La définition classique du parti politique stipule qu’il est un groupement de personne unies autour d’un programme politique qu’ elles souhaitent mettre en œuvre au sein d’un système politique et institutionnel.

Du coup, l’objectif d’un parti politique PP est d’influencer l’autorité et le pouvoir politique en place soit en le soutenant ou en s’y opposant.

    Si théoriquement ladite définition est claire, elle est tout de même insuffisante pour servir de base pour appréhender   les tenants et aboutissants du fonctionnement d’un PP ; c’est là où apparait  l’utilité de l’analyse stratégique et systémique qui constitue une approche sociopolitique pertinente et appropriée à l’étude du fonctionnement formel et informel du PP ; étant donné que nous considérons ou plutôt nous supposons que ce dernier est un phénomène social et une organisation semblable à d’autres au sein desquelles  on trouve toujours un fonctionnement visible, formel et officiel puis il y a le caché, l’informel  et le non officiel mais qui participe au fonctionnement de l’organisation.

    L’analyse  stratégique et systémique permet de s’intéresser au formel et à l’informel comme deux facettes interdépendantes et complémentaires de la même pièce permettant de servir de base pour accomplir un diagnostic organisationnel portant sur le PP, clarifier l’ambiguïté créée par l’interprétation humaine puis comprendre les circuits d’interaction des individus.

    En clair, l’approche stratégique s’intéresse à la dynamique des groupes, aux conflits d’intérêts et à l’influence des relations de pouvoir.

Elle prête attention à l’interaction entre le fonctionnement formel et informel, analyse la manière dont l’un pèse sur l’autre et transforme l’un et l’autre ; enfin il s’agit de comprendre les comportements comme des interactions sociales et expliquer ces comportements comme des relations de pouvoir.

    Il est à noter que le pouvoir, qui est la capacité à exercer une influence et obtenir quelque chose de quelqu’un, constitue un concept essentiel de l’analyse stratégique et systémique, c’est pourquoi la résolution des problèmes à l’intérieur d’un PP et entre ses acteurs est toujours un enjeu de pouvoir. Il va de même pour la production de solutions en tant que conquête de pouvoir qui occasionne des rapports de force entre les différentes parties, car les solutions décidées et arrêtées avantagent certains acteurs et désavantagent d’autres.  

    Un autre concept pas moins important que le pouvoir est la zone d’incertitude : il s’agit d’une zone d’interaction, un secteur d’activité qui n’est pas clairement et précisément défini et délimité au sein de l’organisation qui, peu importe à quel point elle est formalisée, reste toujours des zones qui n’ont pas été prévus et des interactions qui échappent à l’encadrement. Et même dans un PP dont les activités sont   très encadrées, ses membres ont toujours la possibilité de contourner la règle, de l’appliquer à leur style, à leur manière et à leur rythme pour tenter de prendre le contrôle de ces zones d’incertitude.

    Ce que nous enseigne l’analyse stratégique et systémique c’est que dans un système comme le PP les acteurs sont en permanence amener à adopter une stratégie de négociation leur permettant de s’adapter aux transitions et changements et faire face aux aléas du fonctionnement organisationnel.

   En guise de conclusion, lorsqu’on s’apprête à s’engager dans une analyse stratégique et systémique des questions clés s’imposent, primo : quels sont les acteurs impliqués ? , secundo : quels sont les enjeux pour chacun d’eux ? , tertio : quels sont leurs relations réelles et non prescrites sur leur discours officiel ?, et en fin quelle stratégie peut-on observer chez ces acteurs à partir des comportements réguliers qu’ils ont les uns envers les autres ?.

   Le simple fait de poser ces questionnements et de s’efforcer d’y apporter des réponses palpables, objectifs et documentés éclaire notre vision sur la vie des organisations, en l’occurrence les partis politiques, et permet d’appréhender leur fonctionnement réel au-delà des apparences.

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AbdelIllah Ferouat

Docteur en droit