Rabat – le12
A l’heure où la crise mondiale du Covid-19 frappe des pans entiers des sociétés de la planète, le Conseil Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) veille au suivi de la situation des Marocains du monde afin d’apporter des solutions aux problématiques qu’ils rencontrent.
A l’occasion de la Journée nationale du migrant (10 août), le secrétaire général du CCME Abdellah Boussouf revient, dans un entretien accordé à la MAP, sur la situation des MRE dans ces circonstances exceptionnelles liées à la pandémie de coronavirus.
1- Dans un contexte de propagation de la pandémie de Covid-19, comment trouvez-vous les conditions de vie des MRE dans leurs pays d’accueil ?
Les Marocains du monde deviennent une composante à part entière des sociétés d’accueil avec une forte présence migratoire. Ils subissent les mêmes conditions que les autres composantes de la société avec quelques différences inhérentes aux caractéristiques de chaque pays.
Dans la conjoncture actuelle, les MRE ont confirmé leur intégration totale dans leurs sociétés de résidence tout en exprimant un fort attachement à leur pays d’origine. Ils ont fait preuve de leur engagement citoyen auprès de leurs concitoyens des pays d’accueil dans l’application du confinement sanitaire et le respect de l’état d’urgence décrété dans plusieurs pays.
Aucun dépassement n’a été enregistré parmi les rangs des immigrés marocains, ni aucun acte ou comportement portant atteinte à la santé publique des pays où ils vivent.
Cet engagement citoyen s’est manifesté également dans l’implication des associations d’immigrés marocains dans des actions bénévoles, notamment le soutien et les services rendus aux catégories vulnérables issues de plusieurs nationalités au sein des sociétés d’accueil, et qui ont subi les graves conséquences de cette pandémie pendant le confinement.
D’autre part, la communauté marocaine s’est montrée disponible à offrir son aide à son pays d’origine, non seulement dans un cadre proprement familial mais aussi par la cotisation de plusieurs Marocains du monde dans le Fonds de la gestion de la pandémie créé en exécution des directives de SM le Roi Mohammed VI.
Il est aussi important de saluer l’engagement et le sacrifice de la communauté marocaine à l’étranger vis-à-vis des citoyens marocains bloqués dans différents pays du monde après la fermeture des frontières. Ils ont prouvé que la générosité et la solidarité sont des valeurs ancrées dans l’identité marocaine. Cependant, cette période de confinement a démontré une certaine fragilité au sein de la communauté marocaine à l’étranger. Le nombre de décès dus au Coronavirus au sein de l’émigration marocaine a atteint 500 personnes pour une population d’environ 5 millions de personnes.
Ce chiffre reste très élevé comparé au nombre de décès au Maroc qui ne dépasse pas les 449 personnes pour une population de près de 36 millions. Cette vulnérabilité est peut-être due à la situation socioéconomique et sanitaire d’une catégorie des Marocains du monde dans les pays de résidence.
Enfin, il ne faut pas oublier la dimension psychologique de la crise sanitaire. L’impossibilité du rapatriement des dépouilles des MRE pour inhumation a suscité une tristesse profonde chez les familles des défunts. La pandémie a ainsi dévoilé la problématique de la rareté des carrés destinés à l’enterrement selon les rites musulmans dans plusieurs pays européens.
2- Quel est l’impact de la crise sanitaire de Covid-19 sur les transferts d’argent des MRE ?
Le confinement sanitaire a eu pour effet de causer l’arrêt des activités économiques et industrielles. Une situation qui a eu un impact considérable sur une grande partie de la communauté marocaine, notamment pour ceux qui travaillent dans les secteurs de l’immobilier et du tourisme. La gestion de la crise se fait selon des approches singulières propres à chaque pays et dans un cadre global pour toutes les catégories touchées.
La période du confinement et ses répercussions sur la situation économique et sociale des MRE touche considérablement l’économie marocaine. Le déclin des transferts financiers a été remarquable lors des cinq premiers mois de l’année : les transferts de fonds baissent de 12,4% à 22,67 milliards de DH, selon l’Office des changes.
Le même constat a été relevé par la Banque Mondiale, qui prévoit une baisse historique des transferts de fonds des migrants d’environ 20 % en 2020. Une réalité qui aura sûrement un impact négatif sur les recettes budgétaires nationales notamment en termes de réserve de devises et sur la consommation des foyers dépendants des transferts de leurs proches.
3- Quel est le rôle du CCME dans ces circonstances ?
Institution nationale consultative et de prospective placée auprès de SM le Roi Mohammed VI, le CCME a suivi de près la situation des Marocains du monde et les différentes problématiques auxquelles ils sont confrontés afin de pouvoir élaborer des propositions de solutions.
Le CCME a présenté des recommandations et des mesures d’ordre social, administratif, économique et religieux afin de répondre aux différentes problématiques liées à cette situation qui n’a connu aucun précédent.
Conformément à ses compétences constitutionnelles, le conseil a veillé à maintenir les liens culturels et religieux avec les Marocains du Monde. À travers sa plateforme numérique Awacer TV, il a engagé des débats quotidiens avec la participation de plusieurs acteurs de l’émigration marocaine dans tous les domaines, en mettant en avant les contributions de nos compétences marocaines à l’étranger dans cet élan de solidarité en place pour vaincre la pandémie.
La WebTV du CCME a consacré une programmation spéciale dédiée à la communauté marocaine à l’étranger à l’occasion du mois sacré du Ramadan pour répondre à leurs attentes spirituelles, notamment avec le maintien de la fermeture des frontières.
Au total, 300 émissions ont été produites et diffusées avec plus de 80 intervenants résidant dans 18 pays pour participer aux différents panels de discussion et débats.
Le CCME a également publié, en période de confinement sanitaire, une étude en partenariat avec l’institut européen de sondage IPSOS sur la question de la discrimination vu par les jeunes issus de six principaux pays de l’émigration marocaine.
Nous avons choisi de dévoiler ce volet avant de communiquer sur l’intégralité de cette étude inédite sur la jeunesse marocaine en Europe qui va être publiée dans les prochains jours.