marche verte 2025

Rabat – le12

“Pensez à la planète ! n’imprimez cet e-mail que si nécessaire” est l’exemple d’expressions “persuasives” qui affleurent à la fin des courriels pour inciter à réduire la consommation de papier.

Néanmoins, malgré la prise de conscience collective et mondiale sur l’urgence climatique, qui se place désormais au cœur des préoccupations et impose d’agir dans le cadre d’une démarche écoresponsable, les entreprises peinent à réduire leur consommation de ramettes.

En effet, la consommation mondiale de papier augmente progressivement au fur et à mesure que les États et les entreprises amorcent de grands chantiers de dématérialisation et de numérisation des services, un processus dont l’importance s’est faite ressentir et qui s’est accéléré durant le confinement sanitaire.

D’après le site électronique des statistiques mondiales en temps réel “planetoscope.com”, la production mondiale de papier a augmenté de 0,8% en 2016 pour atteindre 410 millions de tonnes, alors que les produits d’emballage ont diminué de 2,3%.

Autrement dit, 13 kilogrammes de papier sont produits dans chaque seconde dans le monde, indique le même site, déplorant une hausse continue de la consommation de papier et qui est plus rapide que les capacités de production.

Pour se rendre compte de l’ampleur de ces chiffres, difficile à appréhender au premier abord, l’ONG Greenpeace explique qu’il faut deux à trois tonnes de bois pour fabriquer une tonne de papier classique, soit la disparition annuelle à travers le monde de 250.000 hectares de forêt tropicale.

En plus d’être énergivore, l’industrie papetière est une grosse consommatrice d’eau dans le processus d’extraction de la cellulose des fibres du bois que l’on transforme ensuite en pâte par des procédés chimiques, faisant intervenir des substances très toxiques pour la biodiversité.

Toutefois, malgré la culpabilisation sur l’état de la planète, la sensibilité croissante à la cause environnementale et l’adoption d’écogestes dans notre quotidien, les initiatives globales plus respectueuses de l’environnement ont du mal à se mettre en route.

La célébration de la journée mondiale sans papier, qui se tient cette année le 06 novembre, est alors une occasion importante pour sensibiliser davantage le public sur l’impact écologique de la production et de la consommation de papier dans un monde qui peut désormais s’en passer, a indiqué, dans un entretien accordé à la MAP, le climatologue et expert en développement durable Mohammed Benabbou.

L’industrie papetière se classe au 3ème rang des industries les plus polluantes, a fait savoir M. Benabbou, également ingénieur génie de l’environnement, expliquant que la production d’une feuille A4 nécessite en moyenne 5 litres d’eau, en plus du recours aux agents de blanchiment à base de chlore dans la production de papier qui est à l’origine de libération de matières toxiques dans l’eau, l’air et le sol.

En sus, lorsqu’il pourrit, le papier émet du méthane qui est 25 fois plus toxique que le dioxyde de carbone (Co2), déplore notre expert.

“Notre consommation irraisonnée de papier a pour première conséquence la déforestation car 93% du papier produit vient des arbres”, a-t-il poursuivi, signalant à ce titre que notre planète a perdu 80% de ses forêts primaires à cause d’une activité humaine hostile à l’environnement.

“Malheureusement, ce n’est que lorsqu’on réalise le temps qu’il faut à un arbre pour atteindre sa taille maximale, que nous comprenons l’urgence de protéger nos forêts qui fournissent l’essentiel de notre oxygène et protègent notre planète contre le réchauffement climatique”, a-t-il regretté.

Le boisement et l’expansion naturelle des forêts peuvent être des alternatives pour pallier la déforestation, a-t-il suggéré avant de se rattraper : “le recours à des plantations à croissance rapide que nous avons constaté dans certains pays est problématique pour la biodiversité, les réserves en eau et la qualité des sols”.

Il a souhaité, dans ce cadre, la création d’une “empreinte papier” en tant qu’indicateur SMART pour mesurer l’impact de la consommation de papier de chaque usager sur la forêt.

Après avoir indiqué que 50% des déchets des entreprises est constitué de papier, le spécialiste a mis l’accent sur la nécessité de trouver des alternatives à la forte consommation de papier au sein des sociétés afin de réduire leur empreinte carbone et ainsi devenir des entreprises vertes, amies de la forêt.

Ainsi, pour adopter une attitude responsable vis à vis de l’environnement, M. Benabbou a préconisé le recours au recyclage des déchets papier, l’achat de papier 100% recyclé ou encore provenant de forêts soumises à une politique de gestion durable.

L’impression sur les deux faces (recto/verso) d’une feuille, l’emploi de bacs de recyclage adaptés et l’achat de produits avec le moins d’emballage papier possible sont autant de geste simples à adopter au quotidien pour les entreprises comme pour les particuliers afin de vivre en harmonie avec ces “créatures (forêts, ndlr) indispensables à la vie”, a-t-il enchaîné.