New Delhi-Par Driss HACHIMI ALAOUI

 

“La meilleure nouvelle de la semaine !”, c’est ainsi que l’acteur indien Abhishek Bachchan a choisi de commenter l’annonce de la réouverture des salles de cinéma en Inde, prévue à compter du 15 octobre.
Ce tweet reflète bel et bien un souci qui taraude depuis des mois une nation cinéphile par excellence, alors que les dernières directives de déconfinement dans le pays viennent assouplir les restrictions imposées depuis mars dernier afin de juguler la pandémie.
La nouvelle annonce se veut un soulagement pour l’industrie du 7e art indien qui a dû recourir aux services de streaming pour sortir des films au cours des six derniers mois. Des films à gros budget tels que Gulabo Sitabo, Shakuntala Devi, Dil Bechara ou encore Sadak 2 devaient tous être diffusés sur des services de streaming numérique.
En revanche, de grandes œuvres comme Sooryavanshi et 83 sont prêtes à sortir depuis un certain temps, mais il semble que leurs producteurs attendent la réouverture des salles pour projeter leurs œuvres cinématographiques sur grand écran.
“Nous nous engageons à garantir une expérience cinématographique sûre, sécurisée et hygiénique pour les cinéphiles de notre pays, comme toujours, nous continuerons d’accorder la priorité à la santé et au bien-être de nos clients et employés”, assure par ailleurs l’Association Multiplex de l’Inde, qui a noté que le secteur de projection de films a accusé une perte mensuelle de plus de 1,2 milliard de dollars au cours des six derniers mois.
“Le secteur a tant perdu. Il est le premier à être fermé et il sera le dernier à rouvrir, déplore le groupe indien d’opérateurs de cinéma.
Alors que les salles de projection ont eu l’aval des autorités pour reprendre leurs activités, les tournages, eux, même s’ils étaient autorisés depuis juin dernier, ont toujours du mal à redémarrer et exécuter les grandes productions d’avant Covid-19.
En fait, les scènes de combat du héros invincible face à des dizaines de bandits et les longues chorégraphies musicales et dansantes sont interdites en ces temps de Covid-19 pour des raisons sanitaires. De ce fait, l’absence de ces deux séquences quasi indispensables dans l’industrie bollywoodienne, risque non seulement de faire perdre le charme du cinéma indien mais également l’enthousiasme des producteurs.
De telles perspectives sombres menacent, même après une éventuelle levée totale des restrictions, les recettes du box-office qui représentent 60% des bénéfices de l’industrie, incitant les producteurs à mettre à côté les films à gros budgets et les tournages extravagants dans des lieux étrangers.
“La production traverse une période difficile”», estime Jehil Thakkar, associé du cabinet comptable Deloitte India. “Même après la levé totale du confinement, je m’attendrais à ce que beaucoup de gens évitent les endroits bondés”.
En effet, plusieurs maisons de productions ont été contraintes de reporter la réalisation des œuvres à gros budget au prochain exercice pour manque de liquidités.
Une crise de liquidité à laquelle le gouvernement Modi a essayé de faire face en annonçant en mai dernier un méga-plan de 266 milliards de dollars visant à mener à bon port l’économie nationale et soutenir les entreprises nationales dont celles de la production cinématographique.
Selon des spécialistes, les salles de cinéma devraient subir une baisse de plus de 50% du nombre de visiteurs, des ventes de billets, des revenus publicitaires et des ventes d’aliments et de boissons au cours de l’exercice 2020-2021.
Bien au-delà d’une danse chatoyante, d’une saga d’amour ou d’une histoire rythmée d’actions et de bravoure, Bollywood en dit long sur l’histoire millénaire, la culture caléidoscopique et le quotidien effervescent des Indiens.
Le 15 octobre, date d’ouverture des salles de cinéma mais aussi une date où l’on saura qui viendra à bout de l’autre : la férocité de Covid-19 qui fait encore des ravages au pays de 1,3 milliard d’habitants ou cet enthousiasme si particulier des spectateurs indiens qui fait d’eux un public unique.