À quelques hours de la tenue du congrès national du Parti de la Justice et du Développement (PJD) pour choisir une nouvelle direction, un débat politique animé fait rage à l’intérieur comme à l’extérieur du parti concernant la future direction que le congrès devra désigner.

Rabat – Anadolu + Le12.ma

À l’approche du congrès national du PJD, prévu les 26 et 27 avril, les discussions s’intensifient quant à l’éventualité d’une nouvelle candidature d’Abdelilah Benkirane à la tête du parti. Ce débat survient alors que le PJD demeure une force politique d’opposition notable, malgré les bouleversements qu’il a connus ces dernières années.

Ce congrès intervient dans un contexte de rivalités au sein de la majorité, de manque de coordination entre les partis de l’opposition, et de défis socio-économiques importants auxquels le Maroc est confronté.

Positions divergentes au sein du parti

Selon Hassan Hamrou, membre du Conseil national du PJD, Benkirane dispose de toutes les compétences pour rester secrétaire général. Il souligne son rôle clé dans le redressement du parti après la débâcle électorale de 2021.

À l’inverse, Abdelaziz Aftati, autre cadre du parti, estime que le PJD a atteint un niveau de maturité institutionnelle qui le rend indépendant des figures individuelles.

Un débat politique, pas juridique

Hamrou, également membre du comité préparatoire du congrès, affirme que « le règlement du parti permet à Benkirane de briguer un nouveau mandat », précisant que le débat est politique et non juridique. Il rappelle que la désignation du secrétaire général se fait en deux étapes : d’abord, une présélection par les membres du Conseil national, puis un vote final des quelque 1700 congressistes.

Chaque membre du congrès choisit trois noms à bulletin secret. Les candidats qui obtiennent plus de 10 % des voix sont retenus pour l’élection finale, où le vote se fait également à bulletin secret.

Le poids du contexte post-2021

Hamrou insiste : « Le contexte du congrès et la crise qu’a connue le parti après les élections de 2021 seront déterminants. Benkirane a contribué à rétablir la confiance de nombreux militants, et à préserver la présence du parti sur la scène politique. »

Il estime que « la décision finale doit servir l’intérêt du parti comme outil de réforme. »

Pour une direction fondée sur un programme, non sur une personne

Pour sa part, Aftati plaide pour un recentrage du débat sur les orientations futures du PJD plutôt que sur les personnes. « Le vrai enjeu est de savoir si nous avons une vision claire pour répondre aux défis du pays. Le reste est secondaire. »

Il appelle à un renouvellement générationnel et insiste sur le fait que « l’avenir du parti est entre les mains de sa jeunesse, et non de ses dirigeants historiques. »

Quant au retrait de figures telles que Saâd Eddine El Othmani ou Mustapha Ramid, Aftati y voit une opportunité de renouvellement plutôt qu’un affaiblissement.

Une posture politique constante

Selon Hamrou, l’activité politique du PJD ne dépend pas de sa position dans l’opposition ou au gouvernement : « Notre rôle est d’alerter sur les dérives possibles et de proposer des alternatives réalistes et efficaces. »

Il conclut : « L’expérience acquise au pouvoir renforce notre capacité d’action future. Le PJD est prêt à servir le pays, quelle que soit sa position institutionnelle. »

Le fardeau de la normalisation

Les divisions autour d’un second mandat de Benkirane s’accentuent avec le souvenir amer de la signature des Accords d’Abraham, le 15 décembre 2020, par Saâd Eddine El Othmani alors chef du gouvernement. Ce geste a profondément divisé le parti.

Aujourd’hui, les partisans de Benkirane utilisent cette question comme levier politique, appelant à rompre avec cette « normalisation », pour rallier les militants internes lors du congrès d’avril, et pour séduire l’électorat en prévision des élections de 2026.