Rabat –le12
La pandémie de Coronavirus a été au centre de l’actualité de 2020, en raison de ses répercussions mondiales, qui continuent de se refléter sur plusieurs secteurs, notamment celui de la culture et de l’art, marqué par un gel “presque total” et accentué par la disparition de plusieurs de ses pionniers, dressant ainsi le bilan d’une année “presque blanche”.
En effet, les neuf derniers mois de l’année 2020 ont été marqués, depuis l’instauration de l’état d’urgence sanitaire au Maroc visant à endiguer la propagation de la Covid-19, par un arrêt quasi-total des manifestations culturelles et artistiques, dont certaines ont été interdites et d’autres suspendues, compte tenu de leur aspect de masse, qu’il s’agisse du théâtre, du cinéma ou des festivals de musique.
Dans un diagnostic mis en avant par le président de la Fondation Salé pour la Culture et les Arts, Mohamed Lotfi Mrini, a estimé que “l’année 2020 a été, pour la culture et les arts, une année presque blanche”, expliquant dans ce sens que c’est la nature même du virus qui a restreint les déplacements et regroupements, et engendré, entre autres, l’annulation de grands événements, ainsi que la fermeture de bibliothèques et d’institutions culturelles, dont les salles de cinéma.
Il a ajouté, dans sa déclaration à la MAP, que “ces mesures instaurées ont mené à une paralysie artistico-culturelle dans les espaces publics”, en plus de leurs lourdes conséquences sur la situation sociale d’une large tranche d’employés évoluant dans le milieu, dans la mesure où “plus de 1.000 familles impliquées dans cette industrie ont été directement affectées par cet arrêt”.
Par ailleurs, le président de la Fondation Salé pour la Culture et les Arts a indiqué que “le soutien exceptionnel octroyé par le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports a contribué à l’allègement de l’impact de la pandémie sur les travailleurs du secteur, notamment celui de l’édition et du livre” et ce, “dans une période qui a connu la rareté des aides relatives à l’organisation des manifestations culturelles et artistiques, accordées par les collectivités territoriales”.
En réalité, seul un “atterrissage d’urgence” des activités et manifestations culturelles et artistiques sur les plateformes digitales a permis au secteur de survivre dans son combat contre le virus, étant donné que plusieurs organisateurs de festivals de cinéma et de musique ont initié des éditions numériques sur les réseaux sociaux, pour assurer la continuité de leurs manifestations auprès du public et ainsi, alléger les maux de ce virus sur les esprits, particulièrement lors de la période de confinement.
A cet effet, M. Mrini a affirmé que le recours aux réseaux sociaux par les acteurs culturels pour mettre en valeur leurs activités a contribué “à rattraper partiellement les pertes de l’offre culturelle”.
Toutefois, a-t-il relevé, alors que “le département de tutelle et les collectivités territoriales auraient pu œuvrer pour une mise en place massive des plates-formes artistiques numériques et développer des mécanismes pour encourager la production artistique et élargir, en conséquence, le cercle du grand public, ils se sont contentés d’une intervention routinière, jugé faible dans cette conjoncture exceptionnelle”.
En outre, le président de la Fondation a exprimé sa crainte quant à l’année à venir “qui ne sera pas meilleure que la précédente”, s’agissant d’une année électorale qui ne permet pas de développer de nouveaux programmes par un gouvernement en fin de mandat.
Concernant la situation du secteur de la culture et des arts durant l’année 2020, le président de la Fondation Tayeb Saddiki pour la Culture et la Création, Bakr Seddiki, a fait savoir dans une déclaration similaire, que la pandémie de la Covid-19 a “presque suspendu” les activités culturelles, en rompant la relation intime qui les lient au public et aux espaces de spectacles.
Selon M. Seddiki, la pandémie a levé le voile sur “la fragilité du secteur de la culture et des arts, toujours en cours de structuration, les textes de loi n’étant toujours pas entré en vigueur, notamment ceux qui ont trait à l’artiste et aux métiers de l’art”.
Et de souligner que beaucoup d’artistes ont été touchés matériellement par l’arrêt de leurs activités et n’ont pu bénéficié que de l’appui octroyé aux travailleurs relevant du secteur informel.
Il a également évoqué le rôle joué par les artistes, musiciens et acteurs, dans la sensibilisation contre la propagation de la Covid-19, essentiellement en période de confinement, en plus de leur présence considérable sur les réseaux sociaux, marquée par diverses manifestations culturelles et artistiques et ce, malgré la difficulté à remplacer les activités nécessitant une interaction entre le public et l’artiste.
D’après le président de la Fondation Tayeb Seddiki, il est essentiel de tirer profit de la leçon de la Covid-19, en renforçant le rôle des artistes et en consacrant leur rôle dans la culture et la promotion sociale, rappelant que de nombreuses problématiques ont été traitées par le cinéma, le théâtre et les œuvres télévisées, documentant avec succès une partie importante du patrimoine marocain non-écrit.
Il a noté, à cet égard, que le Maroc qui s’apprête à adopter un nouveau modèle de développement, se doit de placer la culture au cœur de ses priorités, tout en adoptant une politique globale des industries culturelles en harmonie avec le 21ème siècle et favorable à l’exportation du produit culturel national.
En plus d’être affecté par les répercussions de la pandémie, le secteur de l’art et de la culture a été tacheté, en 2020, par la perte d’artistes, d’acteurs et d’intellectuels, ayant marqué de leur empreinte la scène artistique nationale.
En effet, cette année singulière a été caractérisée par la disparition de personnalités de renom dans le secteur de la culture et de l’art au Maroc, parmi lesquelles l’artiste et ancienne ministre de la Culture, Touria Jebrane, l’ancien directeur de la chaîne de télévision 2M et du Centre cinématographique marocain (CCM), Noureddine Saïl, les acteurs Abdeljabbar Louzir, Abdeladim Chennaoui, Aziz Saadallah et Anwar El Joundi en plus du chanteur Mahmoud El Idrissi, du metteur en scène et réalisateur, Abdessamad Dinia, et de l’artiste peintre Mohamed Melehi.
L’année 2020 aura été douloureuse pour le secteur de la culture et de l’art, à la fois en raison de la pandémie de Coronavirus, qui lui a imposé une phase “blanche”, et de la disparition de ses pionniers, qui ont laissé derrière eux une peine inconsolable.