marche verte 2025

La Corée du Sud, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques avec le Maroc, dispose d’un capital immatériel de grande richesse.

Grâce à un voyage organisé en leur faveur par la KOCIS (Korean Culture and Information Service), des journalistes et des correspondants de divers pays ont pu découvrir la diversité et l’originalité de l’héritage ancestral coréen. Le métier des femmes de la mer a été l’une des grandes découvertes de ce voyage au « Pays du matin calme. Rencontrées à la ville côtière de Pohang, à près de 300 kilomètres de la capitale Séoul, ces femmes courageuses et sourire aux lèvres, appelées « Haenyeo » enfilent quotidiennement leur combinaison, un masque, des palmes et un tuba. Été comme hiver, quatre-vingt-dix jours par an, elles prennent leur « taewak » sur le dos, une bouée orange contenant un filet, avant de s’infiltrer dans l’océan pour pratiquer le « muljil », un art de pêcher en apnée transmis, de mère en fille, dès le plus jeune âge.

Plongeuses expérimentées, les « Haeneyo », originaires de la province du Jeju, île du sud de la Corée, peuvent retenir leur souffle durant plus de deux minutes. Et ce, pour ramasser des algues et récolter des fruits de mer à l’aide d’un couteau  et une sorte de crochet, en descendant jusqu’à 10 mètres pour les plus chevronnées, lorsque les conditions météorologiques le permettent.

Alors qu’en 1950, il y avait environ 30 000 « haeneyo » sur l’île, en 2022 elles ne sont plus que près de 2000 femmes de la mer, dont la quasi-totalité ont entre cinquante et 80 ans. Avec le nombre de « haeneyo » déclinant, et le développement tourisme qui donne aux habitants de cette région plus d’opportunités, le futur du statut de leurs filles dans la communauté et la famille est incertain, et il semble incertain que ce type de société matriarcale perdure.

Très attachée à ce capital identitaire, Son Eun Kyung, jeune héritière de cette tradition menacée de disparition a choisi de suivre le chemin de sa mère qui exerce cette activité depuis près de quarante ans. « Mon frère et moi, explique-t-elle, avons choisi de faire ce métier, ce qui n’est pas le cas des autres jeunes qui ont quitté cette région pour d’autres carrières plus lucratives. Notre objectif est de perpétuer cet héritage en péril, malgré le soutien matériel et technique des autorités publiques concernées. » Son Eun Kyung est catégorique, il s’agit pour elle d’un patrimoine à préserver. A Pohang, elles étaient il y a juste quelques années une centaine de femmes à exercer ce métier, aujourd’hui, elles ne sont plus que 35, faute de relève.

Koo Kyang Whae, responsable des activités de la mer à la mairie de Pohang a indiqué que cette région se distingue par la diversité des produits de la mer, ce qui offre aux « haeneyo » une opportunité d’améliorer leurs revenus. Il a indiqué à cet effet qu’il s’agit d’un métier bien encadré. « De manière générale, révèle-t-il, les femmes de la mer ne sont pas imposables, mais sont appelés à remettre 30% de leurs récoltes à la mairie qui met à leur disposition le matériel et les équipements adéquats pour exercer leur métier en toute sécurité et dans les meilleures conditions.