Paris –le12

Les images de la violente agression de Yuri par une bande de jeunes, récemment à Paris, a mis sous les feux de la rampe un phénomène qui ne cesse de gagner du terrain ces derniers temps en France.
Quelques semaines après cette agression qui a choqué les Français, deux collégiens, âgés de 14 ans, ont été poignardés à mort en février dernier à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) lors de deux rixes entre bandes rivales.
Lundi 8 mars, à Champigny-sur-Marne, une rixe entre bandes a fait deux blessés graves, tandis que le même jour, l’annonce de la découverte du corps sans vie d’une adolescente de 14 ans, violemment battue puis jetée dans la Seine lors d’un différend avec deux camarades de sa classe d’Argenteuil (Val-d’Oise), a plongé la France dans l’émoi et le deuil, suscitant une vague d’indignation et soulevant beaucoup d’interrogations sur les causes derrière la recrudescence de ces violences.
Selon des chiffres officiels, 357 affrontements entre bandes ont été recensés en 2020 en France contre 288 une année auparavant, ce qui représente une hausse de près de 25%.
Ces affrontements ont fait trois morts et 218 blessés, d’après le ministère de l’Intérieur.
En région parisienne particulièrement (95% des bandes et 84% des affrontements se situent en Ile de France, notamment en grande couronne – Essonne et Val d’Oise, précise-t-on.
Sociologues, psychologues et criminologues ainsi que certaines voix de l’opposition pointent du doigt un manque de confiance dans les institutions, une perte de contrôle parental et des autorités ainsi qu’une incapacité des institutions à répondre de façon adéquate à ce genre de violences impliquant notamment des mineurs.
D’autres voix, plus mitigées, plutôt que de parler d’une réelle augmentation des rixes entre bandes rivales ces derniers temps, préfèrent évoquer une augmentation de la visibilité de ces actes dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Mais, face à un phénomène qui inquiète de plus en plus la société française, le gouvernement veut agir rapidement et prône la fermeté.
Dans ce contexte, une rencontre a réuni, récemment, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Éducation nationale, avec préfets, procureurs et recteurs d’Ile-de-France pour répondre au phénomène et renforcer la lutte contre les bandes.
Pour ces trois départements, la multiplication des affrontements en région parisienne particulièrement, le très jeune âge des protagonistes (13 à 15 ans) et la tendance à la provincialisation du phénomène qui s’étend à des rixes entre jeunes non liées à des quartiers et développant via les réseaux sociaux des rivalités pour des motifs divers, requièrent le renforcement de l’action interministérielle.
Cette question a été également abordée lors du dernier conseil des ministres au terme duquel le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a estimé que face à ce phénomène qui « s’intensifie à certains égards », l’exécutif doit adapter et renforcer sa réponse avec “une action à 360 degrés”.
M. Attal a insisté sur la nécessité d’une «réponse coordonnée» entre départements publics et services sur le terrain, rappelant le plan de lutte contre les violences en bandes lancé par le gouvernement, axé notamment sur une meilleure organisation des forces de l’ordre, une collecte renforcée des renseignements et une meilleure coordination entre les différents services.
Le plan de lutte contre les bandes, initié en 2010 pour améliorer le recueil du renseignement, spécialiser les services, recourir à la vidéo-protection, développer l’action judiciaire, le partenariat et la prévention, a été consolidé par la désignation de référents bandes au sein des forces de l’ordre, la mobilisation de la police technique et scientifique et la veille des réseaux sociaux.
L’enjeu, selon lui, c’est aussi d’avoir une réponse pénale plus rapide et plus efficace pour les mineurs, en précisant que l’objectif de la réforme du code pénale des mineurs était de réduire le délai de réponse pénale de 18 à 3 mois après la commission des faits.
Dans le même sillage, les collaborateurs du premier ministre Jean Castex, qui présidera vendredi à Matignon une nouvelle réunion interministérielle consacrée à ce phénomène, affirment que le chef du gouvernement n’entend pas laisser impunies les rixes qui se multiplient ces dernières semaines.
M. Castex entend aussi, au-delà de la politique répressive, mettre en œuvre une politique préventive à travers les questions d’éducation, de politique de la ville et une meilleure coordination entre la police et la justice.