Copenhague – le12
Qu’il pleuve ou qu’il vente, bravant le froid glacial et la grisaille des journées courtes du Danemark, rien ne semble arrêter Meryem Belkihel, la jeune globetrotteuse marocaine de 25 ans, qui a bouclé, samedi, une randonnée de trois jours à vélo sur… les traces des Vikings.
Un VTT portant le drapeau national, un sac à dos, des gants, un casque, des chaussures vélo route, un smartphone avec GPS, et surtout une volonté de fer, et bonjour l’aventure ! Commencent alors les déambulations à travers les méandres sinueux de Copenhague, jusqu’à Dragor, pour prendre d’assaut les villes voisines de Helsingor et de Roskilde, situées à quelque 40 km de la capitale.
Le coup d’envoi symbolique de cette aventure nordique a été donné depuis la Résidence de l’ambassade du Maroc à Copenhague, à l’issue d’une réception conviviale en présence d’un aréopage réduit (pandémie oblige !) d’acteurs associatifs, de journalistes et de cadres de l’ambassade.
Intervenant à cette occasion, l’ambassadeur du Maroc au Danemark, Khadija Rouissi, a mis l’accent sur la pertinence de cette tournée cycliste placée sous le signe “les couleurs marocaines : quand le rouge rime avec le vert”, en référence à l’apport du vélo à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
“Menée par une femme, cette tournée revêt une importance particulière dans le contexte des changements climatiques et de l’intérêt que porte le Maroc à la fois à l’égalité des sexes et au climat”, a-t-elle souligné, notant que partout dans le monde ce sont les femmes et les jeunes filles qui subissent le plus durement les contrecoups des changements climatiques.
Rappelant les efforts déployés par le Royaume en matière de parité à la faveur des multiples réformes et initiatives sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, elle a mis en exergue les importants projets de développement des énergies renouvelables lancés au Maroc en vue de réduire de 52% sa dépendance des énergies fossiles d’ici 2030.
Selon elle, la corrélation entre climat et égalité du genre est si évidente que ce genre de tournée de sensibilisation à vélo ne peut être qu’applaudie et soutenue, d’autant qu’elle émane d’une jeune fille ayant choisi le pari du voyage comme levier de rencontres fécondes, de découvertes renouvelées et d’ouverture sur l’Autre.
Et il paraît que c’est bien le crédo de la globetrotteuse qui évoque sur sa page Facebook un “appel qui me vient de loin et qui m’intime d’accélérer le pas vers une destination et pour une raison inconnues. Et je me lève et je roule, tout simplement !”.
Mais qu’est ce qui fait courir Meryem ? D’où tient-elle cette passion pour l’aventure ?
Dans une déclaration à la MAP, la jeune casablancaise employée d’une multinationale informatique a confié avoir, toute petite, pratiqué la natation et le football, avant de céder à l’amour de la Petite Reine et des multiples possibilités qu’elle offre en termes d’autonomie et de découvertes ; “le moyen idéal pour se surpasser, quitter sa zone de confort, tout en admirant la beauté des paysages”.
Aventurière dans l’âme, elle a multiplié les randonnées, sillonnant tantôt les étendues escarpées du sud-est marocain (Imilchil, Tinghir, Boumalne Dadès, Kelaat M’Goun, Skoura, Toudra), tantôt escaladant les montagnes majestueuses du Haut-Atlas et ses cimes enneigées.
“Que de fois ai-je passé la nuit chez les gens sympathiques de ces zones enclavées ? C’est ça le Maroc profond, le Maroc authentique que j’aime !”, a-t-elle lâché, les yeux pétillant d’un insondable sentiment de gratitude.
Elle rappelle comment un jour, accompagnée d’une amie tchèque, elles s’apprêtaient à dresser leur tente de camping pour y passer la nuit à proximité d’un douar, en attendant la levée du jour pour entamer l’escalade de Jbel Rat qui culmine à 3 412 m dans le Haut-Atlas.
“Un voisin s’est montré intraitable. Il n’est pas question de laisser deux jeunes filles dans le froid. Vous allez passer la nuit parmi les miens”, raconte-t-elle le regard rêveur, comme pour immortaliser tant de générosité, tant d’altruisme.
A-t-elle jamais eu peur ? “Pas le moindre du monde. On risque plus d’agressions dans les grandes villes que dans ces régions si reculées, si pures !”, a-t-elle affirmé.
“D’ailleurs, j’ai hâte d’y revenir au plus vite. Ne serait-ce que pour voir l’avancement des travaux d’un gîte d’étape que nous avons lancé avec le soutien de plusieurs bénévoles, amateurs de randonnées et d’escalade”, a-t-elle souligné.
De retour d’un périple de dix jours et 800 km dans les montagnes, la globetrotteuse a pris part, en novembre dernier à Rabat, à une action symbolique dédiée à mettre en avant les bienfaits du vélo sur la santé, à sensibiliser à l’importance des pistes cyclables, et à promouvoir l’utilisation du vélo comme moyen de transport économique et éco-friendly.
Initiée en marge des célébrations de la journée de la Fille par les ambassadeurs nordiques à Rabat et la représentation du FNUAP et des jeunes filles de l’Association Fraternité, cette action a été l’occasion de jeter la lumière sur l’égalité du genre et la promotion de l’autonomisation des jeunes filles.
Selon elle, le même rêve se poursuit, le même message se réverbère avec l’étape de Copenhague, ville mondialement connue pour la qualité de ses infrastructures cyclables et capitale d’un pays qui ambitionne de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 70% à l’horizon 2050.
“Une fois la pandémie éradiquée, l’aventure reprendra de plus belle”, assure Meryem Belkihel, avec dans le viseur un tour du Maroc à vélo et un projet de voyage en… Tanzanie.