Le Forum international Avenir Territoires (FIATERR) consacre la vision et l’engagement constant du Maroc en faveur de l’Afrique, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a souligné, mardi à Rabat, la présidente de l’Association des Régions du Maroc (ARM), Mbarka Bouaida.
En s’inscrivant dans cet esprit, ce forum se veut un espace pour stimuler la réflexion entre acteurs locaux africains, une agora pour générer l’intelligence collective de la matière grise africaine et un moment de partage d’expériences sur la gouvernance financière des stratégies territoriales au niveau du continent africain, a relevé Mme Bouaida à l’ouverture de la deuxième édition du FIATERR, tenue sous le signe « Le financement du développement territorial ».
Outre sa portée stratégique, la question du financement des stratégies de développement territorial (SDT) reste le principal défi ressenti pour permettre aux collectivités territoriales d’exercer effectivement leurs compétences et se positionner en tant qu’acteur prééminent dans le développement régional, a-t-elle indiqué
Eu égard à l’ampleur de nombreuses contraintes, devenues structurelles, il n’en demeure pas moins que le croisement des finances publiques et des finances privées est aujourd’hui admis, a fait observer Mme Bouaida, notant que la région peut tisser des relations avec le secteur privé pour le co-financement de services publics locaux, notamment les équipements collectifs.
Dans ce sens, elle a évoqué les partenariats publics-privés, la formule de l’économie mixte, les délégations de services publics, les co-financements locaux et les apports de la coopération décentralisée, appelant à explorer davantage les instruments qu’offre le marché des capitaux, à travers notamment l’optimisation du potentiel d’endettement, le recours à l’emprunt en devises et le financement via le marché obligataire.
De son côté, le Wali Secrétaire Général du ministère de l’Intérieur et directeur général des collectivités territoriales, Mohamed Faouzi, a souligné que le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, accorde une importance particulière à la coopération Sud-Sud et place l’Afrique au cœur des priorités de sa politique étrangère.
Dans une allocution lue en son nom par le représentant de la Direction générale des collectivités territoriales au sein du ministère de l’intérieur, Abdelouahab El Jabri, il a relevé que Sa Majesté le Roi a toujours plaidé pour un développement autonome de l’Afrique « à visage humain », axé sur la mobilisation collective des pays africains pour réussir le pari de l’unité et asseoir le leadership de l’Afrique.
Le financement du développement local africain appelle au renforcement des relations financières État-Collectivités territoriales via des mécanismes qui prônent une péréquation efficiente afin d’atténuer les inégalités liées à la concentration de la richesse, à l’inégal développement des territoires et aux disparités géographiques et démographiques entre les territoires, a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le président du FIATERR, Aliou Sall, a indiqué que les collectivités territoriales sont souvent confrontées à des difficultés financières qui entravent leur capacité à remplir leur mission, expliquant que les ressources dont elles disposent demeurent insuffisantes face à l’immensité des besoins d’investissements, tandis que les mécanismes de financement actuels ne sont pas toujours adaptés à leurs besoins spécifiques.
Il est donc primordial de réfléchir ensemble à des solutions innovantes et durables pour garantir un financement adéquat des collectivités territoriales, a-t-il insisté, notant que cet évènement permettra de discuter et d’échanger sur les bonnes pratiques mises en place dans différents pays, d’identifier les obstacles qui freinent le financement des collectivités territoriales et de proposer des pistes de réflexion pour les surmonter.
Le secrétaire général de CGLU-Afrique, Jean Pierre Elong Mbassi a, quant à lui, salué l’organisation de ce Forum d’envergure qui place l’accès des collectivités territoriales aux financements (publics, privés, nationaux, internationaux…) au centre de son action, notant que le financement du développement territorial permettra de répondre de manière efficace aux besoins des populations locales.
A cette occasion, il a appelé à l’adoption des stratégies de financement relatives au développement territorial favorisant l’autonomie des collectivités territoriales et renforçant la solidarité et la collaboration entre différents acteurs.
S’agissant de Oumar Ba, représentant de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et président de l’Association des maires du Sénégal (AMS), il a souligné que le forum réunit les principaux acteurs impliqués dans les problématiques de développement économique et social des territoires pour débattre des enjeux et proposer des solutions réalistes pour les nombreux défis auxquels les collectivités territoriales africaines sont confrontées.
L’UEMOA attache une importance particulière à la décentralisation financière et à la question d’intégration pour que les collectivités territoriales puissent jouer pleinement leurs rôles, a-t-il dit, notant que la gouvernance financière est un pilier de décentralisation et de développement local.
Pour Adama Diouf, ministre conseiller à la présidence de la République du Sénégal, il a salué l’organisation de cet évènement qui vient conforter la coopération Sud-Sud, relevant que cette rencontre constitue un espace de coopération et d’échange d’expériences et de partage de connaissances en matière de financement du développement territorial.
Il a aussi mis en avant la pertinence et l’importance du financement du développement territorial, la réforme des finances locales, les financements verts et le Partenariat public-privé.
A l’issue de la séance d’ouverture, deux conventions de partenariat stratégique ont été conclues: la première entre l’Association des Régions du Maroc (ARM) et l’Association des Départements du Sénégal (ADS) et la seconde entre l’ARM et l’Association des Régions du Burkina Faso (ARBF).
Organisé à l’initiative de l’ARM et de l’Université africaine des Sciences et Techniques (EMIA) – Sénégal, ce Forum se veut une plateforme de réflexion et d’échange, agissant comme un catalyseur d’initiatives pour les collectivités territoriales, en rassemblant divers acteurs impliqués dans le développement territorial autour de sujets spécifiques et en lien avec les enjeux de la décentralisation, tant en Afrique qu’ailleurs.
Durant ce conclave, des experts internationaux présenteront des études de cas et des exemples des meilleures pratiques en matière de financement des communautés africaines et débattront des mécanismes de financement, de la collecte des impôts locaux, de la coopération décentralisée et des réformes nécessaires, pour relever les défis.