Les projets inaugurés jeudi par Sa Majesté le Roi Mohammed VI au Complexe portuaire de Casablanca dépassent le développement d’un secteur vers la création d’un écosystème structurant une géopolitique fonctionnelle à la hauteur des transformations de la géostratégie de l’Atlantique, a indiqué l’expert en géostratégie et sécurité, M. Cherkaoui Roudani.
“L’inauguration par SM le Roi de projets structurants au Complexe portuaire de Casablanca, pour un investissement global dépassant les cinq milliards de dirhams, s’impose comme une démonstration éclatante de la constance d’une Vision Royale où l’infrastructure est pensée non pas comme un outil neutre, mais comme un instrument de souveraineté et un levier de puissance”, a précisé M. Roudani dans une déclaration à la MAP.
Et d’ajouter que dans un monde marqué par l’interconnexion croissante des flux commerciaux, énergétiques et humains, le Maroc affirme ici une lecture fine de la mondialisation contemporaine, notant que la puissance ne se mesure plus seulement à la possession de ressources, mais à la capacité d’un État à organiser, réguler et valoriser les flux qui traversent son territoire.
“Cette logique, que l’on peut qualifier de souveraineté fonctionnelle, se manifeste dans l’édification d’un port de pêche moderne, dans le lancement d’un chantier naval de dimension internationale et dans la mise en service d’un terminal de croisières aux standards mondiaux”, a-t-il dit, soulignant que ces projets, dans leur articulation, expriment une stratégie cohérente qui relie les impératifs socio-économiques aux enjeux géo-économiques et géopolitiques mondiaux.
De ce fait, a-t-il poursuivi, le nouveau port de pêche représente une volonté claire d’organiser un secteur vital, de sécuriser l’approvisionnement alimentaire et de créer une plateforme compétitive pour la valorisation des produits halieutiques, relevant que ce projet incarne la traduction concrète d’une souveraineté maritime, où le Maroc affirme son rôle en Atlantique et en Méditerranée, non seulement comme exploitant de ressources, mais comme acteur organisateur des chaînes de valeur.
Au sujet du nouveau chantier naval de Casablanca, M. Roudani a affirmé que ce projet marque un tournant stratégique et s’avère d’une portée qui dépasse l’industrie.
En érigeant une industrie navale nationale, le Royaume réduit sa dépendance vis-à-vis de l’étranger et s’affirme comme un acteur capable de capter une partie de la demande internationale en construction et réparation de navires, a noté l’expert, insistant sur la portée géopolitique de ce projet et la volonté du Royaume, qui devient un fournisseur de solutions maritimes pour l’Afrique et la Méditerranée, de projeter sa puissance au-delà de ses frontières et d’affirmer son indépendance stratégique.
Quant au nouveau terminal de croisières, il révèle, selon M. Roudani, la profondeur d’une stratégie où le tourisme devient un instrument de soft power et de rayonnement international. “Casablanca s’inscrit désormais dans les grands circuits mondiaux de croisières et se positionne comme une porte d’entrée majeure sur le continent africain”, a-t-il soutenu, estimant que ce choix n’est pas anodin.
“Il s’agit d’une déclinaison de la géopolitique fonctionnelle, où l’organisation des flux humains, financiers et culturels participe directement à la puissance des États”, a-t-il affirmé.
