de la COVID-19 sur les plans économique, social et psychologique. A ces défis s’ajoute un taux d’inflation qui augmente de manière exponentielle dans certains pays à cause du conflit russo-ukrainien avec des répercussions directes sur leurs pouvoirs d’achats et leur accès au marché du travail.

Les MRE souffrent également des effets du changement climatique avec un flux croissant des migrations vers le Nord. Autant de facteurs à caractère universel qui impactent le vécu de la diaspora marocaine.

Au niveau politique, les MRE notamment en Europe sont la cible de courants populistes et d’extrême-droite qui les chargent de tous les maux de la société, lorsqu’ils ne sont pas victimes de racisme et de discrimination en ce qui a trait à l’éducation, à l’accès au logement et aux services et aux prestations sanitaires, ainsi qu’aux aides sociales.

Cette communauté subit souvent des attaques menées par les différents courants politiques et religieux contre le lien émotionnel qu’elle entretient avec son identité nationale et son modèle religieux fondé sur la modération et le juste milieu, outre l’autorité spirituelle de l’institution du Commandeur des croyants (Imarat Al Mouminine), sans pour autant avoir une quelconque influence sur ses marques de citoyenneté dans les pays d’accueil.

L’ensemble de ces contraintes inhérentes à l’émigration marocaine impose un suivi permanent de la part du CCME des mutations que connaissent les pays d’accueil et l’implication de la société civile et des acteurs de la communauté marocaine établie à l’étranger pour pouvoir réaliser un diagnostic précis autour de ces multiples défis, en vue d’élaborer des réponses appropriées à toutes les problématiques qui se posent.

Cette approche nécessite une communication régulière avec les MRE et un suivi permanent pour pouvoir inscrire leurs préoccupations dans les agendas nationaux et diplomatiques des pays d’accueil.

Dans un contexte mondial marqué par des coalitions stratégiques, la communauté marocaine établie à l’étranger a toujours fait preuve, depuis des décennies, de sa constante mobilisation pour défendre les intérêts de son pays. Aujourd’hui, il se trouve que la diaspora marocaine a besoin de la soutenir dans la défense de ses intérêts.

Q5- La Journée nationale du migrant constitue une opportunité idoine pour consolider les liens entre les Marocains du monde et la mère-patrie. Comment le CCME contribue-t-il à l’amélioration de l’image du Maroc à l’étranger et au renforcement des liens d’appartenance et d’unité nationales avec les MRE?

Le CCME a la profonde conviction que les expatriés constituent pour le Maroc une passerelle vers le monde entier et sont des ambassadeurs influents de l’image du Royaume à l’étranger.

Tout en étant fiers de leur Roi et de leur patrie, avec ses composantes culturelles et ses valeurs nationales, les MRE ont pu véhiculer une image rayonnante du Royaume à l’étranger.

En témoigne l’exploit historique du Onze national à la Coupe du monde Qatar-2022 qui prouve que le fait de miser sur les talents marocains à l’étranger est un pari réussi.

D’une part, parce que ces joueurs ont donné, lors de cette compétition mondiale, une image positive grâce à leur performance sur le terrain et leur respect des adversaires, mais également à travers leur attachement aux valeurs marocaines authentiques se rapportant à la place de la mère, de la famille et de la gratitude, ce qui a impressionné le monde entier aussi bien par la dimension humaine de ces jeunes que par leur performance sportive.

D’autre part, les MRE qui ont pu suivre les matchs disputés par l’équipe nationale durant le Mondial 2022 dans les espaces et cafés européens, ont fait preuve d’un niveau élevé de civisme au moment de l’euphorie exprimée après chaque victoire des Lions d’Atlas, à travers des célébrations dans le respect total des lois des pays d’accueil sans dévier vers l’hooliganisme.

Tout cela a contribué à promouvoir une image rayonnante du Maroc à l’étranger avec des retombées positives sur le tourisme national ces derniers mois.