marche verte 2025

La confiance, l’interopérabilité et l’audace constituent les leviers essentiels pour permettre à l’Afrique d’asseoir sa souveraineté financière et de transformer son capital en véritable moteur de puissance économique, a affirmé, lundi à Casablanca, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah.

Intervenant à l’ouverture du 5ème Africa Financial Summit (AFIS), Fettah a insisté sur la confiance entre Etats, régulateurs et investisseurs, laquelle repose sur des règles lisibles, des marchés profonds et une gouvernance stable.

Elle a également jugé important de connecter les systèmes, d’harmoniser les régulations pour fluidifier les capitaux, ainsi que de concevoir des outils africains pour l’Afrique (fonds d’infrastructures, obligations vertes, titrisations régionales).

« Nous disposons du capital, mais il ne circule pas suffisamment. Nous devons bâtir une finance africaine mieux intégrée, capable de mobiliser ces ressources au service de la transformation. Nos ressources propres, notre épargne, nos banques, nos fintechs et nos assurances détiennent les clés du futur », a recommandé Fettah, relevant que ces instruments restent trop souvent fragmentés, inégaux, cloisonnés.

À cet égard, elle a noté que des initiatives prometteuses, appelées à être amplifiées et soutenues existent pour fluidifier la circulation financière, citant, entre autres, le système panafricain de paiement (PAPSS – Pan-African Payment and Settlement System), déjà opérationnel dans 16 pays, qui permet des paiements en monnaies locales et pourrait économiser 5 milliards de dollars US par an en frais de conversion.

La ministre a aussi mis en avant le projet de marché financier intégré (AELP – African Exchanges Linkage Project) qui relie désormais sept bourses africaines et favorise l’investissement croisé des marchés de capitaux, et les fintechs africaines qui pèsent près de 40 milliards dollars US de revenus projetés en 2025, accélèrent l’inclusion financière.

Et de soutenir : « L’Afrique ne cherche pas à s’isoler du monde. Elle ne veut ni ériger des murs, ni se couper des échanges, mais reprendre la main sur son destin économique. Elle veut pouvoir choisir ses partenariats, peser sur les règles du jeu mondial et orienter ses priorités en fonction de ses propres besoins, et non plus selon les cycles ou les contraintes dictés d’ailleurs ».

Cette ambition ne se concrétisera pas par des slogans, mais par la mise en place d’outils concrets, capables de soutenir le développement tout en réduisant la dépendance, a fait remarquer Fettah.

Elle a aussi souligné la nécessité de pools d’assurance régionaux afin que les économies africaines puissent faire face aux chocs (climatiques, cybernétiques, logistiques) auxquels sont exposées de plus en plus fréquents.

De même, l’émission d’obligations de développement durable africaines, adossées aux projets d’énergie, d’eau, d’éducation et d’infrastructure, doit devenir un instrument majeur de souveraineté, a estimé la ministre, jugeant primordial de franchir un cap et de démontrer que la finance durable africaine n’est pas une niche, mais une opportunité globale.

Le Maroc, pour sa part, continuera à y contribuer activement, de par son expérience des partenariats public-privé, sa capacité à mobiliser des institutions publiques et privées autour de projets structurants, et un engagement constant en faveur de la solidarité africaine, a fait savoir Fettah.

Et de conclure : « L’Afrique n’a pas besoin d’être sauvée. Elle doit simplement mobiliser sa propre force — celle de ses institutions, de ses femmes, de ses hommes, de ses jeunes, et de son épargne ».

Organisé jusqu’au 04 novembre par Jeune Afrique Media Group, en partenariat avec International Finance Corporation (IFC – Société financière internationale) et avec le soutien des grandes institutions financières marocaines et africaines, l’AFIS se veut une plateforme de partage d’idées et de réflexion stratégique par excellence.

Ce sommet, qui réunit cette année 1.250 leaders de l’écosystème financier, dont des représentants du secteur privé, des banquiers, des assureurs, des innovateurs fintech et des spécialistes des marchés de capitaux, aux côtés de décideurs publics et de régulateurs du continent et du monde entier, s’appuie sur six piliers qui explorent les principales tendances de la finance africaine.

Il s’agit des « défis économiques mondiaux et de stabilité », des « perspectives de la banque commerciale », des « marchés des capitaux et la gestion d’actifs », de « la finance à impact et la durabilité », de « l’expansion de l’assurance » et des « fintech et la finance numérique ».