Kigali – le12
L’année 2020 sera, sans doute, une année de triste record touristique au niveau mondial, particulièrement pour un pays où le tourisme occupe une place prédominante dans l’économie comme le Rwanda, qui a fait de ce secteur clé son principal pourvoyeur de devises devant le café et le thé.
Alors que le tourisme avait rapporté environ 500 millions USD au pays des Mille collines l’an passé, cette année, la pandémie du coronavirus l’a déjà privé de près de 50 USD, selon les chiffres de l’Office rwandais de développement. Pour garder l’intérêt des touristes potentiels, le Rwanda s’est vu obligé de développer des alternatives aux offres classiques.
Les autorités comme les entreprises et professionnels du secteur ont fait la démonstration de leur esprit d’innovation en misant sur le digital et le durable afin de contrer les perturbations provoquées par la crise sanitaire et préserver des avantages commerciaux dans un secteur où la demande est exceptionnellement basse.
Le tourisme digital ou le E-tourisme est d’ores et déjà devenu une réalité qui s’intègre de plus en plus dans la stratégie marketing des acteurs du tourisme afin de s’adapter avec la nouvelle situation et surtout garder une longueur d’avance sur la concurrence.
Kigali 360 et Thousand Hills Africa sont parmi les entreprises rwandaises qui ont opté pour le numérique pour relancer leurs activités touristiques. Elles proposent à leurs clients des vidéos de Réalité Virtuelle (VR) qui plongent le téléspectateur à l’intérieur des magnifiques aires protégées et parcs nationaux du pays, qui représentent la pierre angulaire du tourisme au Rwanda.
Pour encourager ces solutions innovantes, le gouvernement a injecté 50 millions de dollars dans des initiatives touristiques axées sur les nouvelles technologies en vue d’accélérer la relance touristique post-coronavirus.
D’autre part, le pays des Mille collines, par l’intermédiaire de l’Office rwandais de développement, a mis en place des stratégies visant à positionner le Rwanda en tant que destination d’écotourisme haut de gamme, proposant des produits attractifs tournés vers la mère nature et renforçant la conservation de l’environnement et de la faune.
Pour susciter l’intérêt des touristes, les autorités ont réduit de près de 1000 dollars certains frais concernant les visites aux gorilles des montagnes, une espèce menacée indispensable pour l’économie touristique rwandaise. A cela s’ajoutent des forfaits spéciaux visant à attirer plus de visiteurs dans les parcs nationaux.
Selon l’Office rwandais de développement, “le Rwanda vise à devenir la première destination d’écotourisme sur le continent africain et se construit une réputation de destination de luxe, de haute qualité et à faible empreinte”.
L’analyste économique Alexis Nkurunziza estime que le digital et l’écotourisme sont les nouvelles tendances du tourisme et offre de “très belles opportunités” pour les professionnels et les petits acteurs, notamment en ces temps de crise sanitaire.
“Au Rwanda, l’industrie du tourisme s’adapte pour préserver ses revenus et créer un environnement sûr pour les touristes et les professionnels afin de prospérer en ces temps inédits”, a déclaré à la MAP M. Nkurunziza qui dirige le Centre rwandais des priorités économiques et politiques (CEPP).
Il a également mis l’accent sur l’importance de renouveler et de diversifier l’offre touristique pour fidéliser les touristes, estimant qu’il suffit parfois d’une vidéo ou d’une bonne communication pour faire découvrir des coins méconnus.
Le tourisme constitue la principale source de devises du Rwanda, depuis 10 ans, et contribue pour environ 10% à son PIB. En diversifiant son offre, le Rwanda ambitionne de porter à 800 millions de dollars le niveau de ses revenus touristiques d’ici 2024, soit près du double des performances actuelles du secteur.