Par Driss Lyakoubi
Au Kazakhstan, l’Islam est un modèle de tolérance, de coexistence et d’ouverture. A Astana, à Almaty, mais également dans d’autres villes, des mosquées, des églises, des synagogues, des temples se côtoient où les fidèles y exercent librement leurs cultes. Le visiteur de ce grand pays d’Asie centrale découvre avec émerveillement un héritage culturel construit sur des valeurs de modération, de vivre-ensemble et de compréhension mutuelle.
Terre de brassage culturel et ethnique, creuset de civilisations millénaires, le Kazakhstan est devenu une terre de rencontres et de rendez-vous internationaux où se réunissent des dignitaires et des chefs religieux des quatre coins de la planète. L’organisation, depuis 2003, du Congrès des dirigeants religions mondiales et traditionnelles en est l’illustration parfaite. Ayant débuté avec 17 délégation, la septième édition de ce grand rassemblement des chefs spirituels, qui s’est tenu au mois de septembre 2022, avait accueilli plus d’une centaine de délégations pour discuter sur les moyens à même de promouvoir la paix dans un monde traversé par des crises et des conflits identitaires.
Ayant été sélectionné dans le cadre du concours « Le Kazakhstan à travers les yeux des médias étrangers » organisé par le ministère kazakh des affaires étrangères et d’autres partenaires, j’ai eu le privilège de suivre de près les travaux de cette septième édition qui a traité de la thématique du « Développement socio-spirituel de l’humanité dans la période post-pandémique ». Présidé par le Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, en présence du Pape François, plus de 80 chefs religieux et une centaine de délégués de la plupart des pays du monde y ont pris part. Le Royaume du Maroc a été représenté par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. Investir le dialogue interreligieux au service de l’humanité et sceller la tolérance pour contrer l’extrémisme, tels étaient les principaux objectifs de cet évènement mondial spirituel.
A cet égard en matière religieuse, le Maroc et le Kazakhstan prônent et œuvrent à la promotion, au niveau mondial, d’un Islam de modération et du juste milieu. Il y a une année, jour pour jour, le ministère des Habous et des Affaires islamiques et la Direction spirituelle des musulmans du Kazakhstan ont signé, à Rabat un accord de coopération islamique pour l’échang d’expertises dans divers aspects liés au domaine religieux.
Signé par le ministre des Habous et des Affaires Islamiques, Ahmed Toufiq, et le président de la Direction spirituelle des musulmans du Kazakhstan, le grand mufti de la République du Kazakhstan, Nauryzbai Haji Taganuly, cet accord concerne, entre autres, l’échange d’invitations pour participer aux séminaires et conférences islamiques, ainsi que des informations et des idées pour l’éradication de l’idéologie extrémiste.
Il prévoit également l’échange d’expériences en matière d’organisation du pèlerinage et de sensibilisation des pèlerins des deux pays, le partage d’expertises dans le domaine de la construction des mosquées et de restauration des édifices islamiques.
Il s’agit aussi de l’échange d’expertises en matière de gestion de la chose religieuse, ainsi que l’échange d’étudiants, d’oulémas et de récitateurs.
Haji Taganuly avait qualifié la cérémonie de signature de l’accord de « moment historique » qui est de nature, souligne-t-il, à renforcer davantage les relations entre le Maroc et le Kazakhstan dans tous les domaines, notamment religieux, et ce, grâce aux efforts du Président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev et de S.M le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine.
A noter, par ailleurs, le rôle actif de la République du Kazakhstan en tant que membre l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) et ses efforts pour soutenir les activités de celle-ci et promouvoir l’action islamique commune à travers diverses initiatives. On peut souligner, à cet effet, ses efforts inlassables pour la promotion de la paix et la sécurité dans les pays de la région et du monde, et la protection des intérêts de l’OCI et de ses Etats membres.
Le Kazakhstan joue, par ailleurs, un rôle de premier plan au niveau de l’OCI. Il a été à l’origine de la création de l’Organisation Islamique pour la Sécurité Alimentaire (OISA) qui a pour missions d’apporter une expertise et un savoir-faire technique aux Etats membres sur les différents aspects de l’agriculture durable, du développement rural, de la sécurité alimentaire et des biotechnologies, y compris le règlement des problèmes dus à la désertification, à la déforestation, à l’érosion et à la salinité, et garantir les réseaux de couverture sociale; d’évaluer et surveiller, en coordination avec les Etats membres, la situation de la sécurité alimentaire dans les Etats membres afin de déterminer et de fournir l’aide humanitaire d’urgence nécessaire, y compris la création de réserves pour la sécurité alimentaire; de mobiliser et gérer les ressources financières et agricoles pour le développement de l’agriculture et l’amélioration de la sécurité alimentaire au sein des Etats membres; ainsi que de coordonner, concevoir et mettre en œuvre des politiques agricoles communes, y compris l’échange et le transfert de technologies appropriées et d’un système de gestion publique de l’alimentation.
Le Kazakhstan a, d’autre part, accueilli, la 1ère réunion ministérielle de la plate-forme de dialogue de l’OCI-15, qui s’est tenue à Almaty, les 25 et 26 mai 2023, dans les locaux de l’Université nationale kazakhe Al-Farabi, connue internationalement comme le centre éducatif et scientifique du Kazakhstan. Cet événement a réuni des ministres de la science et de l’éducation et des hauts fonctionnaires des nations les plus avancées de l’OCI dans le domaine de la science, des technologies et des innovations.
La réunion ministérielle à Almaty a examiné et approuvé un certain nombre de documents fondamentaux, conçus pour lancer la plate-forme de dialogue de l’OCI-15, en tant que forums internationaux informels et consultatifs pour renforcer la collaboration intra-OCI dans le domaine de la science et de la technologie. Lesdits documents ont tous été incorporés dans le document final, adopté par la réunion ministérielle et intitulé Règles et règlements d’Almaty de la plate-forme de dialogue de l’OCI-15.
Il est à souligner que le l’Islam est la religion majoritaire au Kazakhstan. Un recensement de 2009 établit que 70% de la population est musulmane. Turkestan en est la capitale spirituelle. Cette cité historique abrite le mausolée de Khoja Ahmed Yassawi , considéré comme un haut lieu de pèlerinage d’Asie centrale. Erigé au XIVème siècle, l’édifice fut, en 2002, le premier site kazakh reconnu par l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’humanité.