Rabat – le12
Avec son arrivée imminente en France, prévue d’ici la fin de l’année, la 5G suscite plus que jamais le débat dans l’hexagone et ailleurs. L’opinion publique est scindée et fait surgir beaucoup d’interrogations autour de plusieurs aspects.
Au terme des enchères, les opérateurs de télécom se sont partagés les fréquences de la cinquième génération de téléphonie mobile. Orange en rafle les plus grandes parts et l’État quant à lui récolte à peu près 2,8 milliards d’Euros.
Au-delà de cet aspect pécuniaire, la 5G est fortement critiquée et son utilité est remise en question. Les optimistes y voient une innovation sans précédent tandis que les plus pessimistes l’assimilent à une catastrophe environnementale et/ou sanitaire.
Les hostilités ont débuté lorsque des ONG et des responsables politiques ont évoqué des risques environnementaux et sanitaires en raison du niveau d’ondes électromagnétiques émises qui auraient un impact sur la santé des utilisateurs.
En effet, selon Stéphane Pannetrat, président-fondateur d’ART-Fi et fabricant français d’appareils de mesure des ondes électromagnétiques, “15% des smartphones testés sont au-dessus du seuil de 2 watts par kilogramme. Et l’on ne connaît pas encore les conséquences des bandes millimétriques sur le corps humain”.
En 2011, l’OMS, de sa part, avait aussi désigné les ondes électromagnétiques comme peut-être cancérogènes pour l’homme mais sans que les recherches n’aient pu conclure à un lien direct.
“Tous les travaux menés jusqu’à maintenant par l’Anses n’ont pas mis en évidence de risque avéré lié à l’exposition aux antennes relais de téléphonie mobile”, rassure pourtant Olivier Merckel, chef de l’unité évaluation des risques liés aux agents physiques de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). L’agence “ne voit pas en quoi les signaux de la 5G seraient fondamentalement différents et plus dangereux que ceux de la 4G”.
Néanmoins, une des problématiques majeures relative à la 5G et suscitée par les écologistes reste la consommation d’énergie. En France, elle représente avec le numérique “le premier poste de consommation électrique au bureau et le second à la maison”, souligne l’Agence de transition écologique du gouvernement (ADEME) dans son rapport de novembre 2019.
Il n’en demeure pas moins que pour l’exécutif la 5G représente une innovation majeure pour la compétitivité de l’hexagone, puisqu’elle a déjà été lancée dans 30 pays.
Les défenseurs de la 5G voient en cette technologie la promesse d’une meilleure efficacité énergétique. Dans son rapport de 2019, l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) note effectivement que le numérique “dispose d’un potentiel de décarbonisation de plusieurs secteurs d’activité” comme “l’adaptation intelligente de la thermique des bâtiments ou bien encore la détection et la mesure des pertes sur les réseaux d’énergie”.
Ceci dit, son point fort le plus évident consiste en ses débits rapides (10 fois supérieur à la 4G). La 5G est même assimilée à une fibre optique sans fil et permettra, en définitive, une meilleure expérience de navigation surtout en connectant des objets qui ne pouvaient pas l’être jusqu’à présent.
En France ou ailleurs, l’ampleur de la 5G se manifeste dans la rivalité et la compétitivité qu’elle engendre entre les entreprises de télécommunication et les grandes puissances à l’affût des innovations. L’enjeu est de taille et c’est pour cela que les interrogations fusent et une réflexion inclusive et globale est plus que jamais nécessaire.