Hanae DAKKA
Face aux tracas de la vie et aux difficultés engendrées par la pandémie du coronavirus, la musique est un havre de paix pour l’âme épuisée et une réponse à un besoin pressant de créativité au temps de la crise sanitaire.
La stagnation artistique imposée par la crise du coronavirus a mis en évidence l’importance de la formation musicale dans le façonnement du parcours académique et professionnel de l’artiste, de la préservation de ses droits et de la promotion de son niveau de connaissance et rang social.
De l’avis de Samir Tamim, directeur du Conservatoire national de musique et d’art chorégraphique (CNMAC) de Rabat, la conscience collective quant à l’importante contribution des arts en général et de la musique en particulier à l’avancement des nations et des peuples est fortement ancrée au Maroc.
L’engouement pour les conservatoires du Royaume et la création par le ministère de tutelle de conservatoires dans tout le Royaume en sont la meilleure preuve, a-t-il confié dans un entretien accordé à la MAP.
- Tamim a en outre évoqué la construction du nouveau siège du CNMAC et celui de l’Institut supérieur de la musique et de l’art chorégraphique à Rabat, qui répondent aux normes internationales en matière de conception, d’ingénierie, de fournitures et d’équipement.
Pour ce médaillé de vermeil en violon, la création de l’Institut supérieur de la musique et de l’art chorégraphique saura favoriser de nombreuses transformations positives au niveau des conservatoires, lesquelles favoriseraient l’acquisition par les élèves d’un ensemble de compétences techniques et d’expériences.
Et d’ajouter que le processus de formation au sein du CNMAC de Rabat se déroule dans des conditions relativement bonnes en dépit de l’impact du coronavirus, étant donné que toutes les mesures préventives et sanitaires imposées par la pandémie sont respectées.
Il a relevé, dans ce sens, que la capacité d’accueil du conservatoire, fixée à 12 étudiants au maximum pour une formation en groupe et à un étudiant pour une formation individuelle, est pleinement respectée.
S’agissant des inscriptions, M. Tamim a indiqué que le nombre des inscrits au Conservatoire national est resté stable par rapport à l’année précédente (2.983 contre 3.110), précisant qu’en raison de la capacité d’accueil limitée du conservatoire, il a été décidé de prodiguer des cours exceptionnellement le samedi.
Le responsable a également souligné que l’institut compte près de 2.000 étudiants chaque année et que ces derniers sont formés par 96 professeurs dans 26 matières liées principalement à la musique, à la chorégraphie et au chant.
Les examens se sont déroulés dans de bonnes conditions grâce au plein respect de toutes les mesures préventives, s’est-il félicité, ajoutant que les examens nationaux de certification, organisés par le CNMAC, ont été marqués par un ensemble de mesures exceptionnelles visant à garantir leur déroulement dans des conditions idoines.
A un moment où la scène artistique connaît une stagnation sans précédent, le conservatoire a maintenu toutes les activités techniques, en prenant les précautions nécessaires, et a présenté la plupart de ses performances via les réseaux sociaux et le site web du ministère de tutelle, garantissant ainsi la continuité de ses activités, améliorant la qualité des prestations et encourageant la créativité et les jeunes, a-t-il dit.
Aux yeux de Mohamed Chabab, professeur au conservatoire national de musique, la formation artistique académique est une référence indispensable dans l’avancement du champ musical car elle “s’intéresse à l’Homme, aux mœurs et aux valeurs”.
“Avant de former l’artiste, il est nécessaire d’éduquer les jeunes et le public à l’esthétique de l’art et cela ne peut se faire qu’à travers la généralisation de l’éducation artistique en tant que complément culturel et spirituel de base au sein des différents établissements d’enseignement public au Maroc”, assure ce pianiste lauréat du prix spécial du jury au concours international de composition musicale en Bulgarie (2015).
“A eux seuls, les conservatoires ne peuvent combler ce vide en raison du nombre limité des cadres et de leur capacité d’accueil”, a-t-il relevé.
Revenant sur l’importance de la formation musicale, M. Chabab a estimé que ceux qui ont façonné l’histoire de la musique, comme Bach, Beethoven et Chopin, n’auraient pas été capables de léguer leur génie artistique à l’humanité s’ils n’avaient pas consacré autant d’années à l’apprentissage des sciences de la musique.
Ne cachant pas son optimisme au sujet de l’avenir de la musique au Maroc, le compositeur a plaidé pour la mise en œuvre d’un projet national de développement culturel et artistique, en partenariat avec les médias, pour égayer l’appétit des jeunes pour la créativité artistique, à travers des initiatives artistiques parrainées par des institutions musicales et des spécialistes.
Cela permettrait, selon lui, de prospecter des talents à l’image de la richesse historique et patrimoniale du Royaume.