Casablanca – le12
Poussées par la ferme volonté de réaliser leur autonomie financière et d’améliorer leurs conditions sociales, des femmes se sont organisées au sein de coopératives à caractère solidaire, sauf que l’irruption de la pandémie du nouveau coronavirus a perturbé leurs projets et mis en péril leur rêve.
L’ampleur de la crise sanitaire les a propulsées au bord du précipice, dont la seule issue est de mutualiser leurs efforts et de se lancer dans une vraie lutte de survie, de crainte de disparaître purement et simplement du tissu économique national.
Dans des témoignages recueillis par la MAP, des opérateurs de coopératives récemment créées dans la région de Casablanca-Settat et des acteurs concernés par leur sort ont expliqué que l’instauration du confinement obligatoire pour plusieurs mois, sur fond de l’état d’urgence sanitaire, a imposé la réflexion sur de nouvelles alternatives pour la commercialisation des produits et la prospection de nouveaux circuits grâce aux possibilités offertes par la digitalisation.
En dépit des défis majeurs occasionnés par la pandémie et ses conséquences néfastes sur les plans de développement des coopératives, plusieurs d’entre elles ont su se surpasser et transformer la crise en une opportunité pour générer de nouvelles recettes et créer de l’emploi, a souligné Mme Nadia Mizan, présidente de la coopération Al-Manal de textile et de couture, établie dans l’arrondissement de Casablanca-Anfa.
Longtemps spécialisée dans la tapisserie et la couture des djellabas, la coopérative s’est convertie dans la fabrication des masques et des blouses de protection, selon les standards de l’Institut marocain de normalisation (Imanor), a-t-elle relaté, assurant que c’est là une manière de contribuer à l’effort national de lutte contre la pandémie et de préserver les sources de revenu des adhérents et des travailleurs.
Un autre exemple d’adaptation pour la survie a été donné par la coopérative d’apiculture “Safwat Ibdaa Bladi”, basée dans la commune de Dar Bouazza, province de Nouaceur, qui s’est déployé pour relever le challenge à travers la diversification de ses produits.
Au lieu de rester confinée dans la seule commercialisation du miel, la coopérative a étendu le spectre de ses activités en mettant à profit l’ensemble des produits de la ruche, comme la cire, la gelée royale et le propolis, a raconté son président Ahmed Ben Slimane.
La coopérative a, ainsi, réussi à élargir le rayon de ses clients potentiels et gagné en visibilité, s’est-il réjoui, tout en mettant l’accent sur le respect des normes de qualité fixées par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).
En appui aux efforts de maintien et de développement des activités de ces entités capitales pour l’inclusion sociale et économique, l’Office du développement de la coopérative (ODCO) a lancé, en avril dernier, un appel à des partenaires volontaires pour les appuyer à élaborer leur propre identité visuelle (logo) ou à leur apporter un accompagnement technique en marketing digital, suite à l’annulation des foires locales, nationales et internationales.
Dans ce sens, un co-fondateur de la Fédération des services informatiques (MSCOOP), Lahcen Moukni’a, a indiqué que son organisation s’est portée volontaire pour aider 6 coopératives dans différentes segments d’activité à se doter d’une identité visuelle.
Il a suggéré à ces entités à se constituer en un regroupement et à travailler ensemble pour lancer une plateforme électronique commune afin de faire face à la rude concurrence, moderniser leurs modes de commercialisation et, de la sorte, pouvoir conquérir les marchés étrangers en toute fluidité.
Même avis chez le délégué régional par intérim de l’ODCO à Casablanca, Mohamed Hannouni, qui a souligné le caractère vital de la digitalisation, qui reste l’un des outils les plus efficaces sur lesquels parie l’Office pour soutenir les coopératives et promouvoir leur action.
L’Office a, à cet effet, organisé, en coordination avec Dar Al-Moukawil, des sessions de formation en ligne traitant de la commercialisation digitale et des moyens de financement, deux thématiques qui s’imposent avec acuité dans ces circonstances particulières.
Il a, de surcroît, mené des contacts auprès des grandes surfaces pour dédier plus d’espaces aux produits des coopératives, à côté du lancement d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) pour bénéficier de la quatrième tranche de “Mourafaka” au profit des coopératives éligibles à ce programme, destiné à l’appui post-création aux coopératives nouvellement créées.
A fin février, la région de Casablanca-Settat comptait 2.549 coopératives et 33.822 adhérents, dont 416 coopératives féminines opérant dans le secteur des produits de l’artisanat et du terroir et mettant à contribution plus de 2.500 membres.
Le secteur agricole vient tout naturellement en tête avec un pourcentage de 58%, suivi de l’artisanat (22%). La province d’El Jadida abrite le tiers des coopératives de la région, devant le province voisine de Sidi Bennour (22%) et la métropole de Casablanca (17%).