Rabat – le12
Les pertes du secteur de la presse marocaine en raison de la pandémie du nouveau coronavirus ont avoisiné les 243 millions de dirhams en trois mois en raison de la suspension de l’impression des journaux, a indiqué le Conseil national de la presse (CNP), qui évoque aussi les mesures “douloureuses” ayant concerné les employés de plusieurs établissements médiatiques.
Dans un rapport sur les répercussions de la pandémie sur le secteur de la presse marocaine, le CNP fait également état de la forte chute des recettes publicitaires de 110 pc entre le 18 mars et 18 mai 2020 en comparaison avec la même période de l’année précédente.
La crise causée par la pandémie, même si elle est conjoncturelle, aura de dures répercussions et exacerbera la crise structurelle de la presse marocaine, estime le rapport.
Pour faire face à cette situation, le CNP présente une trentaine de mesures réalistes et réalisables pour sauver le rôle sociétal de la presse marocaine à travers le soutien de la lecture des journaux, le développement de la subvention publique, l’organisation du marché publicitaire et la révision de la formation et de la qualification des ressources humaines, outre les incitations pour la création d’une industrie médiatique compétitive.
Le rapport est basé sur une enquête réalisée entre le 25 mai et le 4 juin sur un échantillon aléatoire représentatif composé de 30 titres, ainsi que l’audition de tous les opérateurs du secteur dont la Fédération marocaine des éditeurs de journaux, l’Union des annonceurs du Maroc, l’Union des Agences Conseil en communication, la société de distribution Sapress, les imprimeries des grands journaux au Maroc, outre la prise en compte des dernières études relatives à la lecture des journaux et à la situation économique des entreprises de presse et du marché publicitaire.
Il souligne que la crise de la presse marocaine s’est aggravée au cours des trois dernières années avant la pandémie, puisque les ventes des journaux sont passées sous la barre de 200.000 exemplaires quotidiennement avec une baisse de 33 pc pour les quotidiens, de 65 pc pour les hebdomadaires et de 58 pc pour les magazines.
La part de la publicité dans la presse papier et électronique a également connu une baisse de 50 pc entre 2010 et 2018 et a chuté de 72,4 pc durant les cinq premiers mois des trois dernières années.
Le rapport, réalisé par la commission de l’entreprise de presse et de la mise à niveau du secteur, a révélé que la presse papier perdait annuellement 365 millions de dirhams en raison de la lecture gratuite dans les lieux publics, estimant que la crise de la presse n’est pas une crise de lecture mais d’un produit qui nécessite un investissement matériel et humain mais qui est consommé gracieusement.
Le document souligne, à cet égard, que la subvention publique annuelle accordée à la presse marocaine, qui atteint 60 millions de dirhams, ne couvre que près de 17 pc des coûts de la lecture gratuite des journaux au Maroc.
Pour ce qui est de la presse digitale, sa part dans le marché publicitaire, estimée à 11 pc avec un montant 600 millions de dirhams, n’est qu’une part “trompeuse”, estime le rapport, expliquant que 80 pc des investissements publicitaires bénéficient aux géants de l’Internet notamment Facebook et Google, alors que la presse électronique marocaine ne reçoit que 120 MDH dont la grande partie est destinée aux quelques journaux à grand tirage.