L’affaire controversée de la « Essinya », que certains ont jugée illégale, a été initiée par Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti, à travers un appel ouvert à la contribution, avec un discours émotionnel mêlant religion et patriotisme, dans une tentative de lui donner un vernis de “volonté populaire”.

Rabat – Journal ‪le12.ma‬

Dans une démarche politique inédite, le Parti de la justice et du développement (PJD), qui a dirigé le gouvernement pendant dix ans, a lancé une campagne de collecte de fonds auprès des congressistes, des membres du parti et de ses sympathisants, afin de financer son neuvième congrès national prévu pour les samedi et dimanche 26 et 27 avril 2025.

Une réalité qui reflète l’ampleur du changement que traverse le parti, non seulement en termes de présence politique, mais aussi dans la structure de son autofinancement.

L’affaire controversée de la « Essinya », que certains ont jugée illégale, a été menée par Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti, à travers un appel ouvert à la contribution, avec un discours émotionnel mêlant religion et patriotisme, dans une tentative de lui donner un vernis de “volonté populaire”.

Mais les documents comptables racontent une autre histoire : les dysfonctionnements dans la gestion financière du PJD sont documentés par la Cour des comptes, allant du retard dans la présentation des documents jusqu’aux subventions à restituer.

La Cour des comptes avait recommandé, par le passé, au parti de veiller à présenter ses comptes annuels dans les délais prévus conformément à l’article 44 de la loi organique n°11.29 relative aux partis politiques, et de fournir tous les justificatifs nécessaires à l’appui des dépenses engagées sous forme de factures, de conventions, d’états d’honoraires ou de pièces conformes aux exigences légales et réglementaires.

Elle a également appelé le parti à restituer au Trésor public les montants des subventions indûment perçues lors des élections du 8 septembre 2021.

Ce qui intrigue encore davantage dans cette affaire de « Essinya », c’est que le recours à cette collecte de contributions volontaires pourrait sembler acceptable s’il s’agissait d’un petit parti peu connu, ou d’une structure éphémère créée pour les élections.

Mais lorsqu’il s’agit d’un parti qui a dirigé le gouvernement pendant dix ans, une question essentielle se pose : un parti qui prétend gouverner un pays peut-il échouer à gérer ses propres ressources ? Et les discours identitaires suffisent-ils à masquer la réalité d’une organisation en proie à une fragilité financière interne ?