Le Wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdelatif Jouahri, a souligné, lundi à Rabat, la nécessité de poursuivre et d’approfondir le débat autour des monnaies numériques de banque centrale (MNBC), eu égard aux multiples défis y afférents.
“La complexité et les défis liés à la MNBC mettent en exergue le besoin de poursuivre et d’approfondir le débat”, a dit M. Jouahri lors d’une table ronde de haut niveau sur les MNBC, initiée sous le thème “Rôle du secteur public dans la monnaie et les paiements – une nouvelle vision”, relevant que l’intérêt que suscite la problématique de la MNBC n’est que le reflet de la proactivité et de la capacité des institutions à s’adapter aux mutations et aux changements de paradigmes qui marquent leur environnement.
Si au lendemain du lancement du Bitcoin, plusieurs régulateurs avaient adopté une attitude prudente, les banques centrales ont rapidement compris que le statu quo n’est plus une option si elles veulent préserver leur rôle central d’émetteur de la monnaie, a-t-il poursuivi, faisant savoir que l’ambition était aussi d’explorer les opportunités qu’offrent les innovations technologiques et de les mobiliser au service de leurs missions tout en appréhendant les risques dont elles sont porteuses.
Et de noter que plusieurs réflexions sur l’émission de MNBC ont été ainsi initiées et les travaux se sont vite accélérés avec l’implication d’organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque des règlements internationaux (BRI) ou encore la constitution de groupes de réflexion Adhoc réunissant des banques centrales et d’autres institutions financières.
Malgré les avancées réalisées, des questions fondamentales, notamment sur les apports de la MNBC et sur ses impacts sur les missions fondamentales des banques centrales, restent toujours objet de débat, a fait remarquer le Wali de BAM.
“Il va sans dire à cet égard que les motivations et les défis d’une MNBC diffèrent d’un pays à l’autre, en particulier entre les économies avancées d’un côté et celles émergentes et en développement de l’autre”, a-t-il soulevé, relevant qu’au niveau de la région, plusieurs banques centrales avancent dans l’exploration des MNBC et qu’au Maroc en particulier, un groupe dédié a été mis en place en 2021.
Pour sa part, la Directrice Générale du FMI, Kristalina Georgieva, a fait savoir que dans une transformation massive portée par la révolution numérique, le fonctionnement des économies et le rôle de plusieurs institutions est considérablement impacté, notant qu’avant la pandémie, on disait que le futur est numérique, mais avec la pandémie ce futur s’est concrétisé.
“Nous avons maintenant accéléré la transformation et nous devons reconnaître que si nous n’agissons pas rapidement en tant que décideurs politiques, nous risquons de rater les opportunités offertes et de créer des risques pour notre avenir”, a-t-elle ajouté.
Concernant le travail sur le sujet des MNBC au FMI, elle a relevé que plusieurs décisions n’ont pas encore été prises et qu’il faut intensifier les efforts pour prendre les “bonnes décisions”, notamment pour les futures générations.
Revenant sur les bénéfices d’explorer les MNBC, Mme Georgieva a expliqué qu’elles permettent à plus de personnes d’accéder aux services financiers et réduisent les coûts, qu’elles peuvent fournir des systèmes de paiement résilients et efficaces voir même à être un moyen moins cher et plus rapide d’effectuer des paiements transfrontaliers et simplifier les transferts.
Co-organisée par BAM et le FMI, cette table ronde fait partie des activités programmées dans la perspective des Assemblées annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, qui auront lieu cette année à Marrakech.
Cette rencontre réunit de hauts responsables d’institutions financières internationales et d’organismes de régulation pour étudier les implications des MNBC pour la politique monétaire, la stabilité financière, l’inclusion financière et les paiements internationaux.