Casablanca –le12
Dans le giron des pièces amazigh produites au cours des dernières années, des expériences théâtrales ont émergé du lot pour consacrer le rayonnement et la splendeur de cette expression artistique, en puisant dans le large répertoire des techniques dramatiques et en observant les règles les plus rigoureuses dans le domaine de production et de réalisation d’une œuvre dramatique.
Si ces expériences, qui constituent un apport qualitatif dans le domaine du quatrième art, se sont imposées sur la scène nationale, c’est justement parce que les artistes, les réalisateurs et les techniciens ont une vision claire concernant cet enchevêtrement entre l’art et la donne identitaire, ce qui a assuré à l’expérience théâtrale amazighe, riche par sa diversité, une large diffusion auprès d’un public désireux d’étreindre de nouvelles tendances.
De la production en passant par la mise en scène jusqu’à la présentation au public, le théâtre marocain amazigh a accumulé, au fil du temps, un capital indéniable en termes de créativité et d’innovation, venant enrichir la production dramatique et culturelle nationale.
La trajectoire de cette expérience théâtrale, qui fait partie des efforts de valorisation des différents affluents de l’identité nationale, rappelle l’importance de porter davantage d’intérêt à la culture amazighe dans son ensemble, a considéré dans une déclaration à la MAP Mohammed Laaziz, écrivain et chercheur en théâtre et auteur du livre “Etudes sur le théâtre marocain amazigh” publié récemment dans les éditions de l’Institut royal de la culture amazighe.
M. Laaziz, qui est également l’auteur de l’ouvrage “Lecture dans le texte théâtral” publié en 2011, estime que cet intérêt se manifeste généralement dans le cadre de ce mouvement appelé par certains observateurs “l’éveil amazigh”, en référence à l’intérêt croissant pour cet affluent identitaire national, qui cristallise un nombre grandissants de recherches et d’études pour mieux appréhender ses expressions culturelles et artistiques.
En capitalisant sur sa lecture de plusieurs œuvres théâtrales amazighes modernes, M. Laaziz a fait observer que l’évaluation de l’expérience théâtrale amazighe, malgré sa nouveauté et quelles que soient ses particularités par rapport aux autres expériences marocaines, est encore prématurée et nécessite plus de temps pour que ce théâtre fortifie solidement ses fondements, mette en place ses propres règles et que ses spécificités deviennent plus claires et plus fortes.
Cela n’empêche, cependant, de déceler certains aspects de ces spécificités qui ont été enracinées depuis la création de ce théâtre, il y a trois décennies.
La caractéristique la plus importante de cette particularité, dit-il, est la langue amazighe elle-même qui ne signifie rien d’autre que la présence humaine qui porte cette langue, rappelant qu’en dépit des milliers d’années et des mutations d’une longue histoire des Amazighs, les populations de cette communauté existent de l’ouest de l’Egypte à l’océan Atlantique et de la Méditerranée au sud du Niger, une zone géographique qui comprend environ douze pays africains dans lesquels vivent des populations d’expression amazighe et dont les pratiques théâtrales diffèrent et qui ont besoin d’une lecture à même d’assurer son développement et sa grandeur.
Concernant l’ouvrage “Etudes sur le théâtre marocain amazigh”, qui vient d’être publié, M. Laaziz a rappelé qu’il comprend des articles consacrés à l’histoire amazighe avec pour objectifs de jeter la lumière sur les spécificités de la culture artistique amazighe depuis l’Antiquité, en passant par les époques grecque et romaine et les impacts des frictions culturelles avec d’autres civilisations voisines notamment la civilisation pharaonique.
Et d’insister que l’ouvrage est un appel sans ambages à l’adresse des chercheurs marocains en vue d’accorder plus d’attention à la recherche dans l’histoire amazighe, le but étant de découvrir ses trésors enfouis dont le citoyen marocain a besoin de connaitre les spécificités et de faire la lumière sur la valeur de cette civilisation, qui n’a rien à envier à toutes les civilisations ayant vécu sur les territoires d’Afrique du Nord qui s’étendent de l’ouest de l’Egypte aux îles Canaries et de la Méditerranée au Burkina Faso au sud.
C’est à partir de là, dit-il, que l’ouvrage a essayé de creuser dans la mémoire historique en quête d’arts du spectacle et des vestiges pouvant être trouvés sur le plan architectural et documentaire, en faisant allusion à ces spectacles toujours vivants dans différentes régions du Maroc du nord rifain au sud du Souss en passant par les montagnes de l’Atlas, ses plateaux et ses villes.