Le nord du Royaume est associé à une tradition équestre qui ne manque pas d’originalité. Le village Znyed, de la commune de Larbaa Ayacha, province de Larache a abrité, les 18 et 19 mai 2024, le Festival international d’équitation de Mata.

Placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, ce rendez-vous célèbre une tradition culturelle ancestrale inscrite dans la liste du patrimoine de l’ISESCO.

Lors de la cérémonie d’ouverture, M. Nabil Baraka, président du festival international d’équitation Mata a souligné que cette consécration internationale s’est concrétisée grâce au grand intérêt porté par SM le Roi au patrimoine immatériel national, en rappelant des passages du message Royal adressé aux participants à la 17e session du Comité intergouvernemental de L’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Dans ce message, le Souverain rappelle que « la culture n’est pas seulement l’expression d’un génie créateur. Elle est aussi le reflet des dynamiques civilisationnelles qui l’ont vue naître. Elle est, plus encore, une nécessité vitale de notre quotidien. Viatique pour l’âme et l’esprit, la culture tend une passerelle entre le passé et le présent et permet d’arrimer les individus à leur environnement social »

Pour sa part, Mme Nabila Baraka, présidente de l’Association « Alamia Laaroussia pour l’action sociale et culturelle » , n’a pas manqué de rappeler que le festival Mata tient lieu dans un contexte caractérisé par le grand et riche débat autour de la réforme de la « Moudawana » (Code de la famille) qui consacre le rôle de la femme marocaine qui était et restera active au sein de la société; en soulignant l’apport central des femmes dans les tribus Jebela dans la célébration de cet héritage marocain ancestral.

Particularité de cette édition, une programmation riche en compétitions et performances de chevaux et cavaliers Mata, en plus de l’organisation d’une conférence internationale sous le thème « Mata, espace d’échange culturel de l’humanité », animée par des chercheurs de divers organismes internationaux et nationaux, pour célébrer un héritage devenu un vecteur de dialogue entre les cultures et les civilisations à travers le monde.

Ce festival équestre international a, d’autre part, été marqué par des spectacles de l’art populaire traditionnel Taktouka Jabalia et de la danse Hassada, un ballet célébrant la fin des moissons, ainsi que par l’inauguration d’une exposition des produits de l’artisanat et du terroir, en plus d’un défilé des équipes participant à la compétition.

Autre spécificité de cette manifestation culturelle, les invités et le public des grands jours ont assisté a une tradition jalousement préservée par les tribus de Bni Arous et les règles du jeu scrupuleusement respectées. Après le criblage des champs de blé, au village Znyed, puis dans d’autres, de jeunes filles et femmes de la tribu accompagnent les cavaliers de leurs chants, de leurs youyous et de leurs fameux « âyouâ  » au son des ghaitas et des tambours spécifiques a la région. Ce sont ces mêmes femmes qui fabriquent, à l’aide de roseaux et de tissus, la poupée que vont se disputer les plus braves cavaliers du pays Jebala, région où l’art de monter les chevaux, de les élever et de les dresser est une forte spécificité culturelle. Les cavaliers qui participent au jeu “Mata” doivent monter à cru, habillés de jellabas et de turbans ancestraux. Selon la tradition orale, le vainqueur du jeu “Mata” est celui qui, usant de son adresse et de sa hardiesse, saura arracher la poupée aux autres cavaliers et l’emporter au loin.

A noter que la cérémonie d’ouverture s’est illustrée par la présence de personnalités éminentes, notamment la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar, le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Younes Tazi, le gouverneur de la province de Larache, Bouassam El Alamine, ainsi que des représentants de délégations diplomatiques à Rabat.

Le festival a connu, par ailleurs, la participation de délégations représentant plusieurs pays, tels que l’Espagne, la France, la Belgique, la Chine, ainsi que certains pays africains qui ont pris part à l’événement «Tente Mata pour le dialogue des cultures et des civilisations».
Pour rappel, le Festival international d’équitation de Mata célèbre une culture ancestrale bien ancrée et par laquelle s‘expriment le sens de l’honneur réhabilité, la foi enracinée, le patriotisme comme école soufie et les valeurs spirituelles et universelles. C’est tout l’héritage humaniste légué par le grand Qotb Moulay Abdeslam Ibn Machich aux Chorfas Alamiyines, à la Tarika Machichiya Chadhiliya et aux habitants de cette partie du territoire national, très attachée à l’identité marocaine, riche et plurielle.