Casablanca –Par Jaouad Touioule
En raison des mesures de précaution adoptées pour enrayer la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), le flux des donneurs vers les centres de transfusion sanguine a enregistré un recul remarquable au niveau national, donnant lieu à une baisse inquiétante des stocks stratégiques en cette matière vitale.
Il est indéniable que la crainte de contamination et la hausse sensible des cas positifs dissuadent les citoyens, y compris les habitués de cet acte de générosité, à se rendre dans ces centres, qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme un peu partout dans le pays, tout particulièrement à Casablanca, la grande métropole, dont les besoins augmentent tous les jours et dont les stocks ont atteint des seuils critiques.
Même peu nombreux, des jeunes, moins jeunes, hommes et femmes attendent leur tour dans le Centre régional de transfusion sanguine (CRST) de la capitale économique, la plus importante unité de collecte de sang au niveau de la région de Casablanca-Settat, pour venir renflouer les réserves de cette unité, alors que d’autres patientent à l’extérieur dans l’espoir d’obtenir une poche de sang pour sauver la vie d’un proche.
A l’autre proximité du centre, des médecins, infirmiers et administrateurs travaillent d’arrache-pied pour garantir la bonne marche des opérations, ne parvenant plus à dissimuler la crainte légitime d’une pénurie.
Dans une déclaration à la MAP, le Dr. Hind Zajli, une responsable au CRST de Casablanca, a affirmé que les opérations de don de sang connaissent une chute drastique ces derniers temps, du fait que les citoyens redoutent clairement de se rendre dans les centres hospitaliers à cause du Covid-19.
Cette situation coïncide, malheureusement, avec une forte demande en cette matière vitale, fait-elle observer, estimant que cette peur n’est pas justifiée, en ce sens que le centre veille scrupuleusement au respect des mesures de sécurité imposées par le ministère de la Santé, notamment le port du
masque, la distanciation sociale et le lavage régulier des mains au savon, la stérilisation et l’utilisation de matériel à usage unique.
Alors que les actes de don se positionnent sur un trend baissier, la demande, elle, est restée dans les mêmes proportions. Pire encore, les besoins augmentent en cette période de l’année, qui connaît régulièrement une hausse des cas urgents dans les unités hospitalières, à cause des accidents de la circulation, qui viennent s’ajouter aux besoins quotidiens des services de maternité et d’oncologie. Dans la seule ville de Casablanca, on dénombre pas moins de 600 centres hospitaliers qui doivent être alimentés en poches de sang.
Malgré un bon nombre d’initiatives lancées par la société civile et des corporations professionnelles, le déficit est loin d’être comblé, a regretté le Dr. Zejli, précisant que le Centre recevait 200 à 300 donneurs par jours, alors qu’on ne compte, aujourd’hui, qu’une moyenne quotidienne de 50 volontaires, un constat assombri davantage par les dons dits de “compensation”, c’est-à-dire pour un membre de famille.
En vue de remédier à cette situation inquiétante, la direction du CRTS a installé des unités mobiles de don de sang à la place Maréchal à Sidi Othmane, aux quartiers El-Hank et Hay Hassani, ainsi que la commune de Dar Bouazza, pour encourager les citoyens à faire acte de générosité.
“Chaque année, je n’hésite pas à me déplacer dans le Centre pour donner mon sang, qui peut sauver une personne en danger. C’est un geste noble d’humanité. J’incite tout un chacun à faire de même pour venir en aide à des personnes exposées à la mort”, a dit une donneuse régulière, au moment où elle terminait l’approvisionnement d’une poche de plasma.
Un autre donner a brièvement déclaré qu’il “n’a aucun doute qu’il s’agit là d’un devoir religieux et d’un acte de solidarité”. Voilà qui peut encourager d’autres volontaires à se rendre en grand nombre dans les Centre de transfusion sanguine et, peut-être, sauver des vies !