Paris – le12
Avec le tourisme, la culture est le secteur le plus touché par la crise due à la pandémie du nouveau coronavirus en France où l’activité culturelle plonge dans un marasme sans précédent.
La culture, souvent présentée comme un soft-power qui fait rayonner l’image de l’hexagone de par le monde, mais qui contribue aussi à la croissance économique à hauteur de 2,3% du PIB, outre son impact indirect sur les autres industries créatives comme le tourisme et le luxe, vit depuis le début de la pandémie dans la tourmente à coup de confinements, de couvres-feu et de restrictions drastiques des déplacements.
Selon des chiffres du Département Études du ministère de la Culture, l’activité avait chuté de 36% pour les musées et de 72% pour le spectacle vivant au mois de juillet dernier.
Et en dépit du soutien colossal de l’Etat, à travers la mobilisation de plus de 5 milliards d’euros d’aides depuis le mois de mars 2020 et 2,9 milliards à partir de mai, la crise continue de peser lourdement sur les acteurs les plus fragiles de la culture et des médias, avec des entreprises menacées de faillite et des fermetures de galeries, de théâtres, de musées et de cinémas et l’annulation de festivals, entre autres.
Face à une cette situation, les professionnels ne cachent pas leur amertume en revendiquant un soutien plus important à l’Etat et surtout l’autorisation de pouvoir lever leurs rideaux et renouer avec le public.
Ils se plaignent d’une sorte de “discrimination” à leur égard, car alors que les transports publics, commerces et marchés ont pu rouvrir tout en étant des espaces de brassage à haut risque de transmission du virus, les établissements culturels, qui s’étaient engagés au sortir du premier confinement de mars dernier à suivre un protocole sanitaire stricte et à réduire la jauge de leur clientèle, ont été contraints à maintenir leurs rideaux baissés, à la levée du deuxième confinement décrété fin octobre dernier.
Ils ont déploré la décision de l’Exécutif d’avoir autorisé la réouverture de tous les commerces, mais pas des lieux culturels, le 28 novembre dernier, la culture figurant parmi les produits “non essentiels”.
Le gouvernement promettait une décision dès que les indicateurs sanitaires en lien avec le Covid-19 le permettent, mais l’apparition de nouveaux variants du Covid-19 est venue jeter un coup de froid coupant court à toute lueur d’espoir.
“Nous sommes face à un nouveau chapitre de l’épidémie qui nous prive de visibilité”, déclarait la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, à l’Assemblée nationale.
Dans un tel contexte, son Département a promis de prolonger l’accompagnement économique et financier, des secteurs à l’arrêt depuis le 30 octobre 2020.
Dans son entourage, on affirme que le ministère travaille sur une actualisation des calibrages budgétaires des mesures transversales dont les exonérations de charges sociales, l’activité partielle sans reste à charge, et les prêts garantis par l’Etat et des mesures spécifiques à travers le fonds de sauvegarde et le fonds d’urgence.
Dans ces conditions assez particulières, des signes de solidarité sont apparus dernièrement, le dernier en date avec l’annonce par France Télévisions du lancement début février d’une chaîne éphémère sur la TNT, pour soutenir la culture. Baptisée Culturebox, cette chaîne gratuite sera diffusée jusqu’à la réouverture des lieux culturels et accessible sur “tous les écrans, notamment sur le bouquet de TNT”.
Au programme, la chaîne proposera “concerts, spectacles de théâtre et de danse, festivals captés ces toutes dernières années à Paris, au cœur des régions et en Outre-mer”.
La nouvelle chaîne diffusera chaque semaine un spectacle inédit, ainsi que des rendez-vous quotidiens avec les acteurs du monde de la culture.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les plates-formes des industries de contenu qui proposent une offre virtuelle payante ont profité de la crise pour développer leur positionnement sur le marché avec à leur tête le streaming.
Ces plateformes ont trouvé dans la crise du secteur culturel avec la fermeture des salles de cinéma, des théâtres et des salles d’opéra, entre autres, une manne et un négoce juteux pour attirer une part d’un public avide des dernières nouveautés artistiques.