Casablanca – le12

 Vivre une pandémie à l’heure du big data n’est pas sans avoir ses avantages. Face à la progression exponentielle du coronavirus, l’usage des données numériques a fait ses preuves, grâce au déploiement de l’intelligence artificielle, de la robotique et de la géolocalisation.

Ces outils numériques mis au service des systèmes de surveillance ont largement contribué au repérage des personnes contaminées et au suivi de l’évolution du Covid en temps réel, à même d’accompagner les Etats dans la prise de décision, tout en renforçant le respect du contrôle et du confinement.

Drones, Qr code, applications de géolocalisation, systèmes de reconnaissance faciale, caméras thermiques… tous les moyens technologiques sont bons pour pister les personnes infectées et tenter d’endiguer l’épidémie.

Le recours à ces technologies est donc devenu un indispensable au fur et à mesure de la propagation de la pandémie, pour leur efficacité démontrée à localiser et détecter les personnes potentiellement contaminées, avertir les populations susceptibles d’avoir été exposées au virus, voire même de contrôler et évaluer le respect du confinement.

Ces technologies sont opérationnelles dans plusieurs pays à l’échelle mondiale, notamment en Europe, où des drones permettent de monitorer le respect des mesures de distanciation sociale dans les lieux publics et de surveiller les individus en quarantaine.

En Russie, ce sont des caméras thermiques et de reconnaissance faciale qui sont mises en service un peu partout dans le pays, pour suivre les déplacements des personnes de manière agrégée et repérer les personnes infectées.

En Chine, l’usage du Qr code, qui est un identifiant numérique, est très répandu. Ce dernier sert de laissez-passer en fonction des couleurs attribuées selon l’état de santé des personnes, et d’un marqueur de points de passage pour le suivi de leurs déplacements.

Pour contrer la propagation du virus, le Maroc a lancé l’application de traçage “Wiqaytna” qui permet de notifier un utilisateur si un autre usager, qui se trouvait à proximité durant les 21 derniers jours, est confirmé positif au Covid-19.

L’application, qui a été autorisée par la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), s’inscrit dans la stratégie nationale de lutte contre la pandémie, et a pour objectifs de renforcer des mesures de confinement, traquer les déplacements et permettre aux autorités de s’informer dans les barrages de contrôle sur le processus de suivi des déplacements.

Si l’utilité des technologies de surveillance en temps de coronavirus n’est plus à démontrer, leur usage à outrance continue de préoccuper les associations des droits et libertés individuels, qui alertent contre le recours à ces technologies pour d’autres fins que celles avancées, visant la protection de la santé publique et la lutte contre la pandémie.

Ces associations mettent également en garde contre le “contact tracing”, une technologie de traçage, qui permet de retracer tous les contacts d’une personne et de collecter les données sur ses interactions, ses déplacements et ses fréquentations, dénonçant l’exploitation abusive et détournée des données personnelles et des traces numériques collectées dans certains cas à l’insu des utilisateurs.

Parallèlement, ces associations qui incitent au respect de la vie privée et au secret médical alertent contre les effets négatifs à long terme des dispositifs de technologies de surveillance mis en place et qui risquent de se pérenniser même après l’épidémie, pour rentabiliser leur coût d’investissement.

Pour ainsi dire, les technologies de surveillance visant à contenir le virus ne doivent pas servir à des fins illégales et porter atteinte à nos droits sans forcément garantir notre sécurité. Il est donc important que le bénéfice en matière de contrôle et d’aide à la prise de décision dans le domaine de la santé publique apporté par ces technologies soit mis en balance avec leur impact sur les libertés publiques, à défaut d’entrer dans une nouvelle ère dominée par des systèmes de surveillance numérique invasive.