Sur fond de grève des pharmaciens, les syndicats du secteur expriment des revendications qui vont dans le sens de la protection de la profession au moment où le gouvernement affiche sa disposition au dialogue.

La Fédération Nationale des Syndicats des Pharmaciens du Maroc, la Confédération des Syndicats des Pharmaciens au Maroc, l’Union Nationale des Pharmaciens du Maroc et le Syndicat National des Pharmaciens du Maroc avaient expliqué, dans un communiqué conjoint, que le débrayage du jeudi 13 avril constitue une réaction face à “la situation économique fragile”, étant donné que “des milliers de pharmacies sont au bord de la faillite”.

La réunion du 6 avril, tenue avec le ministre de la Santé et de la Protection sociale Khalid Ait Taleb, n’a pas dissuadé les syndicats de renoncer à cette grève nationale, bien que le ministre a annoncé une réforme en cours pour accompagner le développement du secteur et la préparation d’une feuille de route d’action commune.

Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, Mustapha Baitas, s’est dit aussi ouvert au dialogue avec les professionnels du secteur.

“Le dialogue se poursuivra et restera ouvert dans la perspective de trouver des propositions et des solutions”, a affirmé, jeudi, M. Baitas, lors d’un point de presse tenu à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement.

Il a ajouté que la réunion entre le ministre de la Santé et les syndicats a été marquée par un “dialogue sérieux et responsable” visant à examiner les différentes questions relatives au secteur de la pharmacie.

Baitas a, par ailleurs, relevé que “l’Exécutif salue le grand travail accompli par les pharmaciens”, en tant que partenaires dans le système de santé national.

Certes, les syndicats sont restés campés sur leur position de maintenir la grève mais ils demeurent ouverts au dialogue pour aboutir à des solutions concrètes en faveur de la protection de la profession de pharmacien.

“Nous attendons la tenue d’autres réunions pour pouvoir satisfaire les revendications des pharmaciens”, a indiqué, de son côté, le président du Syndicat national des pharmaciens du Maroc, Abderrazak Mounfaloti, dans une déclaration à la MAP.

Les revendications portées par les pharmaciens sont d’ordre social et économique et concernent, entre autres, l’impératif de lutter contre “la distribution illégale des médicaments” et “les charlatans” qui sont à l’origine de ce genre de pratiques, dans le but de réglementer la profession et protéger la santé du citoyen, a soutenu M. Mounfaloti.

D’autre part, “nombreux sont les pharmaciens en détresse et qui se trouvent dans une situation très difficile”, a-t-il déploré, notant que les choses dans les officines ont changé et qu’il existe actuellement “des pharmaciens qui gagnent 2000 à 3000 DH par mois”.

Concernant les conditions et les modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés, M. Mounfaloti a invité le gouvernement à consulter les professionnels, précisant que la baisse des prix des médicaments touche directement le pharmacien qui devrait être consulté au préalable avant la prise de décision.

“Nous espérons trouver un terrain d’entente avec tous les ministères qui ont une relation directe avec le pharmacien afin de remédier aux difficultés qui entravent l’exercice de cette profession”, a-t-il souligné.

Mounfaloti a, par ailleurs, fait savoir que la marge bénéficiaire de 57% du pharmacien contenue dans le rapport de la Cour des comptes concerne le prix fabricant hors taxe (PFHT) des médicaments et non le bénéfice net du pharmacien.

“Il s’agit uniquement d’une confusion et nous n’avons aucun problème avec la Cour des comptes qui était claire en parlant du PFHT”, a-t-il assuré, précisant que le pharmacien a un bénéfice de 8% et qu’il paie ses impôts sur la base de cette marge.